Le vice–président de l’institution multilatérale, qui a fait escale à Madagascar en juillet durant son dernier roadshow sur le continent, rappelle la nécessité de soutenir des projets risqués, de l’électricité solaire à l’agroalimentaire.
Madagascar au programme de la Banque européenne d’investissement (BEI). Ambroise Fayolle, son vice–président, était de passage dans la Grande Île, fin juillet, à l’occasion notamment de l’annonce d’un prêt à WeLight, un
concepteur et distributeur de mini–réseaux électriques solaires (mini–grids), filiale du groupe Axian. L’occasion d’élargir la discussion sur les investissements similaires réalisés par la BEI en Afrique, premier continent destinataire des financements en dehors de l’Europe, avec environ la
moitié des 10 milliards d’euros d’enveloppe hors Union européenne provisionnés sur un volume total de 65 milliards d’euros.
Guinée, Tchad, Mali: la BEI signe un chèque «< vert >> de 340 millions d’euros
Jeune Afrique : Vous avez accordé un prêt de 10 millions d’euros à WeLight qui devrait permettre de fournir de
l’électricité à un total de 172 villages et environ 400 000 personnes, en 2024. Pourquoi avoir choisi cet opérateur parmi la multitude d’acteurs dans les mini–grids ?
Ambroise Fayolle : WeLight s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la BEI, en tant que banque du climat de l’Union européenne (UE), de réduction de la pauvreté, de
décarbonation de l’économie, tout en améliorant l’indépendance énergétique. Nous apprécions par ailleurs la
valeur ajoutée complémentaire des actionnaires : Axian, un acteur majeur du secteur privé à Madagascar; Sagemcom, avec son expertise dans les télécoms et l’énergie ; et le fonds souverain norvégien Norfund. Pour ne donner que
quelques exemples de notre soutien aux énergies renouvelables sur le reste du continent, au Kenya, nous
avons financé un site éolien, avec la Banque Africaine de développement (BAD), et un site géothermique, avec l’aide
du Japon. Au Sénégal, en collaboration avec IFC et Proparco, nous participons au programme « scaling solar ». Nous proposons des tarifs compétitifs, qui démontrent que les énergies fossiles ne sont pas moins chères.
À Madagascar, vous avez aussi réalisé un prêt de 20 millions d’euros pour l’entrepralimentaire Sahanala.
Qu’est–ce qui vous a séduit dans cette entreprise ?
Nous avons été impressionnés par la solide équipe de direction de Sahanala et par la gouvernance inclusive, avec des fournisseurs également propriétaires de l’entreprise. Sahanala dispose aussi d’un portefeuille de produits diversifié réparti dans tout le pays. Cependant, le risque est
considéré comme élevé, en raison de la volatilité du marché
de la vanille et de la vulnérabilité du secteur
agroalimentaire malgache. Ailleurs, au Kenya, au Malawi,
en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Zambie, nous avons octroyé des financements à des banques locales, destinées au secteur agricole et assortis de services de conseil ciblés.
La BEI a investi des dizaines de millions d’euros dans des
projets de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité. La Banque doit–elle jouer un rôle dans le
redressement de la société, qui endommage l’économie malgache à cause des incessantes coupures d’eau et
d’électricité ?
La BEI finance des projets, pas des organisations. La Banque
n’a aucun rôle dans la gestion de la Jirama. Notre engagement est de garantir que le projet respecte nos normes, et qu’il ait l’impact escompté. Et nous pratiquons
un suivi très sérieux.
Ambroise Fayolle (BEI) : « Le continent est plus que jamais une priorité pour nous >>
Quels étaient les points centraux de votre visite en Côte d’Ivoire, mi–septembre ?
J’ai eu l’honneur de m’entretenir avec le vice–président de la République, Tiémoko Meyliet Koné, ainsi qu’avec plusieurs membres du gouvernement, pour faire le point sur nos
projets dans l’énergie, l’eau, la gestion durable des villes, la microfinance… À Abidjan, nous venons de créer notre deuxième pôle régional en Afrique, après celui de Nairobi.
LE FABRICANT LE MOINS CHER N’EST PAS TOUJOURS LE MEILLEUR
Nous avons également signé plusieurs financements, dont
un prêt de 65 millions d’euros à Atlantic Business International, filiale ouest–africaine du groupe Banque Atlantique, pour soutenir les entreprises de Côte d’Ivoire, du
Burkina Faso et du Sénégal. Des prêts aux institutions financières Cofina Côte d’Ivoire (16 millions d’euros) et Cofina Sénégal (10 millions d’euros) ont également été
signés pour renforcer les chaînes de valeur agricoles. Ces opérations sont parmi les premières du nouvel Accord 2023-2027, de 4 milliards d’euros, entre la Commission
européenne et la BEI, pour le secteur privé en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique.
L’Europe, la Chine et les États–Unis se livrent une guerre
commerciale dans la maîtrise des chaînes de valeur des
énergies renouvelables. Pour favoriser l’industrie européenne, dans les projets que vous financez, existe–t–il
des conditions sur le choix des fournisseurs ?
Nous n’imposons aucune condition stricte quant au choix des fournisseurs. Les projets sont soumis aux règles de le
passation des marchés publics de l’UE pour garantir un processus ouvert, transparent et équitable. Et le fabricant moins cher n’est pas toujours le meilleur… La BEI soutient la
compétitivité de l’UE en finançant les industries, et la Commission a aussi mis en place une stratégie de développement de l’indépendance économique.
JA Finance climat : « La BEI veut être plus impliquée en Afrique >> > Tech, banque, agriculture: BEI Monde débloque 62
millions d’euros pour le secteur privé africain.
JM . Source : JA