10 décembre 2024
Paris - France
POLITIQUE

Moussa Ag Acharatoumane : « La reprise de la guerre dans le nord du Mali incombe à la CMA »

Le leader du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) refuse de prendre les armes dans la guerre qui oppose les groupes indépendantistes du nord du Mali à la junte d’Assimi Goïta et continue à plaider pour l’application de l’accord de paix d’Alger. Interview.

Ce mardi 31 octobre, la tension entre l’armée malienne et les groupes indépendantistes est à son comble à Kidal, fief historique des rébellions touarègues, alors que la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, vient d’y entamer son retrait.

À Kidal, le camp de la Minusma repasse sous le contrôle des rebelles touaregs

La force onusienne a quitté ce mardi matin ses installations dans la grande ville du Nord, et les rebelles du CSP-PSD s’en sont aussitôt emparés.

La rébellion séparatiste à dominante touareg a revendiqué mardi avoir pris le contrôle d’un camp tout juste évacué par la mission de l’ONU dans la ville stratégique de Kidal, enjeu majeur de la bataille pour le territoire entre l’État central et les groupes armés.

Convoi terrestre

« Nous avons pris le départ de Kidal ce matin », avait plus tôt annoncé un responsable de la mission onusienne, précisant que l’évacuation se faisait par la route. « Le convoi terrestre est en route pour Gao, avait ensuite confirmé un officier de la Minusma s’exprimant sous le couvert de l’anonymat. Le convoi comporte plus de 100 véhicules. »

La récente dégradation de la situation sécuritaire entre tous les acteurs armés se disputant le contrôle du territoire dans le Nord (séparatistes, jihadistes, armée régulière) a poussé la force internationale à accélérer son retrait, à la grande irritation de la junte au pouvoir à Bamako.

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Le Cadre stratégique permanent (CSP) « prend désormais le contrôle des emprises abandonnées par la Minusma à Kidal », a dit dans un communiqué cette alliance de groupes armés. Une information confirmée par un élu local.

Kidal est le fief de la rébellion. Les groupes armés qui avaient conclu un cessez-le-feu et un accord de paix avec le gouvernement en 2014 et 2015 ont repris les hostilités sur fond de départ annoncé de la Minusma. Ils s’opposaient à ce que la force onusienne remette ses camps aux autorités maliennes dans les zones du septentrion sous leur contrôle.

Souveraineté territoriale

Les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 ont fait de la restauration de la souveraineté sur le territoire leur mantra. La junte a réclamé et obtenu du Conseil de sécurité en juin, après des mois de dégradation des relations avec la Minusma, le départ de la mission déployée depuis 2013 dans ce pays en proie au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle. La junte a affirmé « l’échec » de la mission et dénoncé « l’instrumentalisation » qu’elle aurait faite de la question des droits humains.

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La Minusma, dont les effectifs ont tourné autour des 15 000 soldats et policiers, est censée être partie d’ici au 31 décembre. Elle a déjà quitté un certain nombre de camps dans le centre et le Nord, mais a engagé la phase la plus délicate de son désengagement avec ceux de la région de Kidal. Il y a une semaines les soldats onusiens avait quitté le camp d’Aguelhok sans le remettre formellement aux autorités maliennes.

L’armée à Anéfis

L’armée malienne a dépêché il y a quelques semaines une importante colonne en direction de Kidal. Mais le convoi se trouverait encore à Anéfis, à environ 110 kilomètres au sud de Kidal. L’armée a aussi envoyé des renforts à Tessalit, autre camp libéré par la Minusma, à environ 200 kilomètres de Kidal.

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Les relations déjà dégradées entre la junte et la Minusma ont continué à se tendre avec le retrait des Casques bleus du nord. La force internationale se plaint de la non-délivrance d’autorisations de vol, qui  compromet la sécurité de ses convois et la contraint à désengager davantage d’hommes et de matériel par la route, lors de longs et dangereux trajets par la route. Elle rapporte aussi les obstructions faites au déplacement de ses convois et dit avoir dû détruire ou mettre hors d’usage des équipements faute d’avoir pu les emporter.

(Avec AFP)