26 juillet 2024
Paris - France
POLITIQUE

Olaf Scholz: « En Afrique, l’Allemagne n’essaye pas d’imposer son agenda aux autres  » 

Alors que Berlin accueille ce 20 novembre le quatrième sommet de l’initiative G20 Compact with Africa (CWA), lancée en 2017, le chancelier Olaf Scholz revient sur la politique allemande en direction du continent

Olaf Scholz (au c.), lors de l’initiative G20 Compact with Africa, à Berlin, le 20 novembre 2023

L’Allemagne accueille ce 20 novembre à Berlin le quatrième sommet de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA), lancée en 2017 sous la présidence allemande. Son objectif est de promouvoir les investissements privés en Afrique, notamment en matière d’infrastructures, en accroissant l’attractivité du continent grâce à l’amélioration des cadres macroéconomiques, commerciaux et financiers

En plus des pays membres du G20, l’initiative CwA rassemble un certain nombre d’organisations bilatérales, internationales ou régionales, ainsi que treize pays africains : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo (RDC), l’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, le Togo et la Tunisie

Chancelier fédéral depuis décembre 2021, Olaf Scholz reprend aujourd’hui à son compte, l’initiative lancée à l’époque par sa prédécesseure. Il a profité de la tenue de ce sommet pour s’entretenir pour la première fois avec Jeune Afrique. L’occasion pour lui de détailler la politique allemande en direction du continent

G20 L’Allemagne mise sur l’Afrique 

 L’opinion africaine dans sa grande majorité, notamment au Maghreb, estime que l’Europe applique une politique de deux poids.

L’Allemagne accueille ce 20 novembre à Berlin le quatrième sommet de l’initiative G20 Compact with Africa (CwA), lancée en 2017 sous la présidence allemande. Son objectif est de promouvoir les investissements privés en Afrique, notamment en matière d’infrastructures, en accroissant l’attractivité du continent grâce à l’amélioration des cadres macroéconomiques, commerciaux et financiers

En plus des pays membres du G20, l’initiative CwA rassemble un certain nombre d’organisations bilatérales, internationales ou régionales, ainsi que treize pays africains : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo (RDC), l’Égypte, l’Éthiopie, le Ghana, la Guinée, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, le Togo et la Tunisie

Chancelier fédéral depuis décembre 2021, Olaf Scholz reprend aujourd’hui à son compte, l’initiative lancée à l’époque par sa prédécesseure. Il a profité de la tenue de ce sommet pour s’entretenir pour la première fois avec Jeune Afrique. L’occasion pour lui de détailler la politique allemande en direction du continent

G20 L’Allemagne mise sur l’Afrique 

 L’opinion africaine dans sa grande majorité, notamment au Maghreb, estime que l’Europe applique une politique de deux poids deux mesures en faveur d’Israël et au détriment des Palestiniens.

Ne craignezvous pas que cela nuise à terme aux relations entre les deux continents

Une Exposition universelle pour L’Afrique 

Olaf Scholz : Pour l’Allemagne, il n’y a qu’un seul ensemble de règles pour tous : le droit international. La souffrance des civils palestiniens nous touche 

profondément. Nous ne nous contentons pas de déclarations publiques solennelles, mais nous sommes de 

fait l’un des principaux donateurs à destination des Palestiniens depuis des décennies. Nous venons d’augmenter encore notre aide humanitaire à Gaza et à la Cisjordanie pour la porter à 160 millions d’euros cette année

Mais n’oublions pas que c’est l’attaque odieuse du Hamas contre Israël qui a déclenché ce cycle de conflit et que c’est le Hamas qui utilise les civils de Gaza comme boucliers humains. Israël a incontestablement le droit de se défendre.

L’Allemagne et l’Union européenne [UE] sont en contact permanent avec le gouvernement israélien pour protéger les civils tout en combattant le Hamas, pour établir des pauses humanitaires et pour  améliorer l’accès humanitaire à la bande de Gaza.

Quelle analyse fait la chancellerie allemande de la situation au Sahel, et notamment au Niger? Berlin 

soutientil toujours un retour au pouvoir de Mohamed Bazoum

De nombreux pays du Sahel sont confrontés à un certain nombre de défis, tels que la croissance rapide de la population, le chômage et la désertification. Un autre problème dans certains pays est l’absence d’une gouvernance suffisamment inclusive. Toutes les composantes de la société doivent avoir leur mot à dire et bénéficier d’opportunités économiques, ce que le président Bazoum s’est efforcé de garantir. Nous continuons à exiger le retour à l’ordre constitutionnel au Niger et soutenons les efforts de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] à cet égard

Que vous inspire, vue de Berlin, la montée d’un sentiment antioccidental et plus particulièrement antifrançais à travers le continent?

