3 mai 2024
Paris - France
EUROPE INTERNATIONAL

Le bras de fer diplomatique entre la Russie et l’Union européenne se poursuit sur fond d’affaire Navalny

Le chef de la diplomatie de l’UE va proposer aux Vingt-Sept des sanctions contre le Kremlin. Les députés russes ont eux voté une proposition de loi durcissant les sanctions pour les infractions aux règles des manifestations.

Le dialogue semble bel et bien rompu entre la Russie et l’Union européenne. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a recommandé mardi 9 février l’adoption de sanctions contre le Kremlin, après l’affront subi lors de sa visite à Moscou, et a annoncé son intention de faire des propositions en ce sens aux Etats membres.

De leur côté, les députés russes ont voté une proposition de loi durcissant les sanctions pour les infractions aux règles qui régissent les manifestations, quelques jours après la répression d’actions de protestation en soutien à l’opposant incarcéré Alexeï Navalny.

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  • Borrell va proposer des sanctions contre le Kremlin

« Le gouvernement russe est sur une voie autoritaire et se montre sans pitié dans l’affaire Navalny (…). Il serait bon de prévoir des sanctions. Je vais user de mon droit d’initiative et je ferai des propositions qui combineront des actions pour lutter contre la désinformation et les cyberattaques », a déclaré Josep Borrell lors d’un discours devant le Parlement européen à Bruxelles. Il devrait soumettre ses propositions aux ministres des affaires étrangères de l’UE lors de leur réunion le 22 février. L’adoption de sanctions nécessite l’unanimité.

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L’Union européenne a plusieurs catégories de sanctions : violation des droits humains, utilisation des armes chimiques, cyberattaques, terrorisme, dont les trois premières ont déjà été utilisées pour sanctionner les autorités russes.

Six personnalités russes, dont le chef du FSB, Alexandre Bortnikov, et le no 2 de l’administration présidentielle, Sergueï Kiririenko, ont ainsi été inscrits en octobre sur la liste pour leur implication dans l’empoisonnement d’Alexeï Navalny. « La confiance ne règne plus entre l’UE et la Russie et les relations économiques ont été mises à mal par les sanctions imposées après l’annexion de la Crimée », a souligné Josep Borrell. Et de rappeler :

« Ma visite à Moscou avait un double objectif : exposer la position de l’UE sur l’affaire Navalny et voir si les autorités russes voulaient inverser la tendance négative dans nos relations. La réponse a été non. Ils ne sont pas intéressés si nous continuons à nous attacher à la défense des droits de l’homme. Or nous ne pouvons pas nous taire. »

Trois diplomates européens ont été expulsés au moment même de la visite de Josep Borrell, qui n’a par ailleurs pas pu voir Alexeï Navalny, comme il en avait exprimé le souhait auprès des autorités russes.

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  • La Russie va durcir les sanctions pour les infractions

A la suite de la répression d’actions de protestation en soutien à l’opposant incarcéré Alexeï Navalny, les députés russes ont voté une proposition de loi durcissant les sanctions pour les infractions aux règles qui régissent les manifestations.

Soumis à la Douma d’Etat, la chambre basse du Parlement, par un député du parti au pouvoir Russie unie en novembre, le texte prévoit notamment pour les manifestants des amendes allant jusqu’à 4 000 roubles (44,50 euros), soit quatre fois le montant actuel, en cas de refus d’obéir aux injonctions des forces de l’ordre.

Il prône aussi des amendes plus lourdes pour les violations des normes encadrant la collecte de fonds et les dépenses dans le cadre de l’organisation d’une manifestation.

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La troisième lecture de la proposition de loi, dont l’adoption ne fait guère de doute, doit intervenir mercredi, le texte devant ensuite être examiné par le Conseil de la Fédération, la chambre haute.

La Russie n’a eu cesse ces dernières années d’alourdir les sanctions de ce type et les procédures pour obtenir l’autorisation d’organiser des manifestations. Cette nouvelle initiative intervient à quelques mois des élections législatives russes, programmées pour septembre, sur fond d’impopularité de Russie unie.

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Le Monde avec AFP

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