27 juillet 2024
Paris - France
ECONOMIE

Les autorités fédérales américaines ont annoncé les chiffres de l’inflation La FED a fait exactement ce que l’on pensait qu’elle allait faire Inflation, prend garde, Lagarde arrive

Nous avons donc vécu sous le signe des banques centrales durant toute la semaine. La FED, puis la BCE et ça n’est pas terminé, puisqu’à la fin de cette semaine, il y aura la BNS en Suisse. Mais il n’y aucun suspense, parce que la BNS a déjà annoncé qu’elle allait monter les taux, même si l’inflation est à 2.3% – parce qu’ils veulent ABSOLUMENT aller chercher les 2% d’objectif et que, selon le patron de la BNS, c’est une mesure sociale pour ne pas que les moins fortunés subissent l’inflation. Venant d’un type qui gère le plus gros Hedge Fund du monde, venir nous parler de social, c’est un peu marrant quand même.

Mais bon, ceci dit, nous avons vécu une semaine sociale en Europe, puisque Madame Lagarde elle aussi veut faire baisser l’inflation. Par contre aux USA on a maintenu les taux au même endroit afin de faire une pause. Tout en annonçant qu’ils allaient quand même faire du social en montant encore une ou deux fois les taux avant la fin de l’année.

Mais commençons par le CPI américain. Mardi, alors que la FED commençait sa réunion de deux jours, les autorités fédérales américaines ont annoncé les chiffres de l’inflation, ceux qui étaient censés donner le ton. La dernière chance pour monter le taux ou ne rien faire. La dernière information. Je vais vous épargner la longue litanie des chiffres qui ont été annoncés. Il faut surtout retenir qu’ils étaient en-dessous des attentes. Ce qui veut dire que non seulement l’inflation recule, mais en plus elle recule plus que prévu. C’est presque trop beau pour être vrai et même chez Netflix ils n’auraient pas osé imaginer une fin aussi parfaite. Une fin où le héros ramasse l’argent, la femme, les codes secrets de l’arme nucléaire, la voiture de sport et une maison avec vue sur la mer, ainsi qu’une médaille du gouvernement pour service rendus.
Avec des chiffres aussi parfaits et aussi motivants. Des chiffres qui démontrent que l’inflation est sous contrôle et s’est totalement soumise aux instructions de Powell, on ne se posait plus vraiment de question sur ce qu’allait faire la FED mercredi soir. Les marchés ont d’ailleurs fait preuve d’une belle homogénéité pour saluer cette réussite économique sans précédent dans l’histoire de l’inflation. Même le SMI en Suisse parvenait à terminer la journée de mardi en hausse, lui qui fait office de paria depuis quelques jours parce qu’il n’y a pas assez d’intelligence artificielle dedans. Les indices américains terminaient tous dans le vert avec – une nouvelle fois – les honneurs pour le Nasdaq qui salue tout ce qui vend de la technologie et qui se prépare déjà à fêter les 3’000 milliards de valorisation chez Apple et le fait que Tesla ne peut définitivement plus jamais baisser. Et puis en Europe, tout le monde terminait la journée du CPI en hausse sauf l’Espagne. Mais qui se préoccupe de l’IBEX pour le moment…

