Des indicateurs et des perspectives dans le vert pour SGCIRagaillardie par un résultat record en 2023, selon ses dirigeants, de près de 100 milliards de F CFA, Société générale Côte d’Ivoire servira à ses actionnaires un dividende brut par action de 1 719 F CFA, en hausse de 40 % sur un an.
À Abidjan, la poursuite du retrait stratégique d’Afrique du groupe français est désormais sur toutes les lèvres. En coulisses, le sujet alimente les discussions dans les milieux financiers.
BIAO–CI E Ria World
Nadoun Coulibaly – à Abidjan
Alors que Société générale Maroc et ses filiales pourraient entrer dans le giron de l’homme d’affaires marocain
Moulay Hafid Elalamy, le retrait du groupe français va–t- il s’étendre à la Côte d’Ivoire, son deuxième plus gros marché africain? À Abidjan, plusieurs interlocuteurs dans le milieu financier pronostiquent en faveur d’un départ imminent, convaincus que le groupe français suit un mouvement entamé depuis un certain temps.
En effet, début janvier, une source bancaire avait déclaré à nos confrères d’Africa Business+, qu’après les deux précédentes vagues – Congo, Tchad, Mauritanie, Guinée équatoriale puis Burkina Faso et Mozambique –, le groupe songe à céder de nouvelles filiales citant celles du Cameroun, de la Côte d’Ivoire ou encore de Madagascar. <«<Je crois qu’il n’y a pas encore de processus de cession de Société générale Côte d’Ivoire [SGCI]», tempère toutefois un autre banquier ivoirien interrogé.
Pour Yasuko Nakamura, vice–présidente principale crédit chez Moody’s, rien ne dit que le groupe à l’intention de céder l’ensemble de ses activités africaines, qui apportent une bonne diversification à Société générale même si la taille de ce marché est relativement limité (8,5% des revenus globaux) par rapport aux autres activités du groupe.
Une capitalisation boursière supérieure à Coris ou Ecobank
Depuis son arrivée comme DG du groupe Société générale, Slawomir Krupa a lancé une revue du portefeuille de l’activité bancaire à travers le monde pour savoir quel est le positionnement et la place de la banque et si le groupe conserve ou pas certaines activités. <«< Cette revue ne se limite pas aux activités africaines >>, tient toutefois à préciser l’analyste de Moody’s. Et ce, après que BNP Paribas, le groupe BPCE et Crédit agricole se sont massivement désengagés de leurs zones historiques, l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. Pour l’instant, Société générale se contente de refuser de commenter << des rumeurs de marché ».
Sortie d’Afrique de Société générale : les questions qui se posent
En attendant, que vaut vraiment la filiale ivoirienne du groupe français ? Cotée à la bourse régionale d’Abidjan, la capitalisation boursière de l’entité s’élève à plus de 550 milliards de francs CFA. C’est près du double de la valeur de Coris Bank, groupe financier bâti par l’homme d’affaires burkinabè Idrissa Nassa dont la capitalisation représente environ 274 milliards de F CFA. En 2021, Coris Bank s’est hissée à la troisième place des groupes bancaires de la sous–région, selon la commission bancaire de l’Union économique et monétaire ouest–africaine (UEMOA).
Enfin, Société générale Côte d’Ivoire dépasse de loin la filiale ivoirienne d’Ecobank, estimée pour sa part à quelque 374 milliards de F CFA. Ecobank Transnational Incorporated (ETI), le holding bancaire basé à Lomé pèse, quant à lui, environ 343 milliards de F CFA.
Des indicateurs et des perspectives dans le vert pour SGCI
<< Société générale Côte d’Ivoire fait partie des positionnements forts du groupe en Afrique, et est, à notre avis, susceptible d’être conservée », insiste encore notre interlocutrice chez Moody’s. « Le retrait éventuel dépendra sans doute des résultats de l’analyse du rapport entre la rentabilité et les risques du marché ivoirien ainsi que des synergies avec d’autres activités du groupe. >>
Ragaillardie par un résultat record en 2023, selon ses dirigeants, de près de 100 milliards de F CFA, Société générale Côte d’Ivoire servira à ses actionnaires un dividende brut par action de 1 719 F CFA, en hausse de 40 % sur un an. Elle prévoit aussi une augmentation de capital par incorporation des réserves à hauteur de 4,445 milliards de FCFA en vue de se conformer au seuil minimum requis par le régulateur bancaire.
