16 avril 2024
Paris - France
SPORT

Noël Le Graët mis en retrait de la présidence de la Fédération française de football

Accusé de harcèlement sexuel et de méthodes managériales autoritaires, celui qui dirigeait depuis onze ans le football tricolore a été mis sur la touche par le comité exécutif. Une décision saluée comme une « étape nécessaire » par la ministre des sports.

Après onze ans de règne sur le ballon tricolore, Noël Le Graët a finalement été contraint de lâcher les rênes de la Fédération française de football (FFF). Accusé depuis plusieurs mois de harcèlement sexuel et soupçonné de méthodes managériales autoritaires, objet d’un audit lancé par le ministère des sports, le Breton a été mis en retrait de la présidence de la FFF par le comité exécutif de l’organisation, mercredi 11 janvier. Sa directrice générale, Florence Hardouin, a elle aussi été mise en retrait – selon L’Equipe, la dirigeante, « très affectée par la tournure des événements », a fait un malaise mercredi à son domicile, avant qu’un médecin ne lui recommande de passer des examens à l’hôpital.

Philippe Diallo, jusqu’ici vice-président, assurera l’intérim. Si elle est logique – après la nouvelle polémique créée par la sortie insultante sur Zinédine Zidane de M. Le Graët le 8 janvier –, la mise en retrait de l’ancien maire de Guingamp n’en est pas moins une surprise tant il disposait jusqu’ici d’un soutien total du comité exécutif.

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Mission d’audit

L’instance n’a pas apprécié d’apprendre, samedi, le renouvellement de Didier Deschamps à la tête des Bleus jusqu’en 2026 en pleine assemblée générale, comme les autres participants ; un sujet qui n’avait pas été abordé lors de sa réunion de la veille.

La sortie irrespectueuse de M. Le Graët à l’égard de Zidane, dimanche sur RMC, a également embrasé le football français et suscité de nombreuses réactions indignées. M. Le Graët a présenté ses excuses lundi, dans un communiqué, mais il devra de nouveau en répondre devant le comité exécutif.

Le témoignage de l’agente Sonia Souid, en l’accusant directement d’avances à répétition, n’a fait qu’accabler encore un peu plus le président octogénaire alors que sa gestion, ainsi que celle de sa directrice générale, et ses comportements sexistes supposés, notamment auprès d’anciennes salariées, font l’objet d’une mission d’audit et de contrôle diligentée par la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra. Les conclusions de cet audit sont attendues pour la fin du mois de janvier, mais de premiers éléments ont d’ores et déjà fuité. France Inter a ainsi révélé que « plusieurs femmes » avaient « dénoncé (…) l’attitude de Noël Le Graët à leur égard », ce qui a été confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) par une source proche du dossier.

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Donner « une bonne image » du football français

Dans une déclaration à l’AFP, mercredi, la ministre des sports a salué la décision de mise en retrait de M. Le Graët, qu’elle juge être une « étape nécessaire au regard des éléments déjà connus de son attitude ». Mme Oudéa-Castéra avait déjà eu des mots très durs envers M. Le Graët, lundi. En conférence de presse, elle avait pointé des « sorties de route » successives et appelé le comité exécutif à « prendre ses responsabilités ».

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a estimé que la FFF « [méritait] un président à la hauteur (…) qui permette de donner une bonne image du football français à travers la planète ». Le pouvoir politique n’a cependant aucun moyen de démettre le président de la FFF, la Fédération internationale de football (FIFA) étant très sourcilleuse concernant l’indépendance de ses associations membres.

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Selon les règlements, seule une assemblée fédérale extraordinaire, convoquée par un quart du comité exécutif, peut voter la destitution du président. En cas de départ définitif de M. Le Graët, c’est le vice-président de l’instance qui assurerait la fonction de président intérimaire avant que le comité exécutif ne désigne un candidat en son sein. Celui-ci devrait ensuite être confirmé par l’assemblée fédérale, dont la prochaine réunion est programmée en juin.

Le Monde / AFP

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