Le nouveau point d’attache des soldats devrait être Ayorou, ville se trouvant près de l’épicentre des combats contre les jihadistes à 200 kilomètres au nord–ouest de Niamey
Un militaire français en opération au Mali, le 20 janvier 2022.
Les faits – Discutée avec les partenaires du continent, la réarticulation du dispositif militaire en Afrique de l’Ouest est régulièrement abordée lors des conseils de défense à l’Elysée. Tout n’est pas arrêté mais les forces spéciales devraient être redéployées rapidement au Niger alors que les autorités burkinabées ont demandé leur départ.
Poussées officiellement à quitter le territoire burkinabé, les forces spéciales françaises devraient se replier au Niger. La décision de Paris n’a pas encore été annoncée mais elle est actée, selon les informations recueillies par l’Opinion. Sur environ 300 éléments du commandement des opérations spéciales (COS) encore présents sur le camp de Kamboinsin, en périphérie de
Ouagadougou, environ la moitié devrait rejoindre un nouveau point d’attache à Ayorou, ville du Niger à 200 kilomètres au nord–ouest de Niamey.
Comment la France repense sa présence militaire en Afrique
Cette ville est située au nord de la région de Tillaberi qui concentre l’essentiel des attaques des combattants de l’Etat
islamique au Grand Sahara (EIGS). Elle est non loin du Mali, où ses combattants contrôlent déjà la route entre Menaka et Anderamboukane à la frontière nigérienne. << Contrairement à ce qui s’est passé au Mali et au Burkina où nous
avons souvent agi seuls, nous sommes aujourd’hui dans un total esprit de coopération avec l’armée nigérienne, confie un officiel français. L’armée du Niger définit sa stratégie, ses opérations et nous l’accompagnons à sa demande. Cela va d’une aide au renseignement à l’appui aérien et logistique en passant par une participation au combat avec des troupes au sol. >>
En fin d’année, une centaine de soldats français, et deux fois plus du côté nigérien, ont participé à des combats dans le cadre de l’opération Almahaou, dans une zone contrôlée par l’EIGS à l’est du Niger. Les opérations avaient été pilotées depuis un PC conjoint à Oualam, au nord de Niamey.
En février 2022, le président du Niger, Mohamed Bazoum, avait donné son accord de principe au déploiement de davantage de soldats européens sur son sol après l’annonce de leur retrait du Mali. Deux mois plus tard, le parlement du pays a adopté un projet de loi autorisant l’arrivée sur son territoire de forces spéciales européennes.
Depuis le départ précipité des soldats français du Mali, une réarticulation du dispositif militaire de Paris est en cours en Afrique de l’Ouest << Doctrine >>. Depuis le départ précipité des soldats français du Mali, une réarticulation du dispositif militaire de Paris est en cours en Afrique de l’Ouest. Une partie des armes, équipements et pièces de rechange a été envoyée au Niger qui reste un fidèle partenaire. Près de 1 500 militaires français seraient présents dans le pays bien que l’état- major ne communique plus sur les effectifs nationaux.
La France participe aux opérations décidées par les Forces armées nigériennes (FAN) qui établissent des postes militaires de reconnaissance renforcés (PMR) à Ayorou, Inates, Tiloa et Chinégodar, des zones où la menace des insurgés islamistes est la plus importante. << Les FAN sont les gardiens de la doctrine militaire, assure l’officiel français. Elles montent en puissance au fil des mois et savent ce qu’elles veulent. >> Mercredi, Emmanuel Macron recevra le président ivoirien, Alassane Ouattara, à l’Elysée pour évoquer avec lui le futur dispositif français au Sahel après le passage de Catherine Colonna à Abidjan, début décembre. Le rendez–vous entre les deux dirigeants a été avancé à la demande française.
Dans le futur dispositif, la Côte d’Ivoire a vocation à demeurer un des relais d’influence militaire de la France. Elle héberge 900 soldats sur la base permanente de Port–Bouët, qui sert notamment d’appui logistique dans la lutte antiterroriste au Sahel. Paris a
également aidé son partenaire à monter l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme. Parmi les scénarios évoqués dans le cadre de la réorganisation, la mise en place d’un grand camp d’entraînement à Lomo, au centre du pays, pour les armées africaines et européennes et la constitution de bataillons franco–africains de combat.
L’Opinion