Saleh Kebzabo a été nommé, mercredi, 12 octobre, premier ministre du Tchad par Mahamat Déby Itno, fils du défunt chef de l’Etat, Idriss Déby Itno, et actuel président de transition. L’ancien journaliste de 75 ans a été quatre fois candidat à la présidentielle, et pour beaucoup, est l’homme qui peut apaiser la transition et conduire le pays vers une élection présidentielle paisible. Mais, ce sera à lui de le démontrer.
Sa nomination est le premier acte d’une nouvelle période de transition de deux ans confiée à Mahamat Déby Itno, au pouvoir depuis 2021.
Saleh Kebzabo, 75 ans, ancien journaliste, quatre fois candidat à la présidentielle contre feu le maréchal Déby, « est nommé premier ministre », peut-on lire dans un décret signé par le chef de l’Etat.
Le parti de Saleh Kebzabo avait déjà rallié, il y a 18 mois, le gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le jeune général Mahamat Déby.
Le 20 avril 2021, à l’annonce de la mort du maréchal, Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l’armée avait proclamé son jeune fils, le général, Mahamat Déby, 37 ans, président de la République à la tête d’une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois devant mener à des élections « libres et démocratiques ». Cette période de transition était renouvelable une fois.
Mais, lundi, 10 octobre, celui-ci a été investi, à nouveau, chef de l’Etat pour une transition prolongée de deux ans, sur proposition d’un Dialogue national censé réunir toutes les composantes de la société tchadienne, ainsi que, la rébellion, mais, boycotté par une très grande majorité de l’opposition politique et armée.
Mahamat Déby Itno s’était engagé à nommer « dans les tout prochains jours » un « gouvernement d’union nationale ».
Après sa nomination, Saleh Kebzabo a promis d’ »accompagner » le chef de l’Etat « dans une grande œuvre (..) les deux prochaines années pour la transition politique », en répondant à des questions de journalistes devant son domicile.
Après avoir été l’un des opposants les plus vindicatifs durant les dernières années du régime de Déby père, lequel a régné 30 années durant d’une main de fer sur le Tchad, Saleh Kebzabo avait reconnu rapidement l’autorité de son fils.
Deux cadres de son parti, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), avaient rejoint, en mai 2021, le premier gouvernement de transition nommé par la junte.
Mahamat Déby Itno avait nommé Saleh Kebzabo vice-président du comité d’organisation du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS), vivement, critiqué par une grande partie de l’opposition et parmi les principaux mouvements rebelles.
Ces derniers lui reprochent d’avoir prolongé la transition, maintenu Mahamat Déby à la tête de l’Etat et, surtout, de lui avoir permis de se présenter à la présidentielle dans deux ans, contrairement, à un engagement pris devant la communauté internationale.
L’opposition, qui dénonçait un « coup d’état constitutionnel » en avril 2021 – à l’unisson d’ailleurs du parti de Saleh Kebzabo à ce moment –, considère que le DNIS a perpétué « la dynastie Déby » au pouvoir.
Saleh Kebzabo, député, a été, plusieurs fois, ministre d’Idriss Déby Itno – des Affaires étrangères notamment – dans les années 1990, quand son parti a signé un accord de gouvernement avec celui du président, avant de claquer la porte en 1996.
Il a, ensuite, été quatre fois candidat à la présidentielle, en 1996, 2001, 2008 et 2016. L’opposant avait retiré sa candidature quelques jours avant le scrutin de 2021, qu’il avait appelé à boycotter en raison de l’invalidation d’autres candidats et de la répression de manifestations de l’opposition.
Avec l’AFP.