19 mai 2024
Paris - France
POLITIQUE

Après les élections en RDC, tensions et appels à la « retenue »

Élections en RDC: dans l’attente des résultats, un climat de contestation s’installe dans l’opposition
Alors qu’on a encore voté ce dimanche dans quelques bureaux de vote, notamment dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), la Commission électorale a continué la publication circonscription par circonscription des résultats provisoires de l’élection présidentielle. Entre-temps, l’atmosphère diffère considérablement selon que l’on se trouve du côté du pouvoir ou de l’opposition. Les opposants appellent à l’organisation de nouvelles élections tandis que les équipes du président sortant expriment leur confiance.
« Déclaration politique sur la fraude », c’est le titre du communiqué diffusé par Moïse Katumbi et ses alliés politiques qui estiment que le processus électoral est « bâclé et frauduleux ». Un communiqué repris ce dimanche lors d’une conférence de presse. Au micro, le porte-parole du candidat, Hervé Diakiese a notamment appelé à « l’annulation immédiate des élections […]. La fraude ayant tout corrompu, nous ne pouvions penser qu’à une simple logique : l’annulation pure et simple de cette mascarade, cette farce indigne du peuple congolais. »

Avant Moïse Katumbi, ce sont Martin Fayulu et Denis Mukwege qui ont dénoncé un « simulacre d’élections » et appelé notamment à une manifestation mercredi prochain. À Faden House, l’Hôtel de Martin Fayulu, l’atmosphère est électrique. Les militants de Lamuka expriment leur colère dans l’une des dernières réunions avant la manifestation prévue mercredi. Martin Fayulu, lui, se dit déterminé à obtenir l’organisation de nouvelles élections, explique-t-il au micro de notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. « Nous n’attendons pas les résultats. La fraude corrompt tout. Il y a des bureaux de vote, surtout, on sait que je suis le plus fort, qui n’ont pas ouvert. À Masimanimba, dans les provinces de Kwilu, ils n’ont pas organisé les élections ».
« Tandis que le décompte des voix se poursuit, nous appelons toutes les parties prenantes (…) à continuer de faire preuve de retenue », ont écrit dans une déclaration commune les ambassades de 12 pays d’Europe et celle du Canada. Celle des Etats-Unis avait fait de même vendredi soir.

Près de 44 millions d’électeurs, sur environ 100 millions d’habitants de cet immense pays d’Afrique centrale, étaient appelés à élire mercredi leur président, leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux.
Le chef de l’Etat sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat face à 18 autres candidats, dont plusieurs poids lourds de l’opposition qui avaient dénoncé dès mercredi le « chaos » entourant le vote.

Face aux multiples problèmes logistiques, le scrutin a été prolongé par la commission électorale (Céni). Officiellement, il est terminé depuis jeudi soir mais, selon des sources locales, il s’est poursuivi dans des zones reculées de plusieurs provinces.

Par exemple, dans le territoire de Lubero, dans le Nord-Kivu (est), le matériel électoral est arrivé samedi en hélicoptère dans le village de Mabuo, pour être ensuite acheminé à pied dans quatre autres localités (Engobo, Lenda, Bududia, Isange), a déclaré à l’AFP Macaire Kambau Sivikunula, le chef du secteur de Bapere, qui regroupe ces localités.

En raison d’une « dérogation spéciale » de la Céni, « le vote aura lieu demain (dimanche) sur ces cinq sites », a-t-il ajouté.
Jean Moliere/source AFP

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