Les banques de l’UEMOA ont entamé le nouvel an, confrontées à une crise inédite de liquidités. Mais le groupe français vante de son côté la solidité du profil de liquidité de sa filiale ivoirienne. « La position de liquidité de SGCI reste très satisfaisante au regard du niveau des dépôts clientèles (2715 milliards de F CFA) qui financent largement les prêts (2395 milliards de FCFA) avec un ratio prêts/dépôts de 88%. Par ailleurs, les ratios de liquidité court terme et le ratio de transformation moyen et long terme ressortent largement au–dessus des seuils réglementaires », soutient le groupe français.
BNI, NSIA… Quel repreneur?
Alors que le retrait stratégique de la banque, autre figure du capitalisme français en Afrique avec BNP Paribas, Crédit Agricole, est appelé à s’accélérer, d’après nos informations, des questions pointent à l’horizon sur le profil et la capacité des potentiels repreneurs.
En cas de mise en vente, le probable repreneur devrait être dans un premier temps l’État l’ivoirien avant cession ultérieure, comme ce fut le cas pour la Banque internationale pour le commerce et l’industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici). Grâce une synergie d’acteurs publics composés de la Banque nationale d’investissement (BNI) – première banque publique de Côte d’Ivoire –, de la Caisse des dépôts et consignations de Côte d’Ivoire (CDC- CI), de l’Institution de prévoyance sociale Caisse générale de retraite des agents de l’État (IPS–CGRAE) – et de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), l’État a acquis quelque 67,49% du capital de la Bicici.
Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin… Le grand retour des États dans la banque
Selon nos sources, les autorités ivoiriennes préparées à cette éventualité d’un retrait de Société générale ont fait savoir leur intention de prendre le contrôle de l’entité.
<< L’État va être à l’avant–garde pour éviter que le marché bancaire soit perturbé. Cela permet d’avoir une meilleure maîtrise de l’actionnariat », glisse un patron ivoirien.
Outre l’État, qui pourrait se mettre sur les rangs ? Des groupes locaux comme AFG Group, porté par le tycoon
Bernard Koné Dossongui et récent acquéreur de l’ex- Banque Populaire de Côte d’Ivoire (BPCI) ou encore le groupe NSIA, fondé par Jean Kacou Diagou. Dans les groupes concernés pour l’heure, on botte en touche. << Nous tenons à préciser que le groupe NSIA n’a pas de position officielle sur ce sujet. Nous restons concentrés sur notre stratégie actuelle et nos opérations courantes », a répondu notre interlocuteur. Même son de cloche chez AFG Holding qui chapeaute les entités bancaires et assurances, où on prétend concentrer les efforts sur la fusion de BPCI à sa filiale locale pour, in fine, approfondir l’implantation de l’entité sur la place locale.
Patrick Blas nouveau DG de SGCI
En attendant, la banque française se réorganise à Abidjan avec la nomination de Patrick Blas aux fonctions de
directeur général de Société générale Côte d’Ivoire. Il remplace Aymeric Villebrun, appelé à d’autres fonctions que le groupe va communiquer ultérieurement. Après six années à la tête de l’entreprise, Villebrun a su renforcer le positionnement de Société générale en Côte d’Ivoire. La filiale ivoirienne reste la première du groupe en Afrique de l’Ouest, aussi bien en taille de bilan que de revenus.
Vincent Le Guennou (Africa50): << Quand un institutionnel africain s’engage, c’est un signal positif >>>
Patrick Blas poursuivra la politique de rentabilité tout en assurant une gestion des risques et de la conformité aux meilleurs standards, en ligne avec la stratégie du groupe. Présente dans 15 pays du continent (y compris les six filiales en cours de cession), Société générale revendique 4,5 millions de clients pour un produit net bancaire (PNB) estimé à 1,4 milliard d’euros.
En Côte d’Ivoire, la filiale locale, active depuis plus de soixante ans, domine le marché avec un bilan de 3,247 milliards d’euros pour un PNB de 267 millions d’euros. C’est la plus grosse filiale du groupe en Afrique juste après celle du Maroc. Leader du marché domestique aussi bien en taille de bilan que de,
elle contrôle respectivement 20 % de part de marché sur les crédits et 17 % des dépôts, d’après les données de l’Association professionnelle des banques (APB). Le produit net bancaire s’est accru de 17,8% sur un an à 253,286 milliards de F CFA.
Le résultat net, lui, s’est établi à 97 milliards de F CFA. revenus,
Jean Moliere .Source :JA