Just do it

Bref, tout était parfait. Les doutes sur les actes de la FED étaient levés et les plus pessimistes sont encore ceux qui persistent à croire que Powell montera quand même les taux en juillet et ceux qui OSENT dire que les chiffres du CPI ne sont pas si « extraordinaires » que ça, parce que la baisse est principalement due au prix de l’essence et que si l’on fouille un peu plus en détail à l’intérieur des publications d’hier, on va quand même se rendre compte que lorsque tu auras enlevé la composante énergie qui est facilement manipulable, tu vas te rendre compte que l’on n’est pas encore tout à fait dans le monde parfait des Bisounours.Mais peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Mardi nous avons été rassurés sur le fait que TOUT ALLAIT BIEN et les arguments pour une fin d’année plein de bonheur et de joie étaient étalés dans la presse avec une joie non-dissimulée. Ceux qui font encore partie du camp des « bears » ont été rejeté à tout jamais des rues de Manhattan Sud et toute personne qui osera dire du mal de l’économie ou des performances à venir sera immédiatement fouettée sur la place publique avec des orties fraîches. La FED n’allait rien faire mercredi soir et au pire, elle laisserait entendre qu’elle fera quelque chose en juillet, mais c’est même pas sûr. Et comme dans les marchés boursiers, le temps se mesure comme pour les chiens – sauf que le multiplicateur n’est pas 7 mais 24, le mois de juillet, c’est dans très longtemps et on s’en fout complètement.

A l’heure où vous lisez ces lignes, les Etats-Unis, l’Europe, la Chine, et toutes les plus grandes économies du monde se battent pour le contrôle de cette ressource.

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Elle est connue sous le nom de “Pétrole Blanc”

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Comme prévu, ils ont fait ce que l’on savait qu’ils allaient faire

On ne va pas se mentir ni perdre du temps. La FED a fait exactement ce que l’on pensait qu’elle allait faire. Ce qui est plutôt rassurant, parce que cela montre que même si nous sommes profondément nuls pour ce qui est des prévisions économiques – surtout au niveau de l’emploi – on ne pourra pas nous reprocher de ne pas avoir vu juste pour la décision de la FED de ce mois de juin. Ils ont donc décidé de faire une pause, comme c’était prévu. D’ailleurs le marché l’avait tellement prévu qu’il nous a fait un « sell the news » dont il a le secret, parce « qu’il SAVAIT ». En revanche, ce que l’on n’avait pas trop vu venir c’est le fait que Powell vienne nous annoncer qu’il avait encore besoin de temps pour évaluer la vitesse à laquelle l’inflation baissait et que ça pourrait encore prendre six semaines. Sans compter que comme l’inflation reste extrêmement collante et ne veut pas vraiment baisser aussi vite qu’on le souhaiterait, ils ont déjà plus ou moins budgété encore deux hausses de 0.25%.Il y avait donc à boire et à manger dans cette réunion et la vision du futur semble s’être un peu éclairée, puisque lors du meeting du mois de mai, on nous avait annoncé que ça volait à vue et qu’ils prendraient les décisions en fonction des chiffres qui sortiraient – au fur et à mesure – cette fois c’est pas pareil, on dirait qu’ils volent toujours en VFR, mais que le ciel est un peu plus clair et qu’ils arrivent presque à prévoir leurs décisions. Je dis bien presque, parce que les connaissant, on sait bien qu’ils peuvent tourner la veste d’une seconde à l’autre. Les membres de la FED sont avant tout des politiciens. Des politiciens avec une formation bancaire et économique, difficile d’imaginer pire comme cocktail.

Sans surprise

En résumé, la FED n’a rien fait. Elle a dit qu’il lui fallait encore six semaines pour évaluer la situation économique actuelle et voir ce qui va se passer pour l’inflation. Mais qu’ensuite il est plus que probable qu’ils doivent encore monter d’ici la fin de l’année. Pour faire simple, le discours de Powell était assez proche de celui du mois de mai, mais il semble un peu plus clair sur la suite des évènements. Par contre, il faut noter un point qui n’a que peu été mentionné dans la presse depuis hier soir : « le patron de la FED a clairement laissé entendre que ceux qui pariaient sur une ou plusieurs baisse des taux d’ici la fin de l’année se fourraient le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Et peut-être même un peu plus loin ».Les marchés ont donc réagi comme des marchés qui savaient déjà comment ça allait se passer. En Europe on terminait en hausse, parce que c’était AVANT l’annonce de la FED et qu’on pariait sur une « pause ». Et aux USA, les traders ont vendu la nouvelle et les investisseurs ont racheté immédiatement derrière, puisque depuis quelques temps, on les a bien dressés sur le concept des rachats sur faiblesse. Et actuellement, 0.2% de baisse c’est considéré comme une « grosse faiblesse ». À la fin de la séance, après nous avoir fait du « en haut, en bas, tu sais pas où tu vas », le Nasdaq terminait quand même en hausse de 0.38% cette journée de la FED. Le S&P500 ne faisait pratiquement rien en clôture, mais un « rien » qui était tout de même en hausse, histoire de ne laisser aucun espoir aux Bearishs et le Dow Jones reculait de plus d’un demi-pourcent parce que les titres défensifs qui paient des dividendes, c’est quand même trop ennuyant comme investissement.

