Six mois après le tremblement de terre en Haïti, le gouvernement par intérim et l’ONU organisent ce mercredi une conférence internationale pour financer la reconstruction tandis que le pays connaît une grave crise politique depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. L’objectif est de récolter deux milliards de dollars. Trois départements de la péninsule sud du pays ont été durement touchés : 130 000 maisons, 1 250 écoles et de nombreuses infrastructures ont été détruites.
Dans les zones sinistrées, la situation des survivants a peu évolué depuis la catastrophe du 14 août 2021. Les autorités manquent de moyens pour leur venir en aide. C’est pourquoi le gouvernement par intérim organise ce mercredi 16 février une conférence internationale pour financer la reconstruction.
Mais Haïti traverse aussi une grave crise politique depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021. Le gouvernement par intérim avec à sa tête le Premier ministre provisoire, Ariel Henry, sont contestés. Pour la nouvelle ministre haïtienne de la Culture et de la communication, Emmelie Prophète-Milcé, la crise institutionnelle ne devrait pas être un frein pour les donateurs potentiels. « Nous traversons une période politique particulière. Et ces trente dernières années, d’après moi, quasiment toutes les périodes politiques ont été particulières. Donc il y a beaucoup de contestation. C’est une situation un peu anormale, en dehors de la démocratie formelle. Donc, quel que soit celui ou celle qui serait là aujourd’hui, il ou elle serait contesté à bon droit », estime-t-elle.
La ministre appelle donc à mettre les débats politiques de côté face à l’urgence de la situation. « Aujourd’hui, il faut que nous pensions aux gens de la presqu’île du Sud, insiste-t-elle. Il nous faut faire confiance aux institutions et nous dire qu’il y a des choses qui ne peuvent pas attendre. Nous ne pouvons pas attendre pour commencer à penser la reconstruction de la presqu’île du Sud. Nous ne pouvons pas attendre pour faire des maisons, pour reconstruire des écoles, pour reconstruire des routes, et que chaque chose de faite, chaque chose de pensée le soit d’abord pour la population haïtienne qui attend et qui se trouve en dehors de ces débats pour le pouvoir. »
Des sinistrés « laissés pour compte »
Le séisme a particulièrement dévasté les zones rurales reculées. Dans ces villages à flanc de montagne, la population est livrée à elle-même. Michelson Samedi est infirmier à Jérémie, chef-lieu de la Grand’Anse. Toutes les semaines, il se déplace à pied dans les zones enclavées pour soigner un minimum les sinistrés du séisme.« Ces lieux-là sont vraiment très loin, ce sont des lieux très reculés. Les paysans sont délaissés, ils sont laissés pour compte, rapporte-t-il. Et la situation n’a pas changé, les personnes n’ont pas d’abri. Il n’y a même d’abris provisoires. Ce sont les citoyens, ces paysans-là qui font des petites tentes pour s’abriter et rester avec leurs enfants et leur famille. L’État et les organisations non gouvernementales, il n’y a pas vraiment d’efforts qui se font pour que ces gens-là aient une vie meilleure. Et ils n’ont pas un deuxième pays où aller, ils doivent vivre dans leur pays. Et ils doivent vivre comme des personnes humaines. »
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Rfi
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