D’après plusieurs sources, lors de cette rencontre, qui s’est tenue lundi 14 août, le CPS a décidé de rejeter l’usage de la force face à la junte nigérienne. Cette position devait être officialisée par un communiqué officiel mercredi. Dans le même temps, le CPS a choisi de suspendre temporairement le Niger de toutes les activités de l’UA.

Cette position se désolidarise de la Cedeao qui, même si elle continue à privilégier le « dialogue », a ordonné l’ « activation immédiate de [sa] force en attente », et elle affaiblit considérablement l’organisation ouest-africaine. Lancer une offensive militaire rejetée par l’UA « serait une contradiction inédite, explique Paul-Simon Handy, chercheur au sein de l’Institute for Security Studies. La Cedeao aura du mal à recourir à la force sans l’approbation de l’UA », alors même que plusieurs voix questionnent la légalité d’une telle opération.

 Niger : du Maghreb à l’Afrique de l’Ouest, des voix s’élèvent pour s’opposer à une opération militaire de la Cedeao

« Tout en rappelant notre politique de tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger, parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il n’en existe actuellement », confie un diplomate de l’UA.

« De profondes divergences »

Cette décision est d’autant plus surprenante qu’elle va à l’encontre des us et coutume de l’UA, qui a pour habitude de s’aligner sur les positions des organisations régionales. Elle contredit aussi le président de la commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui avait affirmé « son ferme soutien aux décisions de la Cedeao », dans un communiqué du 11 août. « M. Mahamat a une fonction très importante au sein de l’organisation, mais il ne peut pas faire de déclarations définitives au nom de l’UA. Pour être considérée comme une position définitive de l’UA, elle doit être adoptée par un organe compétent, qui est, dans ce cas précis, le Conseil paix et sécurité », précise Solomon Dersso, fondateur du centre de réflexion Amani Africa.

Le Monde