La victoire des Éléphants à la Coupe d’Afrique des nations organisée à domicile a dépassé l’aspect sportif. L’implication du chef de l’État dans l’organisation de cette compétition lui vaut un regain de popularité et même les félicitations de l’opposition.
Le nouvel entraîneur des Éléphants, Émerse Faé (à g.), et le capitaine et
attaquant ivoirien, Max–Alain Gradel, se tiennent aux côtés d’Alassane
Ouattara lors de la réception organisée au palais présidentiel, à Abidjan,
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L’euphorie commence tout doucement à retomber en Côte d’Ivoire, quatre jours après la victoire en Coupe d’Afrique des nations (CAN) face au Nigéria. Les Ivoiriens veulent faire durer le plaisir. Sur les écrans de télévision, les images du sacre continental continuent de passer en boucle, tandis que certains supporters n’ont pas quitté leur maillot orange.
MERCIPAPA
ADO POUR LA MEILLEURE
Victoire de la Côte d’Ivoire à la CAN : et soudain, Abidjan s’embrasa
Au lendemain de cette victoire inespérée, décrété jour férié, la parade des Éléphants dans les rues d’Abidjan a provoqué des scènes de liesse, après une nuit de fête aux
sons des vuvuzelas. La Côte d’Ivoire attendait cette
troisième étoile depuis neuf ans.
Primes
Haller, Fofana, Gradel, Aurier… Les nouveaux héros du pays ont été décorés de l’ordre national par le président Alassane Ouattara mardi 13 février, ainsi que leur sélectionneur, Émerse Faé – qui a pris les rênes de l’équipe en cours de compétition après la démission de Jean–Louis Gasset et la cinglante défaite face à la Guinée équatoriale (0-4).
Vainqueur de la CAN, L’Ivoirien Émerse Faé est- il parti pour durer ?
Chaque joueur a reçu une prime de 50 millions de francs CFA (76 000 euros) et une villa d’une valeur identique au cours d’une cérémonie au palais présidentiel en présence du Premier ministre, Robert Beugré Mambé, de l’ensemble du gouvernement et des présidents d’institutions. Rien n’est trop beau pour l’équipe qui a soulevé le trophée de « la plus belle CAN de l’histoire »,
selon l’expression désormais consacrée dans le pays.
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<<< Ivoirien avant tout >>
«La plus belle de l’histoire » ? C’est évidemment difficilement mesurable. C’est en tout cas ce que ressentent une très grande majorité d’Ivoiriens, fiers du bon déroulement de l’événement autant que de cette miraculeuse victoire, l’équipe ayant frôlé l’élimination pendant la phase de poules. Une « CAN de l’hospitalité», sans incident sécuritaire alors qu’un risque terroriste était redouté par les autorités, également saluée à l’étranger.
Les couacs autour de la billetterie semblent, eux aussi, oubliés.
<<< Je voulais dire à nos chers enfants, à nos fils, que vous avez procuré du bonheur à tous les Ivoiriens», a déclaré le chef de l’État lors de son discours au palais présidentiel. << Vous ne savez pas à quel point vous avez réussi à réunir les Ivoiriens en un et un seul peuple […] Désormais, on ne dira plus « je suis de telle ethnie ou de
telle région mais je suis Ivoirien« . Nous sommes avant tout Ivoiriens», a–t–il poursuivi. Son discours, aux accents très politiques, s’est terminé par un appel au peuple pour que << la Côte d’Ivoire continue d’être en paix, en sécurité
et à s’unir >>.
Une CAN << chaque mois >>
Au–delà de l’aspect sportif, Alassane Ouattara semble
profiter – mais pour combien de temps encore? – d’un
effet CAN ». Lui, dont le nom a résonné dans les stades. par << Ado, Ado, Ado!», a ainsi été souvent repris en choeur
les supporters. S’il existait un baromètre de popularité des personnalités politiques ivoiriennes, il est fort à parier que le chef de l’État, très impliqué depuis le lancement de l’organisation de la compétition, gagnerait quelques points, à moins de deux ans d’une présidentielle pour laquelle il n’a pas fait part de ses intentions.
<< C’est la consécration du leardship du président. Cette CAN a révélé que les Ivoiriens appréciaient son travail, sa volonté de les unir et celle de leur redonner leur fierté »,
assure un de ses proches.
En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara candidat en 2025 ?
<< Notre baromètre, ce sont les réseaux sociaux, et les éloges ont été unanimes sur l’organisation de cette CAN. Le président a gagné sur tous les plans, pas seulement sur le plan politique », estime pour sa part un membre du
cabinet de la présidence. Plus de 5,4 millions de tweets ont été générés ces dernières semaines autour de
l’événement, selon le baromètre Afrique connectée. Un carton plein en matière de visibilité. « Nos amis qui nous critiquent tout le temps, les journalistes, étaient tellement gentils pendant cette CAN avec nous que je me suis dit qu’on devrait organiser la CAN chaque mois », a par ailleurs ironisé le chef de l’État, provoquant des rires dans l’assistance.
Union nationale
Dans une vidéo diffusée le soir de la victoire, le nouveau patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, a tenu à féliciter les autorités et le chef de l’État, tandis que, dans un communiqué, le Parti des peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA–CI) de l’ancien président Laurent Gbagbo saluait « un effort collectif et un vibrant esprit de patriotisme». Une forme d’union sacrée inattendue et rare. « L’organisation de la CAN 2023 a été un succès et notre pays a su montrer au monde entier sa capacité à rassembler et à célébrer la fraternité africaine», a de son côté réagi Guillaume Soro
sur X.
La Côte d’Ivoire a massivement investi dans cette CAN.
Les sommes donnent le tournis : quelque 500 milliards de F CFA (environ 760 millions d’euros) dans les
infrastructures sportives sur un total de 900 milliards de F CFA (1,3 milliard d’euros) dépensés. Une somme jugée bien trop excessive par certains, dans un pays où les inégalités sociales sont fortes et où les attentes des populations en matière de lutte contre le chômage, de santé et d’éducation restent élevés. « La CAN était belle.
Maintenant diminuez le prix de l’électricité », commence- t–on à entendre à Abidjan.
JA