De passage à Paris à l’occasion de VivaTech, grand- messe européenne des nouvelles technologies, le ministre de la Jeunesse et porte–parole adjoint du gouvernement revient sur l’appel du RHDP à une candidature du chef de l’État à la présidentielle de 2025.
À l’issue d’une grande réunion d’information réunissant le ban et l’arrière–ban du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le lundi 27 mars à Abidjan, le parti présidentiel a réaffirmé son souhait qu’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, soit candidat à un quatrième mandat en octobre 2025.
Depuis plusieurs semaines déjà, les cadres du parti, soutenus par l’exécutif, multiplient les appels à la candidature du chef de l’État lors de grands meetings organisés du nord au sud du pays. Le dernier s’est tenu à Korhogo, grande ville du septentrion ivoirien acquis à la majorité, le samedi 18 mai.
<< Garant de la stabilité »>
À travers ces rassemblements et ces hommages, il s’agit de reconnaître les actions marquantes du président Ouattara vis–à–vis des populations et d’affirmer clairement notre volonté qu’il soit notre candidat en
- Nous pensons qu’il est le garant de la stabilité et de la consolidation des efforts de développement dans notre pays. Par ailleurs, juridiquement, rien ne l’empêche de se présenter», soutient le ministre de la Jeunesse, de l’Insertion Professionnelle et du Service civique et porte- parole adjoint du gouvernement, Mamadou Touré, rencontré lors de son passage à Paris, la semaine dernière, à l’occasion de l’événement européen des nouvelles technologies, VivaTech.
Alassane Ouattara, 82 ans, n’a encore rien dit de ses intentions pour 2025. En 2020, il avait désigné son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, comme dauphin avant de finalement se présenter en raison de son décès brutal quelques mois avant le scrutin.
En Côte d’Ivoire, avec ses «<< hommages >>> au président Ouattara, la majorité en précampagne
EX Quelles solutions?
Le RHDP, en pleine restauration depuis deux ans, s’est–il préparé à l’éventualité qu’il choisisse à nouveau de passer le témoin ? << Si d’aventure le président Ouattara n’accédait pas à notre demande, qui émane non seulement du RHDP mais aussi de beaucoup d’Ivoiriens, nous lui demanderons de nous désigner une personne son choix autour de laquelle nous nous mobiliserons »,
assure Mamadou Touré, récemment nommé coordonnateur du parti dans le Haut–Sassandra, région qu’il dirige depuis septembre 2023. « Mais pour l’heure, insiste le ministre de 48 ans, notre candidat, c’est Alassane Ouattara. Il est la personnalité la mieux placée
pour faire face aux défis actuels sur le plan national et international et conduire le navire ivoirien. >>
Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Guillaume Soro…
À quinze mois du scrutin, l’ancien président Laurent Gbagbo, bientôt 79 ans, a pour sa part déjà été investi par sa formation, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA–CI), bien qu’il soit pour l’heure inéligible en raison d’une condamnation en 2018 pour des faits liés à la crise post–électorale de 2010-2011.
Gracié par le président Ouattara, Laurent Gbagbo doit–il être amnistié et ainsi participer à l’élection? Selon Mamadou Touré, la balle est dans le camp de son parti. << Je n’ai pas d’opinion personnelle sur sa candidature. Je n’ai pas d’avis à donner, mais je trouve tout de même curieux que l’on veuille mettre la pression sur le président sur cette question. Je rappelle qu’il s’agit d’une loi qui doit être adoptée par le parlement et que le PPA–CI dispose de députés à l’Assemblée nationale qui pourraient être à l’initiative de cette requête. »>
De son côté, le principal parti d’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), devrait prochainement officialiser la candidature de son nouveau président, Tidjane Thiam, 61 ans. «Nous respectons toutes les candidatures qui pourraient se présenter. Ce qui nous importe, c’est de continuer à consolider notre assise nationale et surtout de continuer à produire des résultats en faveur des populations. Ce sont ces deux conditions qui nous permettront de gagner les élections en 2025, quel que soit le candidat face à nous », assure Mamadou Touré.
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À l’instar d’autres membres de la majorité, le porte–parole adjoint du gouvernement ne manque toutefois pas d’égratigner le très probable futur candidat, soulignant << l’inexpérience » politique et la «< méconnaissance du terrain » de l’ancien banquier, absent de Côte d’Ivoire pendant plus de deux décennies à partir de 1999.
Quant à Guillaume Soro, l’allié devenu paria aujourd’hui en exil mais candidat en 2025, Mamadou Touré estime
qu’il lui revient «de faire les démarches nécessaires » s’il souhaite rentrer en Côte d’Ivoire malgré plusieurs condamnations judiciaires. << Il a son propre agenda, c’est à lui de décider quand il veut rentrer. » L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne (entre 2012 et 2019) s’est entretenu, à son initiative, avec le président Alassane Ouattara à deux reprises fin mars, notamment pour lui présenter ses excuses.
Grands chantiers
En attendant l’échéance électorale d’octobre 2025, à laquelle se prépare déjà activement le RHDP, Mamadou Touré, ministre «<en mission pour le président » comme il aime à le rappeler, doit faire avancer certains des grands chantiers du quinquennat. En décrétant 2023 année de la
jeunesse – initiative qui se poursuit en 2024 –, Alassane Ouattara a confié à son jeune ministre d’importants
dossiers.
<< En 2023, plus de 1,1 million de jeunes Ivoiriens, partout
sur le territoire, ont bénéficié de ce soutien gouvernemental grâce à un investissement de plus 534 milliards de F CFA. Cette année, nous projetons d’en aider 1,4 million grâce à une enveloppe de près de 500 milliards de F CFA», précise Mamadou Touré.
Depuis bientôt deux ans, un «focus» a été fait dans les régions nordistes frontalières du Mali et du Burkina Faso,
deux pays en proie au terrorisme. «Dans ces régions, 23 000 jeunes en 2022 et 30 000 en 2023 ont bénéficié de programmes de formation, de reconversion et de financement pour des activités génératrices de revenus »>, se réjouit–t–il.
En Côte d’Ivoire, Mamadou Touré «< en mission » pour Alassane Ouattara
Une troisième phase de ce programme sera lancé en juillet, << dans l’idée toujours de rendre autonome les jeunes afin qu’ils soient moins sensibles aux discours de recrutement des mouvements terroristes dans cette zone abandonnée depuis cinquante ans, où le niveau de
pauvreté a longtemps été plus élevée qu’ailleurs »>, annonce Mamadou Touré, convaincu que la politique sociale et sécuritaire menée ces dernières années a permis de tenir à distance les groupes armés des jeunes Ivoiriens.
À VivaTech, il était à la tête d’une délégation d’une vingtaine de start–up ivoiriennes (contre 13 l’année précédente) avec le ministre de la Transition numérique, Ibrahim Kalil Konaté. En 2023, une loi sur les start–up numériques a été prise par le gouvernement qui entend <«<< accompagner ces entreprises, qui non seulement créent de la richesse, mais sont aussi des opportunités d’emploi pour demain ». Un fond spécial est dédié à leur développement. Initialement doté de 1 milliard de F CFA, il passera à 2 milliards de F CFA. Au total, une trentaine d’entreprises ont bénéficié de ce financement étatique.
Jean Moliere .Source JA