15 mai 2024
Paris - France
EUROPE INTERNATIONAL

L’escalade verbale continue entre Biden et Poutine, qui propose « de poursuivre » leur discussion « en direct »

Le président russe a continué la passe d’armes verbale en se moquant ouvertement de son homologue américain, qui l’avait traité de « tueur ».

« C’est celui qui le dit qui l’est ! » C’est par cette sortie enfantine que le président russe, Vladimir Poutine, a répondu jeudi 18 mars à son homologue américain Joe Biden, qui l’avait traité la veille de « tueur »« Ce n’est pas juste une expression enfantine, une blague (…), nous voyons toujours en l’autre nos propres caractéristiques », a lâché le président russe lors d’une visioconférence retransmise par la télévision russe. « Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec [les Américains] aux conditions qui nous seront avantageuses », a ensuite rajouté Vladimir Poutine.

Le président russe a proposé à son homologue américain « une discussion » dans les jours qui viennent : « Je voudrais proposer au président Biden de poursuivre notre discussion mais à condition que nous le fassions en direct, en ligne comme on dit », a déclaré M. Poutine à la télévision russe, ajoutant qu’il envisageait que cette discussion puisse se tenir vendredi ou lundi et que « cela serait intéressant pour le peuple russe et le peuple américain ».

Cette passe d’armes verbale semble précipiter la relation américano-russe dans une nouvelle spirale de tensions. Depuis le changement d’administration américaine, les deux puissances disaient pourtant vouloir coopérer sur des dossiers d’intérêts communs.

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Mercredi 17 mars, à la question « pensez-vous que Vladimir Poutine est un tueur ? » posée par un journaliste de la chaîne américaine ABC, Joe Biden avait répondu « oui, je le pense ». Le président américain avait aussi dit vouloir faire « payer » au maître du Kremlin son ingérence dans les élections américaines de 2016 et 2020. Ces déclarations intervenaient alors qu’un nouveau rapport des services du renseignement américain, publié mardi, accuse Moscou d’avoir tenté d’intervenir sur l’issue du scrutin présidentiel de 2020. Vladimir Poutine « en paiera les conséquences », avait prévenu Joe Biden, avant de répéter, après une relance du journaliste qui l’interrogeait : « Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer. »

L’Allemagne salue un « langage très clair »

Le président américain, Joe Biden, lors d’une visioconférence avec le premier ministre irlandais, Micheal Martin, à la Maison Blanche, Washington, le 17 mars.

Ces propos ont été qualifiés d’« insulte » aux Russes et d’« attaque » contre son pays par le président de la chambre basse du Parlement russe, Viatcheslav Volodine. Quelques heures plus tard, fait inédit depuis 1998, le ministère russe des affaires étrangères a rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis pour des consultations sur l’avenir de la relation russo-américaine, plongée dans « l’impasse ». Selon l’ambassade russe à Washington, les « déclarations irréfléchies de responsables américains risquent d’entraîner l’effondrement de relations déjà excessivement conflictuelles ».

Faut-il y voir un signe d’apaisement ? Le département d’Etat américain a assuré à l’Agence France-Presse qu’il ne prévoyait pas de rappeler son propre représentant à Moscou. Du côté européen, le chef de la diplomatie allemande a salué jeudi, dans une interview à la Deutsche Welle, le « langage très clair » des Etats-unis à l’égard de la Russie. Mais Heiko Maas s’est bien gardé de « commenter ou évaluer » le qualificatif de « tueur » appliqué au président russe. « Nous voulons rester en mesure de maintenir la fenêtre de dialogue ouverte avec Moscou à propos de défis majeurs, de désarmement, de changement climatique », a nuancé Heiko Maas.

Du côté américain, aussi, les dossiers de travail conjoints avec Moscou ne manquent pas, qu’il s’agisse des pourparlers de paix en Afghanistan ou du prolongement du traité de limitation des arsenaux nucléaires New Start. Mais l’arrestation de l’opposant à Vladimir Poutine Alexeï Navalny n’a fait que dégrader des relations déjà grandement altérées en raison notamment de l’interventionnisme de la Russie en Syrie ou en Crimée. Jeudi, le G7, groupement des sept pays les plus riches du monde du bloc occidental, a une fois de plus dénoncé « l’occupation » de ce territoire ukrainien par la Russie.

  Alexeï Navalny écrit de sa prison, l’une des plus dures du système carcéral russe

Le Monde avec AFP

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