19 avril 2024
Paris - France
CULTURE

Seynabou Sonko son premier roman « Djinns ». L’excellence de la plume africaine

Seynabou Sonko est née en 1993, à Paris. Elle a étudié les lettres modernes à Montréal et à Bruxelles. Ses textes ont été publiés dans la revue Sabir et dans la revue Muscle. Parallèlement à l’écriture, elle fait de la musique sous le nom de Naboo, et anime des ateliers d’écriture.

Pour un premier roman, la Franco-sénégalaise  S. Sonko a frappé un grand coup de plume dans le monde littéraire de la francophonie. Ce roman  met en relief  les  maux de la société africaine où le poids des traditions et des religions pèsent sur le regard porté sur les uns et les autres voire  les rumeurs, les préjugés … Elle traite ces sujets avec acuité à travers  les sociétés de l’Afrique de l’Ouest et celles de l’Afrique centrale. .

Selon sa Mami Pirate, Penda a deux « djinns », l’un est noir, l’autre est blanc. Lequel a réussi à la faire virer de la supérette dans laquelle elle travaille ? Et comme si une mauvaise nouvelle ne pouvait jamais arriver seule, c’est ce même jour que Jimmy, le jeune voisin-ami dont la mère a disparu et sur lequel Penda et sa Mami veillent, est interné en hôpital psychiatrique. Sauver Jimmy, voilà la mission que les deux femmes se donnent. Pour cela il faut que la vielle femme guérisseuse initie sa petite fille aux traditions gabonaises, afin qu’elle puisse laver l’âme de son ami de sa maladie. Tiraillée entre deux cultures et deux croyances, ballotée entre l’univers de Mami Pirate et celui des jeunes de son quartier, Penda hésite, tergiverse, essaie. Un premier roman remarquable où les conflits de l’héroïne font écho à ceux de la société actuelle – avec verve, intelligence, humour et tendresse.

La seule chose à faire pour l’instant c’était d’attendre. Attendre qu’on le laisse sortir et qu’il revienne au quartier par lui-même. Attendre. Un verbe si tendre ne m’avait jamais paru aussi cruel.

Seynabou Sonko, écrire en pirate

Littérature. Une jeune femme tente de soigner son ami schizophrène avec l’aide de sa grand- mère guérisseuse. Entre la France, le Sénégal et le Gabon, Seynabou Sonko se joue des frontières culturelles et linguistiques.

Quand Penda répond au téléphone du cabinet de Mami Pirate, sa grand-mère guérisseuse, elle entend une voix inconnue. Celle qu’on appellera désormais Madame la psy lui annonce que Jimmy, le gentil voisin « un peu spé », vient d’être interné en hôpital psychiatrique à la suite d’une garde à vue.

Ni une ni deux, Mami Pirate, qui doit son surnom aux Bigoudènes de la publicité Tipiak, décide qu’il faut exfiltrer Jimmy de la chambre 302 où il végète comme un légume et l’emmener au Gabon pour le soigner avec des méthodes traditionnelles. D’origine sénégalaise et traitée en paria par sa famille parce qu’elle s’est éloignée de l’islam, elle veut calmer les jnoun (pluriel de djinn en wolof qui signifie démons.

Seynabou Sonko, DjinnsSeynabou Sonko, Djinns, Grasset, 2023.

Jean Moliere
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