Qui succèdera à Macky Sall ? Après la décision du président sénégalais de ne pas se présenter en 2024 pour un 3e mandat, tout reste ouvert. Une présidentielle dans un contexte crispé par les décisions de justice concernant celui qui fait figure de principal opposant, le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko.
Présidentielle au Sénégal : les quatre principaux candidats à la loupe
Après des mois d’une crise politique riche en rebondissements, les Sénégalais se rendent aux urnes dimanche pour choisir leur président. Dix-neuf prétendants sont en lice pour succéder à Macky Sall. Retour sur les parcours et les propositions emblématiques de quatre candidats : Amadou Ba, Bassirou Diomaye Faye, Idrissa Seck et Khalifa Sall.
Une campagne au pas de course s’achève au Sénégal pour les dix-neuf prétendants. En seulement deux semaines, les candidats à la présidence de la République ont eu la lourde de tâche de convaincre les électeurs de glisser, dimanche 24 mars, un bulletin à leur nom.
Cette campagne hors norme a été écourtée en raison de la crise politique qui a suivi le report le 3 février de la présidentielle, initialement prévue le 25 février, par le président Macky Sall. Le Conseil constitutionnel l’a ensuite contraint de fixer une nouvelle date.
Dans ces conditions exceptionnelles, les candidats ont multiplié ces derniers jours les déplacements et les rencontres publiques pour se faire connaître et présenter leur programme. Chômage, émigration, souveraineté, crise du secteur de la pêche, école, libertés publiques… Retour sur les mesures phares des quatre principaux candidats :
- Amadou Ba, le candidat de la continuité
Ancien ministre des Affaires étrangères et de l’Économie et des Finances, le Premier ministre Amadou Ba, 62 ans, porte les couleurs de la majorité présidentielle. L’ancien inspecteur des impôts se pose en candidat de la stabilité et de la continuité du bilan économique de Macky Sall tout en promettant l’apaisement après des mois éprouvants de crise politique.
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Au cours de la campagne, Amadou Ba a axé son programme sur l’emploi des jeunes dans un pays où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans. Sa promesse phare : créer un million d’emplois jusqu’en 2028 en misant sur un partenariat public/privé et sur l’investissement dans l’agriculture, l’industrie, les infrastructures et les énergies renouvelables.
Il évoque également une actualisation des « conventions et contrats signés par l’État du Sénégal dans le domaine des ressources naturelles », une allocation minimale de solidarité pour les personnes âgées ou encore l’accélération du projet de construction d’une école nationale des arts et métiers de la culture.
- Bassirou Diomaye Faye, la proposition anti-système
Doublure de l’opposant Ousmane Sonko, écarté en janvier de la course présidentielle, Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a bénéficié d’un laps de temps encore plus réduit que les autres candidats pour battre en campagne en personne. Libéré de prison jeudi en compagnie du maire de Ziguinchor, le co-fondateur du Pastef joue la carte du « dégagisme » pour assainir la classe politique et promet de reconquérir « la souveraineté » du Sénégal, terme employé 18 fois dans son projet.
Pour cela, il propose de se débarrasser du franc CFA hérité de la colonisation pour mettre en circulation une nouvelle monnaie ou encore de généraliser l’enseignement de l’anglais dans un pays dont le français est la langue officielle. Il affirme également vouloir renégocier les contrats des mines et des hydrocarbures ainsi que les accords de défense.
Le projet du Pastef a aussi pour ambition de mener une réforme des institutions avec la création d’un poste de vice-président et l’introduction de garde-fous aux pouvoirs du président qui pourrait désormais être destitué.
- Idrissa Seck, le vieux routier
L’ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade entre 2002 et 2004, Idrissa Seck, est un habitué de la course présidentielle puisqu’il sollicite le suffrage des Sénégalais pour la quatrième fois consécutive. À 64 ans, l’ancien opposant rallié à Macky Sall qui a longtemps entretenu le suspense sur sa candidature met en avant son expérience politique et sa connaissance des rouages de l’État pour tenter de séduire les électeurs.
Parmi les mesures emblématiques de son programme, on trouve le service militaire obligatoire, la création d’un monnaie commune aux pays ouest-africains ou encore d’un fonds alimenté par les compagnies pétrolières et gazières pour compenser les préjudices subis par la pêche.
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Sur le plan économique, le fondateur du parti Rewmi propose de consacrer 60 % des investissements public dans les territoires situés hors de la région de Dakar.
- Khalifa Sall, le revenant
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Khalifa Sall est un autre poids lourd de la politique sénégalaise à tenter sa chance. Condamné en 2018 à cinq ans de prison ferme et cinq millions de francs CFA pour escroquerie et détournement de fonds publics, le leader de la coalition Taxawu Sénégal n’avait pas pu prendre part à la présidentielle de 2019. Le rival de Macky Sall est depuis revenu dans le jeu politique à la faveur d’une grâce présidentielle puis d’une loi autorisant une réhabilitation des droits civiques pour les personnes condamnées mais amnistiées suite au dialogue national initié par le gouvernement en mai 2023.
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Pour cette présidentielle, Khalifa Sall, 68 ans, se présente comme le candidat guérisseur d’une République « abîmée ». Pour cela, celui qui se voit en héritier du parti socialiste sénégalais promet d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne. Il assure également qu’il consacrera au moins 1 000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) du budget national annuel à l’agriculture.
Sa politique extérieure aura pour ambition de « diversifier et rééquilibrer » les partenariats diplomatiques et économiques en « renforçant la coopération Sud-Sud et avec les pays émergents ».
JM. Source/AFP