7 mai 2024
Paris - France
ECONOMIE

ONG COTE D’IVOIRE CONTRE LA CORRUPTION

« Faire le couloir, fais nous fais, mouiller la barbe, graisser la patte, parler français, cause, tu manges je mange, salues moi bien, être dans le contexte, le travaillement etc ». Vous n’êtes pas sur marché boursier, ces expressions véhiculent toutes une et seule et unique notion : LA CORRUPTION. Pour endiguer ce fléau qui met l’image dans la cave qu’un groupe d’Ivoiriens de différents horizons; magistrats, avocats, experts comptables, économistes, médecins, pharmaciens, diplomates, journalistes, universitaires, hommes de Dieu…..,décident de créer l’ONG « Côte d’Ivoire Contre la Corruption », le 12 Mai 2007. Selon les propos du Président de l’ONG Paul AGODIO « nous sommes des ivoiriens qui souffrons pour notre pays, pour son image et celle de ses habitants ».
En effet, est-ce normal que ceux qui composent à l’occasion d’un concours échouent tandis que ceux qui ne sont pas soumis aux épreuves soient admis parce qu’ils ont un soutien influent ou les examinateurs ont reçu quelques espèces ou payé en nature. Qu’il en est-il du mérite et de la compétence? Est-ce normal qu’on puisse être adjudicataire d’un marché sans avoir versé de pots de vin? La liste reste reste exhaustive. Selon TRANSPARENCY INTERNATIONAL, une ONG internationale de lutte contre la corruption, la Côte d’Ivoire est classée au 133ème rang mondial et au 31ème rang africain des pays les moins corrompus. Le dernier rapport sur le développement humain du PNUD situe la Côte d’Ivoire au 164ème rang mondial sur 177 pays et au 37ème rang africain.
En dehors de ces deux exemples, les quotidiens font fréquemment écho de cas de corruption avérée. Bien qu’il n’existe pas de statistiques incontestables, on peut affirmer sans risque de se tromper que la corruption existe à l’état endemique dans la société ivoirienne. Les armes dont dispose l’ONG « Côte d’Ivoire contre la corruption » sont l’indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, du pouvoir d’argent, partenariat tout demême avec le pouvoir politique pour les raisons suivantes: la corruption date de longtemps et le pouvoir en place ne peut pas être le seul comptable. La corruption ‘indexation du pouvoir pourrait entraîner un affrontement qui rendrait la lutte contre la inefficace. C’est le pouvoir qui va mettre en oeuvre la réforme de l’administration. Traiter la corruption avec professionnalisme. « Si nous voulons le développement de la Côte d’Ivoire, il nous faut militer pour la disparition de l’ordre ancien, qui a façonné nos mentalités, au profit d’un ordre nouveau, cest notre capacité à créer ces mécanismes concrets, à les mettre en oeuvre de façon pratique et à évaluer leurs résultats. ».
En Afrique de l’Ouest après le Nigéria, la Côte d’Ivoire est la plus grande puissance économique. En 2002 le PIB était de 11,7 milliards de dollars américains et le revenu par habitant s’élevait à 610 US soit legèrement supérieur à celui  de la moyenne (450 US )de l’Afrique subsaharienne. Avant la crise militaro-politico-économique, elle représentait 40% du PIB des pays de l’UEMOA et 42% de la circulation fiduciaire. L’agriculture avec 25,7% du PIB, est la locomotive de la sous-région. La dette extérieure en 2002 était de 16,387 de dollars US. La guerre a eu un impact négatif sur l’activité économique. Au lieu des 3% de croissance attendue en 2002, la production réelle et l’investissement privé et étranger ont considérablement  baissé au cours du dernier trimestre et occasionné une croissance globale négative pour l’année de -1,8%; Une enquête rapide auprès des services contentieux des banques révèle que les sûretés prises à l’occasion de certains concours bancaires sont irréalisables, faute de coopération franche, nette et objective de l’appareil judiciaire. L’affaire CORA COMSTAR qui, entre autres vaut à la Côte d’Ivoire l’exclusion de l’AGOA confirme le risque que constitue l’appareil judiciaire pour le développement  des affaires. Bref, il serait impossible de passer en revue tous les secteurs de la vie économique et sociale. La guerre politico-militaire que vit la Côte d’Ivoire depuis 5ans sur fond de corruption l’appauvrit et accélère la délocalisation des entreprises. Son image est brouillée, funeste , mais la guerre prend fin. L’autre guerre qui est économique risque d’être perdue si rien n’est fait pour mettre en place des mécanismes, une politique volontariste afin de lutter efficacement contre la corruption. Le succès de cette lutte donnerait un avantage comparatif inestimable à la Côte d’Ivoire et lui permettrait d’accueillir de nouveaux capitaux , de voir revenir ceux qui sont partis. Il éclairerait aussi d’un jour nouveau tous le peuple ivoirien. Aujourd’hui, tous les Ivoiriens sont persuadés que tous ceux qui s’enrichissent utilisent des voies obscures .Qui d’entre nous à quelque niveau que ce soit, n’est pas sollicité, harcelé en vue d’intervenir en faveur d’un tel ou d’un tel autre. Ce combat doit aider restaurer l’image du travailleur qui s’enrichit à force de travail. Tout le monde n’est pas corrompu.
Mais comment faire, comment y parvenir? Que celui qui fait l’effort soit        récompensé proportionnellement; que la compétence soit reconnue, que les arrangements, les frères jumeaux de la corruption, soient marginaux. Que la loi et son application soient reines. Les règles du jeu étant claires et connues d’avance, l’espoir renaîtra pour ceux qui sauront s’inventer un avenir dans l’effort et le travail.

JEAN MOLIERE

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