Je suis d’accord avec Emmanuel Macron lorsqu’il dit qu’un engagement renouvelé avec les jeunes et la société civile est nécessaire pour suivre le rythme des changements tectoniques sur le continent. C’est pourquoi nous travaillons non seulement avec les représentants des  gouvernements, mais nous nous engageons aussi directement auprès de différents segments de la société

Nous pensons que cette approche est importante non seulement pour comprendre les attentes d’une nouvelle 

génération d’Africains dans les différents pays du continent, mais aussi pour contrer les campagnes de désinformation qui reprennent et déforment les griefs existants

Quel est l’état des négociations avec la Namibie, concernant une éventuelle reconnaissance du 

génocide des Hereros et des Namas? Quels sont les points bloquants

L’Allemagne a l’intention de faire face au douloureux héritage de son passé colonial en Namibie. Une 

déclaration commune a été paraphée en 2021. Nous travaillons actuellement avec Windhoek pour répondre à quelques questions restées en suspens sur la manière d’interpréter cette déclaration. L’objectif est de créer les conditions nécessaires à la réconciliation et à l’ouverture d’un nouveau chapitre de notre partenariat

Histoire et mémoire : l’Allemagne aussi a colonisé l’Afrique… 

Quelle relation entretient aujourd’hui l’Allemagne avec ses anciennes colonies Togo, Cameroun ou 

Tanzanie? Serventelles de relais aux intérêts allemands sur le continent

Nous entretenons des relations étroites avec la plupart de nos anciennes colonies, relations qui ont été façonnées 

par nos histoires communes. Nous apprécions la coopération que nous avons aujourd’hui et travaillons activement à la résolution des problèmes découlant de ce passé. Par exemple, le président [FrankWalter] Steinmeier vient de rentrer d’une visite en Tanzanie, il a demandé pardon aux descendants des victimes des crimes coloniaux allemands et a proposé de travailler sur notre passé commun avec le pays

Dans certains pays, les liens personnels ou économiques remontent à loin. Toutefois, la présence coloniale allemande a pris fin des décennies avant que la plupart des États africains ne deviennent indépendants. Aujourd’hui, nous apprécions nos partenaires pour ce qu’ils sont, et non comme des vecteurs des intérêts allemands sur le continent

Quelle est la position de l’Allemagne sur la question du Sahara occidental

Je voudrais réaffirmer notre soutien de longue date au processus conduit par les Nations unies pour une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable pour le Sahara occidental. L’Allemagne appelle toutes les parties concernées à éviter l’escalade et les encourage à s’engager en ce sens auprès de l’envoyé du secrétaire général des Nations unies. Nous soutenons les efforts de ce dernier pour faire avancer le processus politique sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Nous soutenons également le travail de la mission des Nations unies, la Minurso, à laquelle contribue entre autres l’Allemagne en matière de troupes

 MarocSahara occidental : ÉtatsUnis, Espagne, AllemagneComment les États ont évolué 

Quelles sont les priorités de l’Allemagne aujourd’hui en Afrique

L’Afrique est notre continent voisin dans un monde qui fait face à de nombreux défis communs. Nous voulons 

contribuer à la prospérité d’un continent qui a une voix importante dans le monde et qui offre à ses citoyens la paix, la stabilité, des opportunités économiques, la participation politique et la bonne gouvernance, un continent qui protège ceux qui sont particulièrement vulnérables. Nous voyons de nombreuses possibilités de coopération étroite, non seulement sur le plan politique mais aussi par le biais d’investissements, que ce soit de manière bilatérale ou par l’intermédiaire de l’UE

L’Allemagne est perçue comme consacrant une grande partie de son aide à l’Afrique, tout en laissant d’autres pays jouer un rôle politique plus important sur le continent. Que répondezvous

Votre question semble suggérer que nous pourrions mieux communiquer sur notre approche, car nous nous engageons en fait très activement avec nos partenaires sur des questions politiques dans tous les domaines. Nos interlocuteurs africains me disent souvent que l’Allemagne est perçue comme n’ayant pas d’agenda caché et c’est vrai. Nous n’essayons pas d’imposer notre agenda aux autres. Pour nous, il s’agit plutôt de créer des partenariats qui profitent aux deux parties, parce que nous pensons que c’est dans notre intérêt national : l’Allemagne et l’Europe ont tout à gagner à ce que les Africains prospèrent et vivent en paix

 Compact with Africa: l’Allemagne lance un fonds pour soutenir les PME européennes en Afrique 

Comment l’Europe vieillissante doitelle gérer les migrations face à une Afrique jeune

Il s’agit de mettre en place une relation gagnantgagnant à fort potentiel. Cela me brise le cœur de voir des milliers d’Africains dépenser une fortune et risquer leur vie entre les mains d’impitoyables trafiquants d’êtres humains, pour voir leurs rêves brisés quand ils arrivent en Europe. Mon message est le suivant: ne risquez pas votre vie pour rien, venez plutôt en Allemagne en suivant une voie légale. 

Mon gouvernement a lancé de vastes réformes pour rendre l’Allemagne plus attrayante pour les travailleurs qualifiés du monde entier. Nous recherchons activement ce type de personnes, sans vouloir contribuer, bien entendu, à la «<fuite des cerveaux» dans les pays en développement

 Pourquoi la route migratoire des Canaries est la plus mortelle des voies vers l’Europe 

Les pays africains ont beaucoup à apprendre du succès industriel allemand. Comment l’Allemagne peutelle contribuer à l’apprentissage des compétences en ce domaine sur le continent

Bon nombre des stratégies qui ont contribué au succès des entreprises allemandes peuvent être appliquées ailleurs dans le monde. Notre système unique de formation professionnelle en est un bon exemple: il combine l’enseignement en milieu scolaire et la formation en cours d’emploi dans des entreprises. Nous coopérons en ce sens avec les gouvernements et les secteurs privés à travers toute l’Afrique pour aider à créer de tels systèmes de formation. De plus, l’initiative G20 Compact with 

Africa vise à améliorer les conditions légales afin d’attirer davantage d’investissements directs étrangers [IDE] et, par conséquent, davantage de formations professionnelles.

JM source:Panafricain 

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