L’ancien maire du Plateau brigue la succession d’Henri Konan Bédié à la tête du plus vieux parti du pays. En misant sur une image de réformateur capable de rassembler tous ses courants.
Des banderoles, une fanfare, et un refrain qu’ils reprennent tous en choeur: «On va installer Bendjo». Ce jeudi 16 novembre, au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), à Cocody, une foule de partisans de Noël Akossi Bendjo l’accompagne pour déposer son dossier de candidature à la présidence.
En Côte d’Ivoire, la course à la succession de Bédié est lancée au PDCI
Depuis le décès d’Henri Konan Bédié, son emblématique patron, le 1er août, la plus vieille formation du pays se cherche un nouveau meneur. Elle le choisira le 16 décembre, lors d’un congrès extraordinaire à Abidjan, qui mettra fin à la présidence par intérim assurée par le doyen du bureau politique, Alphonse Cowppli–Boni.
<<< Parmi les différents candidats, c’est Bendjo qui a le meilleur profil, s’enthousiasme Jean–Michel Amankou, son directeur de campagne. Il n’a pas attendu la mort de Henri Konan Bédié pour vouloir diriger le parti. Sa candidature n’est pas conjoncturelle, ni un acte spontané. Pour lui, la survie du parti a toujours été un sacerdoce. »
Exil à Paris
Cette fidélité au PDCI a coûté cher à Bendjo. En 2018, celui qui est alors maire de la commune du Plateau (depuis 2001) et qui a refusé de rejoindre le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara est accusé de détournements de fonds publics et révoqué de son poste de maire. Parti en France, il est condamné par contumace à vingt ans de prison en 2019.
Une Exposition universelle pour L’Afrique
S’ensuivent trois années d’exil à Paris, d’où il continue à plaider son innocence et dénonce un «< complot
politique». Il en profite aussi pour rencontrer les différentes sections du PDCI en Europe ainsi que Laurent
Gbagbo, à Bruxelles – et participe à l’organisation de sa rencontre avec Henri Konan Bédié en juillet 2019 dans la
capitale belge. Dès son retour à Abidjan, en 2021, à la faveur d’une décrispation politique après la présidentielle de 2020, Noël Akossi Bendjo est nommé conseiller spécial de Bédié sur les questions de réconciliation nationale.
Côte d’Ivoire : l’exil très politique de Noël Akossi- Bendjo
Depuis la disparition du « Sphinx de Daoukro», son ancien collaborateur, qui enjoignait déjà au vieux parti de Côte d’Ivoire de << changer de logiciel »>, assume désormais pleinement ses ambitions. << Il a un esprit rénovateur et réformateur. Lui seul est capable de rassembler tous les courants et toutes les générations du parti. La preuve : il a choisi plusieurs jeunes pour l’accompagner. Il veut mettre fin à la gérontocratie»,jamais été inquiété depuis son retour d’exil et qu’il n’a pas été convoqué par le conseil de discipline du PDCI. Au contraire, assurent ses soutiens, certains le considèrent en interne comme un martyr qui aurait payé de sa personne son engagement politique. << Et il ne serait pas le premier condamné à diriger un parti. Regardez Laurent Gbagbo ou Charles Blé Goudé«, glisse un de ses proches.
Au PDCI, le bal des prétendants a déjà commencé
Le politologue Sylvain N’Guessan est plus réservé sur ses
chances de succès du vice–président du PDCI. « Il a un bon curriculum vitae politique au sein du parti, mais je ne sais pas si son nom pèse grand chose au niveau national au regard de la sociologie politique ivoirienne», explique–t–il. Noël Akossi Bendjo est en effet membre du peuple atchan, dit Ébrié, une ethnie minoritaire du sud de la Côte d’Ivoire. «Certes il est riche d’expérience en politique, mais est–il assez riche pour financer le parti comme le faisait Bédié ?», poursuit le politologue.
La présidentielle en ligne de mire ?
Dans la course à la présidence du PDCI, Noël Akossi Bendjo fera face à Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif en chef du parti, Tidjane Thiam, l’ex–patron du Crédit Suisse et ancien ministre du Plan sous Henri
Konan Bédié, Jean-Marc Yacé, l’actuel maire de la commune de Cocody et Moïse Koumoué Koffi, ancien ministre du Budget sous Félix Houphouët–Boigny. Tous ont déposé leur dossier de candidature et attendent, comme Bendjo, la décision de la commission électorale du parti.
Alassane Ouattara et Emmanuel Macron: coulisses de leur déjeuner imminent
«Que ce soit par consensus ou par élection, l’essentiel est
que nous avons un président autour duquel se rassembler afin de nous permettre d’avancer et de gagner la présidentielle en 2025 », estime l’ex–maire du Plateau. S’il parvient à se hisser à la tête du parti dans un mois, briguera–t–il ensuite son investiture pour la magistrature suprême ? « Il vient juste de rénover le parti. La convention décidera du candidat pour la présidentielle, mais ce n’est pas sa priorité», assure son directeur de campagne.
JM source: JA