8 mai 2024
Paris - France
SOCIETE

NIGERIA – Manifestations contre les violences. Le « soldat à cagoule » a été arrêté après sa vidéo virale contre le pouvoir en place

Des images filmées par des drones et obtenues par Reuters montrent des Nigérians fuyant un supermarché en feu dans le quartier de Lekki à Lagos ce jeudi 22 octobre.  

D’après un témoin, des groupes de pilleurs se sont introduits dans ce supermarché Shoprite, volant nourriture et matériel électronique, avant d’y mettre le feu et de s’enfuir. Les flammes et la fumée se sont rapidement élevées au-dessus du bâtiment situé dans un centre commercial.

La capitale du Nigeria est en proie à des troubles, malgré un couvre-feu, depuis les manifestations du 20 octobre durant lesquelles des civils ont été tués par balles par les forces de sécurité alors qu’ils manifestaient contre le pouvoir central et les violences policières.

Le couvre-feu, initialement imposé le 20 octobre par le gouverneur de Lagos, Babajide Sanwo-Olu, a été prolongé indéfiniment et l’armée a proposé le 21 octobre de se déployer pour aider à protéger les principaux sites commerciaux et gouvernementaux.

Des milliers de Nigérians, appauvris par les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19, ont pris part à des manifestations nationales depuis le 8 octobre contre l’unité de police Special Anti-Robbery Squad (SARS), accusée de violences et même de torture.

Même si cette unité a été dissoute le 11 octobre, les manifestations persistent pour réclamer des réformes.

  Le soldat nigérian, qui avait appelé mardi les forces armées nigérianes à se joindre aux manifestants anti-violences policières et à ne pas tirer sur les civils, a été arrêté ce mercredi 21 octobre. Le soldat, qui a été identifié comme étant le caporal Harrison Friday, demandait aux soldats de ne pas se “laisser utiliser” par le pouvoir central et de ne pas répondre à “l’ordre illégal” de “tirer sur des civils”, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Il les avait également invités à se joindre aux manifestations anti pouvoir central et au mouvement #AntiSARS (Special Anti Robbery Squad – mouvement contre les violences policières), du nom de l’unité de police SARS, très controversée et connue dans le pays pour sa brutalité.

“Rappelez-vous que le combat que mènent ces gens est notre combat”, explique Harrison Friday à ses confrères, dans l’espoir de reformer un Nigeria paisible où les soldats “ne fuient plus à l’étranger ou dans d’autres parties du pays”.

Arrêté pour “Cybercriminalité”

L’armée l’a qualifié de “cybercriminel” pour sa vidéo et pour avoir masqué son visage d’une cagoule. Son message avait été posté le jour même des manifestations à Lagos le mardi 20 octobre. Une date désormais appelée “mardi sanglant”, car les policiers ont ouvert le feu à de nombreuses reprises sur des manifestants, tuant plusieurs personnes. Le nombre de victimes reste cependant controversé.

Depuis près de deux semaines, des milliers de jeunes Nigérians protestent contre les violences policières et le pouvoir central. Ils ont été accompagnés à l’étranger et dans d’autres pays d’Afrique par plusieurs célébrités et une large partie de la communauté internationale exprimant, eux aussi, leur indignation.

À voir également sur Le HuffPost : Au Nigeria, une manifestation contre les violences policières réprimée dans le sang

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