4 mai 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Mozambique : Filipe Nyusi, un président fragilisé par les crises et les conflits

En avril dernier, la rébellion jihadiste dans la grande région du Cabo Delgado a fait perdre au pays un important contrat avec Total, mettant encore plus à mal la gouvernance du chef de l’État.

Ce devait être la promesse d’une manne financière à 2 milliards de dollars par an pour les caisses de l’État mozambicain. L’occasion de « prouver que les ressources énergétiques peuvent être une bénédiction, pas une malédiction », déclarait le président Filipe Nyusi lors de son discours d’investiture pour un second mandat le 15 janvier 2020. Ce n’est désormais qu’un mirage. Le 26 avril dernier, le groupe Total suspendait une nouvelle fois son projet de site gazier à Afungi dans le nord du Mozambique. En cause, la menace croissante de la rébellion jihadiste dans cette région du Cabo Delgado depuis 2017.

L’assaut jihadiste du 24 mars dernier contre la ville de Palma a dévoilé les failles du régime de Maputo. Les garanties sécuritaires promises à Total par le gouvernement ont rapidement volé en éclat. Une centaine de jihadistes lourdement armés ont mis en déroute les forces militaires nationales. Un assaut majeur – des dizaines de morts et plus de 45 000 déplacés selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) –, sauf aux yeux de Filipe Nyusi qui n’y voyait pas « la plus grande attaque ».

Des enfants de Palma qui ont fuit l’avancée des jihadistes, dans un camps de déplacés à Pemba, au Mozambique.

DE L’AIDE MATÉRIELLE, OUI, MAIS PAS DE BOTTES ÉTRANGÈRES SUR LE SOL MOZAMBICAIN

Ancien ministre de la Défense (2008-2014), natif du district de Mueda dans le Cabo Delgado, Filipe Nyusi ne veut pas perdre la face. Alors même qu’une partie d’un territoire grand comme deux fois le Benelux échappe au contrôle de son armée. En dépit d’un appel à « une action régionale et internationale urgente » formulée par l’Union africaine après l’attaque de Palma, Filipe Nyusi rejette en bloc une intervention militaire internationale. C’est une question de « souveraineté », répète-t-il. De l’aide matérielle, oui, mais pas de bottes étrangères.

JA

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