28 avril 2024
Paris - France
EUROPE

Mort de Thomas à Crépol : des milliers de personnes à une marche blanche, Macron dénonce un « terrible assassinat »

Alors que l’extrême droite et une partie de la droite se sont emparées du drame en associant insécurité et immigration, les organisateurs de la marche ont appelé à un rassemblement « apolitique par respect pour la famille ». Elisabeth Borne a également appelé à la « décence » et à la « retenue » mercredi.

« Thomas, on t’aime »« Justice pour Thomas »… Plusieurs milliers de personnes ont défilé en silence, mercredi 22 novembre, à Romans-sur-Isère (Drôme) derrière ces grandes banderoles, en hommage au lycéen de 16 ans tué dimanche à coups de couteau en marge d’un bal dans le petit village de Crépol.

En tête de cortège, une quinzaine de jeunes du club de rugby du RC Romans-Péage ont marché avec leurs maillots bleus barré d’un « Thomas repose en paix », en mémoire de leur jeune capitaine. Les sportifs ont ensuite formé une haie d’honneur à l’arrivée du cortège dans le stade de la ville.

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« Votre présence en nombre témoigne de l’attachement extraordinaire que procurait Thomas quand on croisait son chemin », a salué un représentant des organisateurs de la marche qui s’est terminée par un lâcher de ballons accompagné d’une minute d’applaudissements, suivi d’un temps de recueillement.

La foule réunissait quelque six mille personnes selon les gendarmes. Les organisateurs de la marche avaient appelé à un rassemblement « apolitique par respect pour la famille ».

Appel à la « décence » et la « retenue »

Mercredi soir, Emmanuel Macron a dénoncé « le terrible assassinat » de l’adolescent de 16 ans, « une agression qui nous a tous marqués ». « Nous avons à affronter de plus en plus des épisodes de violences contre vous, élus de la République, mais aussi des épisodes de violences qui nous ont tous marqués », a relevé le chef de l’Etat dans un discours aux maires, conviés à une réception à l’Elysée.Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.

La première ministre, Elisabeth Borne, a également appelé, mercredi, à la « décence » et à la « retenue » face à l’émotion causée dans le pays par le meurtre de l’adolescent. « Aujourd’hui l’heure est à l’enquête et au recueillement », a dit la cheffe du gouvernement, reconnaissant que ce « drame soulève des questions plus larges » telles que celle de la « délinquance dans les territoires ruraux ». « Utiliser ce drame pour jouer sur les peurs, c’est manquer de dignité et de respect pour les victimes », a poursuivi la première ministre.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a dénoncé pour sa part une « polémique politicienne » autour du drame. « Se poser des questions et apporter des réponses aux Français, c’est normal », a-t-il déclaré lors du compte rendu hebdomadaire du conseil des ministres, critiquant en revanche la volonté d’« exploiter » et « d’essayer d’instrumentaliser un procès politique », « avant d’avoir les réponses aux questions qui sont posées ».

Assurant qu’il « ne rentrerai[t] pas » lui-même « dans la polémique », Olivier Véran a renvoyé à la justice le soin de communiquer sur les premiers éléments de l’enquête.

Neuf personnes interpellées, dont le principal suspect

Neuf personnes, soupçonnées d’être arrivées armées dans la fête de village, ont été interpellées mardi et placées en garde à vue. Le principal suspect, âgé de 20 ans, « formellement désigné comme auteur du coup de couteau mortel », habite « le centre » de Romans-sur-Isère et « non le quartier de la Monnaie », une des cités de la ville, a précisé le procureur de Valence. Trois des neuf suspects sont des mineurs de plus de 16 ans.

Dès que les faits ont été connus, droite et extrême droite ont multiplié les tweets et les déclarations faisant le lien entre cet acte et l’immigration, à l’image de Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale.

 De l’extrême droite à La France insoumise, chaque camp instrumentalise un fait divers

« On assiste à une attaque organisée, émanant d’un certain nombre de banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des “milices” armées qui opèrent des razzias », a-t-elle déclaré dans un entretien publié mardi par l’hebdomadaire Valeurs actuelles.

L’ancien candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle Eric Zemmour a pour sa part dénoncé, lundi, sur le réseau social X un « véritable djihad du quotidien que subissent les Français », faisant une comparaison avec d’autres faits divers notamment la mort, fin juin, du jeune Nahel M. lors d’un contrôle de police en banlieue parisienne, qui a déclenché plusieurs nuits d’émeutes dans tout le pays, et le meurtre d’un professeur, Dominique Bernard, à Arras, dans le Pas-de-Calais, le mois dernier.

Les violences de dimanche ont aussi fait huit blessés, dont deux jeunes de 28 et 23 ans hospitalisés en urgence absolue, dans un état en voie d’amélioration, sans pronostic vital engagé. Les obsèques de Thomas sont prévues vendredi dans le village de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, voisin de Crépol, selon le quotidien Le Dauphiné Libéré.

Source: Le Monde
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