10 décembre 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Mali : Paris suspend sa coopération militaire avec Bamako afin de faire pression sur la junte

A ce stade, l’opération « Barkhane » en tant que telle n’est officiellement pas remise en cause, tandis que la France indique que la décision est « temporaire et réversible ».

Paris est passé de la menace aux actes, au Mali. Dix jours après le coup d’Etat qui a porté au pouvoir le colonel Assimi Goïta, la France a annoncé, jeudi 3 juin, avoir suspendu de façon « temporaire et réversible » sa coopération militaire bilatérale avec Bamako. Une annonce qui intervient quatre jours après que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a confié, le 30 mai, dans un entretien au Journal du dimanche, que l’armée française ne pouvait plus, selon lui, rester « aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition ».

De fait, depuis le 24 mai, neuf mois après un premier coup d’Etat qui a eu lieu en août 2020, une junte est à nouveau au pouvoir au Mali. Et ce, dans un contexte où Paris s’interroge de plus en plus sur la pertinence de sa présence militaire dans ce pays. Quelque 5 000 hommes sont actuellement déployés pour combattre les groupes djihadistes, affiliés à Al-Qaida et à l’organisation Etat islamique (EI), dans le cadre de l’opération « Barkhane ». Depuis huit ans, des succès militaires ont été enregistrés, mais l’objectif de passer, à terme, la main à un Etat malien consolidé apparaît aujourd’hui hors de portée, faute d’avancées politiques.

Concrètement, l’annonce de Paris entraîne donc un arrêt sine die des opérations conjointes menées par les militaires de la force française « Barkhane » avec les forces armées maliennes (FAMa). Elle engendre aussi la suspension des activités de formation menées par les Français auprès des forces de défense et de sécurité locales. L’armée du Mali se voit ainsi coupée de deux de ses principaux soutiens : la France et les Etats-Unis. Au lendemain du putsch, les Américains avaient en effet, eux aussi, annoncé la suspension de leur assistance aux forces maliennes, faite notamment de formation et de cession de matériel.

« Il y a un flou sur les intentions »

A ce stade, l’opération « Barkhane » en tant que telle n’est officiellement pas remise en cause par cette suspension du volet bilatéral des opérations. Sur le terrain, les militaires français ne travaillent pas uniquement avec l’armée malienne. Des troupes venant des pays frontaliers du Mali, issues de ce qui est appelé « la force conjointe » du G5 Sahel (qui réunit Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), sont également associées. La décision de Paris sera « réévaluée dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes », indiquait-on, jeudi soir, au ministère des armées.

Le Monde

 

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