Le narratif de fin de semaine

Le narratif de la fin de semaine était donc tout trouvé. Nous sommes passé de zéro pour cent à « presque 6% » sur les taux directeurs américains – et aujourd’hui, quinze mois plus tard, après être passé par tous les états psychologiques et parfois même, après avoir été au bord de la panique, on s’est rendu compte que l’inflation était « presque » sous contrôle, que même si elle restait un peu collante en restant autour des 4%, Powell allait bien finir par lui mettre la pâtée et la renvoyer à la niche, comme prévu, et qu’en plus comme tout le secteur technologique avait retrouvé ses lettres de noblesse, il n’y avait vraiment pas de raison d’avoir peur ou de s’inquiéter pour l’avenir. Il ne restait plus qu’une chose à faire : célébrer.En fin de semaine, les indices américains ont tous terminé (presque) au plus haut depuis des mois et même si les volumes restent relativement faibles – et certains diront BEAUCOUP trop faibles pour confirmer la véracité et la solidité de cette hausse – il y avait clairement un sentiment de fête, de joie et d’euphorie.

L’économie américaine n’est pas réellement au « top de sa forme », mais l’emploi reste solide et les salaires sont plutôt en hausse. Le consommateur continue de dépenser tous azimuts et même si le consommateur en question est au chômage, c’est pas grave, il tape dans son épargne et dépense quand même. Bref, même si en Europe on se posait quand même deux-trois questions après la nouvelle hausse des taux de la BCE et le ton VRAIMENT « hawkish » de Madame Lagarde, les Américains n’en ont pas fait cas, parce que l’Europe c’est quand même vachement loin et ils ne parlent pas la même langue qu’eux et que les européens, eux, ils n’ont pas l’intelligence artificielle.

Inflation, prend garde, Lagarde arrive

Pendant qu’un doux parfum d’euphorie volait au-dessus de New York pour dissiper les fumées des incendies canadiens, l’Europe digérait les déclarations de guerre de Lagarde face à l’inflation. Hier la patronne de la banque centrale locale a monté les taux de 0.25% – c’est la huitième hausse consécutive et c’était largement anticipé par le marché qui a visiblement du talent pour anticiper les décisions des banquiers centraux en ce moment. Après la décision de la FED qui avait été largement anticipée mercredi soir, hier c’était celle de la BCE. Les experts en finance semblaient avoir trouvé la martingale sur le sujet – ce qui faisait oublier le fait qu’ils s’étaient complètement vautrés sur les décisions des banques centrales canadiennes et australiennes.Mais le «hic» dans la décision de vendredi, c’est que si on avait anticipé la hausse des taux européens, on n’avait pas anticipé le fait que la Banque Centrale de Madame Lagarde allait AUSSI monter ses prévisions sur l’inflation. Laissant entendre qu’une pause dans le cycle haussier de la BCE n’était pas encore vraiment d’actualité. Sans compter que tant dans son discours post-annonce que durant la conférence de presse qui a suivi, Madame Lagarde a martelé le fait que les hausses de taux ne cesseront pas tant que l’inflation de base en Europe ne sera pas retournée à 2%. Laissant tout de même filtrer un peu d’espoir en disant que « 3% pourrait être le nouveau 2% », laissant espérer un peu de flexibilité dans son discours ultra-hawkish. Les marchés du vieux continent ont tout de même très bien terminé la semaine et on se rendait compte qu’on était quand même pas loin des plus hauts de tous les temps avec HUIT hausses de taux consécutives (le DAX est, d’ailleurs au plus haut de tous les temps) et que ça n’a pas empêché Bernard Arnault d’être l’homme le plus riche du monde pendant un moment. D’ailleurs s’il avait mis de « L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE » dans ses sacs à main, il le serait sûrement toujours. Ça et si Tesla arrêtait de monter un jour. Ce qui n’est pas près d’arriver depuis que l’on sait que Tesla c’est AUSSI de l’intelligence artificielle.

