1 mai 2024
Paris - France
AFRIQUE

Génocide des Tutsi : 30 ans après, l’enjeu de la transmission aux jeunes générations

30 ans après le génocide des Tutsi au Rwanda, l’Afrique face au devoir de mémoire.
Au Soudan, le procureur général a émis des mandats d’arrêt contre 16 civils… des leaders politiques, tels que l’ancien premier ministre Abdallah Hamdok, mais aussi des journalistes et meneurs de la société civile. Ils auraient « incité à la guerre » et commis des « crimes contre l’humanité ».

Près de 70 % des Rwandais ont moins de 30 ans et n’ont pas vécu le génocide des Tutsi en 1994. La question de l’enseignement du génocide à l’école est compliquée.

Les 3 infos à savoir sur le génocide au Rwanda

Dernier génocide du XXe siècle, le massacre ayant eu lieu au Rwanda est encore présent dans les esprits. Voici tout ce que vous devez savoir sur cet événement tragique à l’occasion de la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994.

Quelles sont les causes du génocide rwandais ?

Le génocide rwandais s’est déroulé du 6 avril au 4 juillet 1994. En seulement 100 jours, environ 800 000 personnes, principalement de la tribu Tutsi, ont été massacrées. Mais si les faits ont eu lieu à la fin du XXe siècle, les causes sont bien plus anciennes.

Il faut remonter à la colonisation du pays, d’abord par l’Allemagne, puis par la Belgique, dès le début du XXe siècle. Les colons décident de hiérarchiser les différentes ethnies du Rwanda. Les Tutsis, ethnie minoritaire, sont jugés supérieurs aux deux autres, les Hutus et les Twas. Les Tutsis ont accès à l’éducation et aux postes à responsabilité. En 1931, la Belgique décide d’intensifier la discrimination raciale, décidant que l’ethnie devrait figurer sur les papiers d’identité. Toutes les décisions d’exclusion liées à la race font grandir le sentiment de haine entre ethnies.

Dès 1959, des conflits apparaissent entre Hutus et Tutsis. En 1962, le Rwanda proclame son indépendance. Les Hutus, ethnie majoritaire, prennent alors le pouvoir, et la situation s’inverse. Les Tutsis, qui jusque-là constituaient l’élite, n’ont plus accès à rien. Les tensions ne font que s’amplifier au fil des ans. Des milliers de Tutsis sont régulièrement massacrés, et nombreux sont ceux à fuir le pays.

Une guerre civile débute en 1990. Mais le tournant intervient le 6 avril 1994 lorsqu’un avion fourni par la France est visé par un attentat. Les passagers, le président rwandais, Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, sont tués dans l’attaque. Quelques heures après, les milices Hutu se mettent à abattre tout individu identifié comme Tutsi, ainsi que les Hutus soutenant les Tutsis.

Si vous souhaitez découvrir des témoignages de survivants du génocide, la bande dessinée « Le Grand voyage d’Alice » de Gaspard Talmasse, vient de paraître aux éditions La Boîte à Bulles (23 euros). L’auteur revient sur l’enfance de sa femme, Alice, issue d’une famille de Hutus rwandais et qui, à 5 ans, a dû fuir son pays et les massacres perpétrés lors de la guerre civile. Un témoignage bouleversant, raconté avec des yeux d’enfant.

Quelle est la différence entre Hutu et Tutsi ?

Le Rwanda est composé de plusieurs ethnies : les Hutus, les Tutsis et les Twas. Toutes parlent la même langue et ont la même religion.

Il existe différentes versions. Selon certaines, les Hutus viendraient du Sud et de l’Ouest de l’Afrique, tandis que les Tutsis viendraient de la vallée du Nil.

L’autre version est qu’avant la colonisation, Hutu, Tutsi et Twa étaient plutôt des catégories liées à l’activité professionnelle. Ainsi, les Tutsis étaient des éleveurs de bétails, les Hutus des agriculteurs, et les Twas des artisans. Un Hutu qui acquérait des vaches pouvait donc devenir Tutsi, et inversement. Il était également possible de se marier avec quelqu’un d’une autre ethnie.

Mais cela a changé avec l’arrivée des colons. L’ethnie étant marquée sur la carte d’identité, il n’est plus devenu possible d’en changer. Les Belges ont ajouté à cela une dimension physique, affirmant que les Hutus étaient plus petits et forts, avec des traits plus larges, et les Tutsis plus grands, minces, avec des traits plus fins.

Quel est le rôle de la France dans le génocide au Rwanda ?

En mars dernier, une commission d’historiens livrait un rapport accablant sur les « responsabilités accablantes » de la France, qui est restée « aveugle face à la préparation » du génocide.

On lui reproche son « aveuglement » face à la dérive génocidaire du régime « raciste, corrompu et violent » du président hutu Juvénal Habyarimana. Et ce, « en dépit des alertes lancées depuis Kigali, Kampala ou Paris ».

Le rapport souligne que le président français, François Mitterrand entretenait « une relation forte, personnelle et directe » avec son homologue rwandais. Toutefois, les historiens affirment que « rien ne vient démontrer » que Paris s’est rendu « complice » du génocide.

En mai dernier, le président français Emmanuel Macron avait « reconnu » les responsabilités de la France dans le génocide.

Les guinéens toujours dans l’attentent de  l’avant-projet de la nouvelle constitution. Une loi qui devra permettre le retour des civils au pouvoir fin 2024. L’organe en charge de l’élaboration du texte avait annoncé sa publication pour mars dernier. Pour les acteurs socio-politiques du pays, le non-respect de cet engagement du conseil national de la transition démontre une volonté de confiscation du pouvoir par les militaires.

Un mort est une tragédie, un million de morts, une simple statistique… Pour sortir de cette statistique, le JTA a reçu un grand acteur, auteur, dramaturge, metteur en scène et éditeur…Dorcy RugambaLui aussi a perdu toute sa famille au printemps 1994. Comment peut-on se relever de cela? En compagnie de Véronique Tadjo – romancière, poète, peintre et universitaire – et Abdourahman Waberi – Auteur, Professeur à George Washington University – nous avons parlé du devoir de mémoire et de comment les intellectuels et artistes africains ont traité les faits du génocide au Rwanda ?

Jean Moliere .

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