Moustapha Diaby met l’humain au centre de son management voire l’entrepreneuriat à dimension sociale. Un modèle de réussite pour les jeunes entrepreneurs , une valeur d’exemple, par sa rigueur dans la gestion, de la diaspora.
Continent Media :Pouvez-vous vous présenter ?
BMD: Je m’appelle (Blanchard) Moustapha Diaby chef d’entreprise d’origine ivoirienne.
Je dirige un groupe d’entreprises dans la sécurité, le nettoyage ; SAMA France et dans le transport ;AMT .
CM : Depuis combien votre groupe existe-t-il ?
« La crédibilité d’une entreprise dépend d’une comptabilité saine ; cela engendre la confiance du banquier et il est prêt à vous accompagner »
La société de transport existe depuis 2006 et la sécurité-gardiennage a vu le jour en 2009.
Nous avons une centaine de salariés dans le groupe et il se porte bien . Nous sommes en plein développement.
CM : Quel est le secret de la pérennisation de votre groupe
Un oncle me disait que la durée de vie d’une entreprise dirigée par un Africain est de 2 ans et qu’il ne voulait pas travailler avec moi. Nous avons fait appel à des expertises des jeunes de la diaspora , dans les domaines qui sont les nôtres, en somme on s’est bien entouré pour mieux être accompagné. On a crée un centre de formation en sécurité-gardiennage pour mieux répondre à nos besoins au niveau des ressources humaines.
La survie surtout d’une entreprise passe une comptabilité saine. Nous avons un service comptabilité, des conseillers, experts en management qui viennent régulièrement qui nous donnent des orientations pour s’adapter aux conjonctures factuelles. Ce qui incite la banque à nous accompagner. Donc quand nous avons des difficultés , c’est à ces expertises que nous nous adossons . Nous devons avoir des entreprises flexibles c’est-à- dire qui s’adaptent aux situations ( caméléons). La variété des compétences nous a permis de s’adapter aux temps, ce qui dénote notre longévité.
CM : Quel est le profil d’un bon entrepreneur africain
« La patience doit être sa marque de fabrique et être structuré».
Il faut éviter de confondre le capital , le chiffre d’affaires et les bénéfices, voilà le mal qui ronge l’entreprenariat africain de la diaspora. Lorsque nous présentons le bilan annuel, notre banque est prête à nous accompagner. Même pendant la période de COVID-19 , nous avons maintenu les salaires grâce à l’accompagnement et au soutien de notre banque. Notre politique de RSE , hormis le volet économique, tourne autour du volet social et environnemental . Ce qui fait notre force.
Beaucoup de chefs d’entreprises sont pressés d’investir simultanément en Afrique et en Europe , c’est quasiment est impossible. Lorsque vous n’êtes pas structurés, cela a un impact désastreux sur le bilan et la banque ne peut pas vous accompagner dans ce cas là.
CM : La politique de formation
« Je place l’humain au cœur de mes actions »
Pour moi, la meilleure façon de diriger c’est d’être soi-même formé, donc j’ai suivi toutes les formations de gardienne du plus petit au dernier diplôme . Donc j’ai déduit qu’un bon dirigeant doit former ses collaborateurs , donc Savané , un ami ivoirien et moi , nous avons créé ce centre de formation pour mieux répondre à nos besoins au niveau de ressources humaines. Cette formation permet le recyclage et la remise à niveau de nos agents de sécurité. Depuis la loi de 2021 a ralenti notre action de formation qui nous permettait d’aider nos frères qui venaient d’avoir de leurs titres de séjours d’avoir la formation et la qualification pour déboucher sur une embauche aussi . Mais avec la loi globale , il faut 5 ans de résidence sur le territoire français avant d’opérer dans le domaine de la sécurité privée aujourd’hui. Ce qui fait que notre centre de formation tourne actuellement au ralenti. Mais nous sommes structurés. Pour nous c’était une façon de participer à l’organisation e l’insertion et à la socialisation de nos frères de la diaspora. En somme, nous formons et cela débouche sur un contrat de travail immédiatement.
CM : Dans le domaine des transports
C’est mon jeune frère, c’est lui qui a reçu la formation à cet effet , donc c’est lui qui gère le domaine des transports . Nous mutualisons nos moyens mais chacun a son domaine de compétences.
Nous suivons même la démarche que celle de nos agents de sécurité , nous envoyons nos salariés dès qu’ils leur permis de conduire, en formation de logistique , poids lourds et à la fin de la formation , ils reçoivent un contrat d’embauche ou on leur permet d’aller ailleurs . En ce qui nous concerne, nous avons dans une politique de socialisation et d’insertion de la communauté diasporatique et cela qui guide nos actions.
« Nous sommes représentés en Côte d’Ivoire, avec nos propres bus et gares routières , nous avons 10 bus +5 minibus»
Au niveau du transport, nous ne sommes limités territorialement donc nous avons exporter notre expertise au niveau de la Côte d’Ivoire où le gouvernement a dévelopé les infrastructures routières. Notre politique consiste à participer au développement du transport en commun avec des moyens techniques plus modernes . Nous avons dans notre parc des cars modernes qui répondent aux besoins des usagers et aux normes environnementales. Nous voulons amener les Ivoiriens à utiliser de moins en moins leurs véhicules et utiliser les moyens de transports en commun avec tout le confort qui va avec, voilà notre but.
« Desserte de nos bus : Abidjan-Odienné »
Nous avons choisi la plus longue distance Abidjan-Odienné pour tester la fiabilité de nos bus qui sont au nombre de 15 et aussi nos routes.
