18 mai 2024
Paris - France
ECONOMIE

Orange et le ministre des  télécoms à couteaux tirés sur la réforme du mobile money 

Orange Centrafrique est dans la tourmente. Le gouvernement, à l’origine d’une taxe de 1 % sur les transactions numériques, l’accuse d’avoir augmenté ses commissions bancaires sans en avoir obtenu l’autorisation. Le directeur financier de l’opérateur a été interrogé fin avril au ministère de l’intérieur. 

Le dernier week-end d’avril a été pénible pour l’équipe dirigeante d’Orange Centrafrique. Son directeur général, le Franco-Béninois Max Francisco, ainsi que ses directeurs financier et commercial, ont été interdits dimanche de sortir du territoire centrafricain. Alors que le trésorier de l’antenne locale d’Orange, l’Ivoirien Mohammed Bamba, s’apprêtait à prendre le vol Asky prévu samedi pour rentrer à Abidjan, il s’est quant à lui vu confisquer son passeport par la police aux frontières. 

Max Francisco a été interrogé par un chargé de mission du ministère de l’intérieur, vendredi 26 avril. Son audition avait été demandée par le ministre chargé de l’économie numérique et des télécommunications, Justin Gourna-Zacko, au ministre de l’intérieur, Michel Nicaise Nassin, dans un message daté du 17 avril. Il y demandait à ce que le chef d’entreprise soit interrogé sur « ses agissements par rapport à la mise en application des textes de loi et règlements relatifs aux taxes du secteur de l’économie numérique »

Hausse des frais pour les utilisateurs 

Ces différents incidents font suite à la décision prise en 2023 par le gouvernement de mettre en place une taxe de 1 % sur toutes les transactions

financières numériques. Début avril, les autorités avaient rappelé à Orange Centrafrique son obligation d’appliquer cette nouvelle taxe sur le montant des transferts Orange Money. Dans le même temps, l’entreprise en avait profité pour changer le mode de calcul de ses commissions sur les transferts. Les deux mesures combinées ont entraîné une hausse des frais pour les utilisateurs d’Orange Money, population peu bancarisée dont c’est souvent la seule option. 

Pour faire face à la colère des consommateurs, Justin Gourna-Zacko s’est fendu d’un communiqué, début avril, dans lequel il attribue l’entière responsabilité de la hausse des frais à Orange. Sans évoquer une seule fois la taxe de 1 %, le ministre y accuse l’opérateur d’avoir changé sa tarification sans en avoir averti l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep) et indique que « toutes les dispositions pratiques et disciplinaires seront prises ». Alors même que la branche bancaire d’Orange Centrafrique ne dépend pas de l’Arcep mais de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) et que le ministère des télécommunications n’est pas chargé des paiements numériques. 

Jean Moliere. Source / AI

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