ENTRETIEN. L’École normale supérieure innove à travers de nouveaux programmes avec l’Afrique, le philosophe sénégalais en explique tout le sens et la portée dans le contexte actuel.
Ancien élève de l’École normale supérieure, Souleymane Bachir Diagne est agrégé et docteur d’État en philosophie.
Mais qui est Souleymane Bachir Diagne considéré comme l’un des cinquante penseurs du siècle ?
Après avoir enseigné la philosophie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, puis à celle de Northwestern, à Chicago, Souleymane Bachir Diagne est aujourd’hui professeur dans les départements d’Études francophones et de Philosophie de l’université de Columbia, à New York, dont il dirige également l’Institut d’études africaines (IAS). Ces dernières années, en plus d’écrire des livres majeurs comme Comment philosopher en islam ? (Philippe Rey/Jimsaan, 2013), En quête d’Afrique(s), universalisme et pensée décoloniale (avec Jean-Loup Amselle, Albin Michel, 2018), La Controverse (avec Rémi Brague, Stock, 2019), Le Fagot de ma mémoire (Philippe Rey, 2021), De langue à langue (Albin Michel, 2022), pour ne citer que ceux-là, il est sans cesse sur le terrain.
Ainsi, à Dakar, dès le lancement des Ateliers de la Pensée, en 2017, on le retrouve, aux côtés des penseurs Achille Mbembé et Felwine Sarr, pour jeter les bases d’un projet commun à la fois intellectuel et symbolique pour pallier le défaut de réflexion à partir du continent sur le continent et le monde. À Paris, c’est avec Frédéric Worms, le directeur de l’ENS, que les échanges se densifient, pour aboutir à plusieurs initiatives concrètes, dont le cours « Nouvelles compréhensions du monde », porté par deux universités phares du Continent – Iba Der Thiam à Thiès, au Sénégal, et Witwatersrand à Johannesbourg, en Afrique du Sud – et en collaboration avec le Campus de l’Agence française de développement.
Dans ce sillage a également été lancé le podcast « Modernités africaines », six épisodes pour permettre à un plus grand public de plonger au cœur des débats en cours sur les grandes problématiques du monde depuis une perspective africaine. Ce mardi matin, c’est sous un soleil radieux que l’on retrouve Souleymane Bachir Diagne, premier Sénégalais à intégrer l’ENS dans les années 1970, confortablement installé dans l’historique bureau du découvreur du vaccin contre la rage, Louis Pasteur. Rencontre.
Le Point