En résumé…

Si l’on résume cette semaine, nous sommes à nouveau en Bull Market un peu partout et tout semble aller pour le mieux. La plupart des experts sont convaincus que ça va se finir, mais tout continue de monter. Nvidia explose semaine après semaine, Microsoft est au plus haut de tous les temps, Apple aussi et tout cela sans compter que Jeff Bezos rachète des actions Amazon et que Musk est définitivement l’homme le plus riche du monde.

Les taux ne sont plus un problème, l’inflation est sous contrôle et l’économie US est plus résiliente que jamais. La Chine a baissé les taux pour relancer une économie moribonde, mais la seule chose que l’on voit dans cette économie moribonde, c’est que la Banque Centrale Chinoise a baissé les taux. En résumé, tout va bien. On voit le verre à moitié plein et ça rigole…  Et le Japon ne fait que monter.

Il n’y a plus de guerre en Ukraine, plus de chômage nulle part et plus de précarité. Le COVID n’a jamais existé et le monde est un monde parfait.

La semaine à venir

  • Les marchés américains seront fermés lundi à l’occasion de la fête du 19 juin (le nouveau jour férié américain)
  • Mardi, le Bureau du recensement américain publiera les mises en chantier et les permis de construire du mois de mai.
  • Mercredi et jeudi, le président de la Fed, Jerome Powell, témoignera devant le Congrès, dans le cadre de son témoignage semestriel sur la politique monétaire.

Le logement

Lundi, la National Association of Home Builders (NAHB) publiera son indice du marché du logement pour le mois de juin, un indicateur de la confiance des constructeurs d’habitations. Les économistes prévoient un indice de 48, soit une baisse de 2 points de pourcentage par rapport à l’indice de 50 publié en mai, qui était le plus élevé depuis juillet de l’année dernière. L’indice a rebondi depuis le début de l’année après avoir chuté pendant la majeure partie de l’année 2022, lorsque la forte hausse des taux hypothécaires a refroidi la demande de logements.Mardi, le Bureau du recensement américain publiera un rapport sur les mises en chantier et les permis de construire du mois de mai, un indicateur de la construction de logements et de l’offre globale. Les mises en chantier devraient augmenter légèrement pour atteindre 1,405 million d’unités, contre 1,401 million en avril et 1,34 million en janvier, le niveau le plus bas depuis deux ans.

Powell encore

Mercredi et jeudi, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, témoignera devant le Congrès, dans le cadre de son témoignage semestriel sur l’état de la politique monétaire. Ce témoignage interviendra une semaine après la dernière réunion du FOMC, au cours de laquelle les responsables politiques de la Fed ont décidé de maintenir les taux d’intérêt après les avoir relevés dix fois de suite dans le but de ralentir l’inflation. Bien que l’inflation ait nettement ralenti par rapport aux sommets atteints l’été dernier, le dernier graphique à points de la Fed suggère que les responsables pourraient relever le taux de référence des fonds fédéraux deux fois de plus cette année, pour le porter à 5,6 %, si l’inflation continue de s’emballer.

Thomas Veillet,

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