10 décembre 2024
Paris - France
INTERNATIONAL

Crise à Haïti : comment un policier est devenu «barbecue», le chef de gang le plus puissant de Port-au-Prince

 Jimmy Chérizier faisait partie d’une unité d’élite de la police. Mais après quinze ans de services, il a décidé en 2018 de passer de l’autre côté et de devenir le chef du G9. Ses troupes ont attaqué samedi les deux principales prisons du pays, libérant plusieurs milliers de délinquants.

Jimmy Chérizier est le chef du gang le plus puissant de Port-au-Prince, le G-9. C’est un petit homme rondouillard et d’un abord sympathique qui nous a accueilli en juillet dernier dans son fief de Delmas 6, vêtu d’un t-shirt blanc avec l’inscription «bon anniversaire Babe». Il voulait nous montrer son projet : la construction d’une école pour les enfants du quartier. «Je suis né en province car c’est la tradition ici pour les femmes d’aller accoucher à la campagne. Mais depuis l’âge de neuf ans, j’habite ce quartier. La moitié des enfants n’ont aucun accès à une éducation en Haïti. L’État est totalement absent des quartiers. Les seules écoles qui existent sont payantes et ne sont pas à la portée de la plupart des familles haïtiennes. Alors j’ai décidé d’offrir aux enfants de mon quartier la chance d’être éduqué.»

Nouvelles violences en Haïti : des gangs affirment vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry

Tirs près d’une prison et de l’aéroport, soins menacés dans les hôpitaux… Les violences se sont poursuivies vendredi en Haïti, où des gangs, réunis sous le label « Vivre ensemble », mènent depuis jeudi des attaques coordonnées dans la capitale et affirment vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry.

Pour entrer dans son quartier, un lourd portail métallique de couleur verte bloque la rue. La sécurité armée est très discrète mais bien présente. Plusieurs hommes armés de…

Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 80% à découvrir.

Les violences qui frappent Port-au-Prince, capitale d’Haïti, se sont poursuivies, vendredi 1er mars, selon plusieurs sources citées par l’AFP, des gangs affirmant même vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry.

Depuis le début de ces tensions jeudi, au moins quatre policiers ont été tués et des dizaines de personnes ont été blessées, dans un pays en proie à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire.

Des gangs, réunis sous le label « Vivre ensemble », mènent depuis jeudi des attaques coordonnées dans la capitale, en visant notamment des sites stratégiques comme la prison civile, l’aéroport international et des bâtiments de police.

Jeudi, un puissant chef de gang a affirmé agir pour « obtenir le départ du Premier ministre Ariel Henry ».

Ce dernier n’est pas à Port-au-Prince : il a signé vendredi à Nairobi un accord pour l’envoi de policiers kényans dans l’île, dans le cadre d’une mission internationale soutenue par les Nations unies visant à lutter contre la violence des bandes criminelles qui gangrène le pays.

Sur place, une dizaine de policiers ont protesté devant les locaux de leur direction générale, réclamant que tout soit mis en œuvre pour récupérer les dépouilles de leurs quatre collègues policiers tués jeudi.

Des rues de Port-au-Prince étaient bloquées vendredi par des barricades de pneus enflammés.

Dans les hôpitaux, le chiffrage des blessés commence. Une source de l’Hôpital de l’université d’État d’Haïti, l’un des plus grands hôpitaux publics de la capitale, a fait savoir que pas moins de 25 blessés avaient été reçus jeudi.

En Haïti, « Port-au-Prince est comme une ville en guerre »

Dans les deux centres de Médecins sans frontières (MSF), situés dans les quartiers de Tabarre et de la Cité Soleil, si les chiffres d’admissions sont stables à au moins une quinzaine par jour, « les blessés proviennent de partout maintenant. Il n’y a plus de zone tranquille », a confié à l’AFP Mumuza Muhindo, le chef de mission de l’ONG.

« Il devient compliqué pour notre personnel de se rendre dans nos centres », a-t-il ajouté.

L’humanitaire s’inquiète aussi de l’approvisionnement en médicaments. « Nous avons des containers bloqués à la douane. Nous n’avons pas pu les faire sortir hier (jeudi) à cause des troubles. Si la situation reste telle qu’elle est, ce sera compliqué pour continuer à maintenir nos activités », a-t-il alerté.

À l’aéroport international Toussaint-Louverture, malgré les tirs à proximité, les vols à destination des États-Unis et de la République dominicaine ont repris vendredi, a affirmé à l’AFP une source proche des compagnies aériennes.

Face à des « tirs nourris » et des « perturbations de la circulation » près de l’aéroport, l’ambassade américaine a cependant annoncé sur son site internet interrompre ses transferts entre ses installations et l’aéroport.

source AFP