Nous avons choisi CRC qui est le leader mondial du ferroviaire pour nous fournir en Bus et nous sommes également leur représentant en Afrique de l’Ouest pour développer la marque et défendre son image. Cela fait une année que nous avons débuté l’activité en Côte D’Ivoire et le retour des chauffeurs et des usagers est satisfaisant. Nous sommes en partenariat avec OraBank pour avoir au sein de nos gares qui seront ultra-modernes : Odienné, Adjamé, Abobo, Agboville ,un centre commercial afin de permettre à notre clientèle de faire les courses avant de partir. Et également, nous sommes en étude avec le cabinet d’expertise comptable Lobougnon pour mettre en place le paiement en ligne de nos tickets. Ce qui réduirait le temps d’attente dans nos usagers.
CM : Vous êtes homme également homme politique
Je me suis présenté aux dernières législatives mais je n’ai été élu. Mais j’ai deux challenges dans ma vie : je veux apporter mon savoir-faire à ma région et à mon pays au niveau de la sécurité et du gardiennage. On peut améliorer le domaine de la sécurité dans nos différents pays par la formation. J’ai remarqué quand il y’a un incendie dans nos pays, on a du mal à le maîtriser ,pourquoi. Parce qu’il y’a un déficit de formation. si nos agents sont bien formés , ils le départ du feu et circonscrire rapidement le feu ou donner l’alerte au secours de sorte à savoir quels moyens d’extinction qu’il faut utiliser pour d’énormes dégâts.
Au niveau de la sécurité privée ( la sureté) , on doit travailler au niveau du recrutement, être sélectif. On ne peut pas recruter un repris de justice pour garder une banque , il va servir d’indicateur. C’est cette expertise nous voulons apporter dans nos pays.
En ce qui concerne le transport ; il faut moderniser le transport. La plupart des Africains sont l’informel. Il faut restructurer tout cela. Pour bénéficier de la retraite , il faut bien cotiser donc il faut sensibiliser nos frères à sortir de l’informel.
« Création d’un réseau d’hommes d’affaires africains de la diaspora »
Et deuxième lieu , la création d’un réseau d’hommes d’affaires de la diaspora. Ce réseau sera une sorte de force active au sein de la diaspora et il va entretenir des relations dans le respect mutuel avec nos pays. Si aujourd’hui, le développement est arrivé en Asie ( 4 dragon : Chine, Taiwan, Corée du Sud, japon) c’est par un socle. Donc nous pouvons imiter ce qui se fait de bien ailleurs.
Ces pays ont envoyé leurs fils aux Etats-Unis et après leur formation, ils ont mis leurs expertises au service de leurs pays et donc pourquoi pas nous. Créer ce réseau qui va identifier les différents marchés, les possibilités d’investissements, rechercher les profils ( main-d’œuvre qualifiée) et trouver des financements. Mais cela nécessite que les gouvernants puissent accepter le retour de ces intellectuels , experts et accompagner la réalisation et la mise en œuvre de ces projets structurants. Cela nous tient à cœur mais cela ne peut sans une mutualisation de nos moyens voire un réseau fort.
D’où ma candidature aux législatives dernières en Côte D’Ivoire pour porter des propositions de loi à l’Assemblée Nationale afin de la mise de ces projets.
En conjuguant nos efforts ensemble au niveau de la diaspora, nous influer sur les décisions dans nos pays. Par exemple, nous sommes entrain d’étudier PNB ( Produit National Brut) de la Côte D’Ivoire, à partir ce constat , nous saurons identifier les secteurs d’activités où il y’a des besoins . Pour que la diaspora soit respectée par nos dirigeants, elle doit de porter des projets de développement pour nos pays. Si cela peut passer aussi par des postes politiques. Nonobstant, la diaspora regorge beaucoup de personnes qualifiées dans la diaspora . Cette idée commencer de prendre corps dans la diaspora
Vous êtes souvent sollicité par les associations de la diaspora
Avant d’accepter la sollicitation, je regarde l’objet de l’association et le but de la manifestation. Si c’est une manifestation qui réunit que les gens d’une même région et qui ne prône pas l’unité, je refuse d’y associer mon image. Je suis un rassembleur donc je n’ai les manifestations sectaires, claniques. Je suis pour les actions humanitaires ou en mettant en exergue la réconciliation, l’union, la solidarité, j’apporte mon soutien total.
CM : L’adresse aux Africains de la diaspora qui sont dans l’informel .
Il faut mutualiser nos talents , au lieu d’être individualiste, d’où la nécessité de créer ce réseau . il est temps d’être solidaire . Il faut accepter d’être accompagné .
Nous ne voulons pas créer un groupe d’intellectuels ou de chefs d’entreprises seulement mais nous avons besoin tout talent de la diaspora selon son domaine de compétences pour s’entraider, mutualiser nos forces et faire bouger les lignes voire révolutionner l’entreprenariat africain. Donc je lance un appel aux médias de nous aider à relayer l’idée.
« Conférence à Paris : dérive des Africains sur les réseaux en octobre prochain»
Pour ce faire, j’organise une conférence le 1er octobre 2022 à Paris sur les dérives sur les réseaux sociaux . L’Africain par essence a la crainte de Dieu. Je veux interpeler chacun de nous à la retenue, à la modération car l’Africain par notre culture c’est l’amour,la tolérence, la fraternité, le pardon et respect. Ne perdons nos valeurs intrinsèques.
Jean Molière
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