Faut-il indemniser les descendants des esclaves. Si oui, comment ? Le débat est public aux États-Unis depuis une bonne année. Dernière décision en date : l’adoption, le 14 avril 2021, d’un projet de loi par les députés pour mettre en œuvre ce processus.
Il reste aux deux chambres du Congrès à confirmer ce texte, ou pas, en séance plénière. La date du débat n’est pas encore arrêtée. Le projet de loi pourrait être adopté par les députés, majoritairement démocrates. Au Sénat, vu la nature du texte, il faudra en plus au moins 60 voix pour sa validation.
Un moment historique…
Si tel est le cas, une commission de treize experts sera chargée d’élaborer des propositions sur les modalités, le contenu et le calendrier de ces indemnisations par le gouvernement fédéral. Sont concernés les descendants d’environ quatre millions de natifs d’Afrique amenés de force en Amérique du nord durant deux siècles et demi, depuis 1619 pour les premiers, jusqu’à l’abolition de l’esclavage, en 1865. Aujourd’hui, les Afrodescendants représentent 42 millions de personnes, soit 13% des 323 millions d’habitants.
Un nombre représentant un poids démographique certain, mais aussi politique et économique. Les Noirs américains, de toute évidence, sont des Américains aussi, comme tous les autres, quelle que soit leur origine ethnique lointaine ou récente. Ce qui peut expliquer que le projet de loi a pu prospérer jusqu’à nos jours, en dépit du fait qu’il est prêt depuis une trentaine d’années.
…pour tous les Américains
Son examen au Congrès a été régulièrement repoussé, même sous l’ère Obama. Or, après la série de meurtres de Noirs par des policiers, et avec le changement de majorité parlementaire et présidentielle, la classe politique ne peut plus lui faire barrage. Le texte prévoit de prendre à bras-le-corps les conséquences visibles et invisibles « de l’injustice, de la cruauté, de la brutalité et de l’inhumanité fondamentale de l’esclavage ». Des faits générateurs de discriminations de toutes natures dont pâtit encore la minorité afro-américaine.
Il reste à savoir si cette décision sera de nature à inspirer d’autres États dont la prospérité repose sur la mise en esclavage, en Europe de l’ouest en premier lieu. Ce nécessaire débat est déjà ouvert ici et là, en Grande-Bretagne et en France notamment, mais il reste limité à quelques cercles militants. Jusqu’à quand ?
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