10 décembre 2024
Paris - France
ECONOMIE

Ambroise Fayolle (BEI): << Abidjan sera notre deuxième pôle régional en Afrique » 

Ambroise Fayolle, vice-president de la Banque Europeenne d’Investissement (BEI), en visite chez l’equipementier aeronautique Daher, le 14 Octobre 2016 a Saint-Aignan-de-Grandlieu pres de Nantes, Ouest de la France. (Photo by Alain DENANTES/Gamma-Rapho via Getty Images)

Le viceprésident de l’institution multilatérale, qui a fait escale à Madagascar en juillet durant son dernier roadshow sur le continent, rappelle la nécessité de soutenir des projets risqués, de l’électricité solaire à l’agroalimentaire 

Madagascar au programme de la Banque européenne d’investissement (BEI). Ambroise Fayolle, son viceprésident, était de passage dans la Grande Île, fin juillet, à l’occasion notamment de l’annonce d’un prêt à WeLight, un 

concepteur et distributeur de miniréseaux électriques solaires (minigrids), filiale du groupe Axian. L’occasion d’élargir la discussion sur les investissements similaires réalisés par la BEI en Afrique, premier continent destinataire des financements en dehors de l’Europe, avec environ la 

moitié des 10 milliards d’euros d’enveloppe hors Union européenne provisionnés sur un volume total de 65 milliards d’euros

Guinée, Tchad, Mali: la BEI signe un chèque «< vert >> de 340 millions d’euros 

Jeune Afrique : Vous avez accordé un prêt de 10 millions d’euros à WeLight qui devrait permettre de fournir de 

l’électricité à un total de 172 villages et environ 400 000 personnes, en 2024. Pourquoi avoir choisi cet opérateur parmi la multitude d’acteurs dans les minigrids

Ambroise Fayolle : WeLight s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la BEI, en tant que banque du climat de l’Union européenne (UE), de réduction de la pauvreté, de 

décarbonation de l’économie, tout en améliorant l’indépendance énergétique. Nous apprécions par ailleurs la 

valeur ajoutée complémentaire des actionnaires : Axian, un acteur majeur du secteur privé à Madagascar; Sagemcom, avec son expertise dans les télécoms et l’énergie ; et le fonds souverain norvégien Norfund. Pour ne donner que 

quelques exemples de notre soutien aux énergies renouvelables sur le reste du continent, au Kenya, nous 

avons financé un site éolien, avec la Banque Africaine de développement (BAD), et un site géothermique, avec l’aide 

du Japon. Au Sénégal, en collaboration avec IFC et Proparco, nous participons au programme « scaling solar ». Nous proposons des tarifs compétitifs, qui démontrent que les énergies fossiles ne sont pas moins chères

À Madagascar, vous avez aussi réalisé un prêt de 20 millions d’euros pour l’entrepralimentaire Sahanala. 

Qu’estce qui vous a séduit dans cette entreprise

Nous avons été impressionnés par la solide équipe de direction de Sahanala et par la gouvernance inclusive, avec des fournisseurs également propriétaires de l’entreprise. Sahanala dispose aussi d’un portefeuille de produits diversifié réparti dans tout le pays. Cependant, le risque est 

considéré comme élevé, en raison de la volatilité du marché 

de la vanille et de la vulnérabilité du secteur 

agroalimentaire malgache. Ailleurs, au Kenya, au Malawi

en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Zambie, nous avons octroyé des financements à des banques locales, destinées au secteur agricole et assortis de services de conseil ciblés

La BEI a investi des dizaines de millions d’euros dans des 

projets de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité. La Banque doitelle jouer un rôle dans le 

redressement de la société, qui endommage l’économie malgache à cause des incessantes coupures d’eau et 

d’électricité

La BEI finance des projets, pas des organisations. La Banque 

n’a aucun rôle dans la gestion de la Jirama. Notre engagement est de garantir que le projet respecte nos normes, et qu’il ait l’impact escompté. Et nous pratiquons 

un suivi très sérieux

Ambroise Fayolle (BEI) : « Le continent est plus que jamais une priorité pour nous >> 

Quels étaient les points centraux de votre visite en Côte d’Ivoire, miseptembre

J’ai eu l’honneur de m’entretenir avec le viceprésident de la République, Tiémoko Meyliet Koné, ainsi qu’avec plusieurs membres du gouvernement, pour faire le point sur nos 

projets dans l’énergie, l’eau, la gestion durable des villes, la microfinanceÀ Abidjan, nous venons de créer notre deuxième pôle régional en Afrique, après celui de Nairobi

LE FABRICANT LE MOINS CHER N’EST PAS TOUJOURS LE MEILLEUR 

Nous avons également signé plusieurs financements, dont 

un prêt de 65 millions d’euros à Atlantic Business International, filiale ouestafricaine du groupe Banque Atlantique, pour soutenir les entreprises de Côte d’Ivoire, du 

Burkina Faso et du Sénégal. Des prêts aux institutions financières Cofina Côte d’Ivoire (16 millions d’euros) et Cofina Sénégal (10 millions d’euros) ont également été 

signés pour renforcer les chaînes de valeur agricoles. Ces opérations sont parmi les premières du nouvel Accord 2023-2027, de 4 milliards d’euros, entre la Commission 

européenne et la BEI, pour le secteur privé en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique

L’Europe, la Chine et les ÉtatsUnis se livrent une guerre 

commerciale dans la maîtrise des chaînes de valeur des 

énergies renouvelables. Pour favoriser l’industrie européenne, dans les projets que vous financez, existetil 

des conditions sur le choix des fournisseurs

Nous n’imposons aucune condition stricte quant au choix des fournisseurs. Les projets sont soumis aux règles de le 

passation des marchés publics de l’UE pour garantir un processus ouvert, transparent et équitable. Et le fabricant moins cher n’est pas toujours le meilleurLa BEI soutient la 

compétitivité de l’UE en finançant les industries, et la Commission a aussi mis en place une stratégie de développement de l’indépendance économique

JA Finance climat : « La BEI veut être plus impliquée en Afrique >> > Tech, banque, agriculture: BEI Monde débloque 62 

millions d’euros pour le secteur privé africain.

JM . Source :  JA