Défections de cadres, congrès extraordinaire, alliances électorales… L’ancien président a tenté de rassurer ses troupes lors de sa présentation des vœux du Nouvel An, le 29 janvier.
C’est au son d’une fanfare qu’Henri et Henriette Konan Bédié font leur entrée dans leur résidence de Daoukro, ce dimanche 29 janvier 2023, pour la cérémonie des voeux du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Quatre mois après le bureau politique du 29 septembre, l’ancien président a donné rendez–vous aux délégués et aux cadres du parti dans son fief.
En préambule, les participants, tout de vert et de blanc vêtus, entonnent l’hymne du parti. Puis, les délégués défilent par petits groupes devant le couple et le saluent. À chaque femme, Bédié tend une rose.
Départs vers le RHDP
Derrière les sourires de façade, les attentes sont fortes: le président doit rassurer les militants. Ces dernières semaines, plusieurs poids lourds ont quitté le parti pour rallier le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la formation présidentielle. Dernier en date, Narcisse N’Dri. L’ancien directeur de cabinet de Bédié a rejoint le camp
d’Alassane Ouattara et la liste de Jeannot Ahoussou–Kouadio (président du Sénat et lui- même transfuge du PDCI), pour disputer les élections régionales dans le Bélier.
Henri Konan Bédié, l’indéboulonnable patron du PDCI
Dans son message, Jacques Ehouo, le député- maire du Plateau, exhorte le parti à << l’engagement et à la solidarité autour [de son] président >> et attire l’attention de Bédié sur << les défections et les départs en cascade de militants et de hauts responsables pour de nouveaux horizons politiques ». « Les membres de votre parti, ici réunis, [vous prient] de bien vouloir rassurer les militants en [leur] apportant des réponses idoines [sur] la vitalité de notre mouvement », déclare–t–il.
Discipline, fidélité et abnégation
Pendant près d’une vingtaine de minutes, Bédié est revenu sur les sujets d’actualité liés à la vie de sa formation politique. « Les défections auxquelles nous assistons, ces derniers temps, ne sauraient nous ébranler. À la croisée des chemins, chacun choisit la voie qui [correspond] le mieux à sa personnalité et à son degré de conviction », a–t–il lancé, sous les applaudissements. Puis d’ajouter : « Nous, qui avons choisi [d’unir] nos rêves pour le PDCI–RDA et la Côte d’Ivoire, devons nous tenir [sur la ligne] de la discipline, de la fidélité à nos idéaux, avec l’abnégation que requiert un militantisme résilient, qui ne se laisse pas séduire par les impatiences et les satisfactions éphémères. »
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Le Sphinx de Daoukro a également évoqué les crises internes que traverse le parti et a insisté sur << l’union et la discipline » indispensables pour gagner les élections locales (municipales et régionales, prévues en octobre et novembre prochains) et pour préparer dans de bonnes conditions la présidentielle de 2025.
Les changements auxquels il a procédé, en créant de nouvelles structures et en répartissant des prérogatives jusque–là concentrées entre les mains d’un petit groupe, ont provoqué des guerres de clans jusque dans son entourage proche. « Je serai désormais intransigeant à l’égard de tous ceux et de toutes celles qui [agiront à l’encontre du] renforcement de la cohésion de notre parti, a–t–il insisté. J’invite plus particulièrement tous les responsables à faire taire les divergences, à cesser les intrigues
déconcertantes et à se remettre au travail en assumant, chacun à sa place, la mission qui lui est confiée. Les cabales, les intrigues sont vouées à l’échec ! >>
Un congrès extraordinaire en mars
Cette cohésion interne que Bédié appelle de ses vœux pourrait être mise à rude épreuve au moment de l’investiture de candidats pour les scrutins locaux. Le Comité de gestion et de suivi des élections, que dirige le professeur Niamkey Koffi, l’un des proches de l’ex–chef de l’État, devra travailler selon « des critères prédéfinis »>, qui tiendront compte des attentes de la base. Il devra aussi éviter les candidatures indépendantes, qui pourraient favoriser la dispersion des voix.
S’agissant des alliances électorales, et comme bien lors du bureau politique de septembre 2022, le président a estimé qu’il fallait évaluer aussi celles qui ont été contractées par le passé que celles qui sont actuellement en vigueur. Alors que le Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA–CI), de Laurent Gbagbo, estime que le PDCI serait un allié naturel, ce dernier semble, pour sa part, ouvert à d’autres partenariats. « Nous serons stratégiques dans nos choix, et ceux–ci ne doivent être pris que dans le seul objectif de renforcer notre position et de conquérir de nouveaux territoires. Le PDCI–RDA n’est pas à vendre à l’encan ! » a martelé son chef.
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Enfin, mettant fin à des longues semaines de bataille entre clans, Bédié a donné rendez–vous
aux cadres du parti au courant du mois de mars pour un congrès extraordinaire. Prévu à l’origine en décembre 2022, celui–ci avait été reporté sans que les principaux organisateurs en soient avertis, suscitant une grande confusion en interne. Cet événement permettra de mettre les statuts du parti en conformité, notamment sur la question du nombre des membres du bureau politique – lequel est théoriquement de 400, contre environ 2 000 aujourd’hui. À l’issue de ce congrès extraordinaire, le 13e congrès ordinaire du parti sera convoqué. Au cours du précédent, en 2013, Bédié avait été réélu à la tête du PDCI.
JA