Ayidissa, dont le nom signifie « Vous allez en parler », est originaire du Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire. Elle est artiste chanteuse, auteur compositeur ivoirienne. Sa musique s’inspire des concepts traditionnels Godié.
Auteur du titre à succès « Digbô », Ayidissa ou Juliette Gbratto, de son vrai nom à l’état-civil, est issue d’une famille de chansonniers godié, groupe ethnique situé dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Dans cet entretien, l’artiste nous raconte son parcours musical, ses relations avec la présidence de la République et ses projets.
AYIDISSA une voix une culture
Ayidissa est une artiste de la Côte d’Ivoire. Elle est compositrice et interprète de musique tradi-moderne.
Créatrice passionnée , Ayidissa a participé à de nombreux festivals autour du groupe et décroché de belles distinctions, notamment le prix Poro music de la meilleure artiste tradi-moderne de la Cote d’Ivoire en 2016, ainsi qu’un Dodo award et un trophée du Marché des Arts du Spectacle d’Abidjan (MASA) en 2022.
C’est une véritable débauche d’énergie sur scène. Une voix haut perchée , succulante, envoutante, agréable surprise pour les mélomanes qui la découvrent . Ayidissa,
Ayidissa le porte étendard de la musique traditionnelle dans ce monde en pleine évolution, surtout au niveau de la musique.
« Je suis issue d’une famille qui fait de la musique, mais de façon folklorique. Mon père, ma mère et mes frères sont tous des chanteurs, mais ils ne sont pas connus. J’ai été bercée par la musique traditionnelle godié. Toute petite, en classe primaire, je chantais déjà. Plus grande, j’ai pu faire la rencontre de personnes qui m’ont encouragée à me lancer dans la musique de manière plus professionnelle. J’ai commencé dans un orchestre à San-Pedro (Sud-Ouest) puis à Man (Ouest), dans un piano-bar. J’y ai fait la rencontre, dans la foulée, de l’arrangeur David Tayorault, qui a par la suite arrangé mon premier titre Digbô, un maxi single, en 2015 puis mon second album « Richesse », composé de dix titres, en 2019.
Parlant de son titre à succès « Digbô »
Cette chanson raconte, en quelque sorte, le quotidien difficile des Ivoiriens ou toute autre nationalité vivant en Côte d’Ivoire, pendant ces années difficiles de remous socio-politiques. J’ai particulièrement mal vécu cette situation puisqu’en 2002, aux premières heures de la rébellion, j’ai marché 55 kilomètres de distance, pendant deux jours, de Zuénoula à Vavoua (centre ouest ivoirien). J’en ai gardé un mauvais souvenir d’apprendre que des femmes ont été violées, des hommes massacrés. Dans cette chanson, je formule une prière demandant à Dieu de dire un mot pour que toutes les guerres, dans ce monde, s’arrêtent. Je dis : « Dieu père, tu es mon créateur, tu es mon bouclier, tu es mon réconfort, tu détiens mon souffle de vie, c’est pour cela je t’invoque. Chez moi est détruit, les armes chantent, les enfants pleurent, les vieillards courent ». Cette prière n’est pas que pour la Côte d’Ivoire, mais également la République Démocratique du Congo, la Syrie et autres pays en guerre.
La présidence de la République de Côte d’Ivoire a adopté votre chanson « Digbô » qu’elle joue quasiment en boucle, lors des cérémonies au Palais.
Je ressens beaucoup de joie et de fierté de savoir que ma chanson est jouée dans les cérémonies présidentielles, en présence de personnes de qualité. Je me réjouis également que ces cérémonies soient diffusées à la télévision. Cela montre que nous faisons un travail de qualité, un travail bien fait. En même temps, ce serait vraiment intéressant que je puisse être invitée par la présidence de la République pour chanter en live devant le président Alassane Ouattara. C’est vrai que j’ai pu avoir l’occasion de chanter devant des hautes personnalités du pays, mais devant le premier des Ivoiriens ce serait un honneur.
Projets
J’ai un album en projet pour 2024. Pour moi, ce n’est pas sortir les albums qui est l’objectif. Un album doit être mis sur le marché avec des titres de qualité. Les artistes comme nous, qui n’ont pas de producteurs, ne peuvent pas se permettre de faire sortir des albums tout le temps. Il faut, par la suite, un suivi, c’est-à-dire faire la promotion de l’album et organiser des dates pour les spectacles de l’artiste Ayidissa.
Après une tournée en suisse au mois de mai , elle entame une série de dates en juillet au festival de Blois en France .
Une voix frissonnante avec une prestation scénique à satisfaire les papilles gustatives des mélomanes.
Jean Moliere