19 avril 2024
Paris - France
AFRIQUE

L’Afrique du Sud aurait reçu Poutine sans le déférer à la CPI

Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine en Afrique du Sud malgré le mandat d’arrêt de la CPI ?

Alors que le président russe Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour Pénale Internationale (CPI) depuis la mi-mars pour le crime de guerre de « déportation » d’enfants ukrainiens dans le cadre de l’offensive de Moscou contre l’Ukraine, des vidéos trompeuses prétendent que le chef d’État russe s’est rendu récemment en Afrique du Sud, pays membre de la CPI.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré mardi 26 avril que son parti politique, le Congrès national africain, jugeait « prudent » de se retirer de la Cour pénale internationale.

Mais d’autres déclarations – notamment celles du porte-parole du président, Vincent Magwenya -, font état de la nécessité de « réfléchir » et montrent que Cyril Ramaphosa et son parti, le Congrès national africain, n’ont pas réellement l’intention de quitter la Cour pénale internationale.

La réalité est que l’Afrique du Sud – comme d’autres pays du sud – hésite sur son adhésion à un ordre mondial dominé par les États-Unis et l’Occident.

La CPI a émis un mandat d’arrêt pour crimes de guerre contre le président russe Vladimir V. Poutine, lequel a été invité au sommet des BRICS en Afrique du Sud, en août. Les responsables sud-africains hésitent sur dérouler le tapis rouge à Vladimir Poutine ou respecter le mandat d’arrêt de la CPI.

L’Afrique du Sud défend ses exercices militaires conjoints avec la Russie

Un an après l’invasion russe en Ukraine, ces manœuvres illustrent la solidité de la relation qui lie Johannesburg et Moscou, malgré les pressions occidentales

La fregate russe "Admiral Gorshkov" bien en vue, a Richards Bay, en Afrique du Sud, avec la lettre "V" affichee sur l'une des cheminees du navire de guerre, le 22 fevrier 2023.

L’Afrique du Sud a refusé de condamner l’invasion russe. Les deux pays, ainsi que la Chine, ont organisé cette année des exercices militaires conjoints qui coïncidaient avec le premier anniversaire du début de la guerre. Les responsables sud-africains et de l’ANC ont répété à plusieurs reprises que l’Afrique du Sud et la Russie sont amies.

Le gouvernement sud-africain – comme bon nombre d’autres gouvernements africains – se plaint de la Cour pénale internationale et affirme que les pays d’Afrique sont injustement ciblés, alors que d’autres nations, notamment Israël, leur paraissent jouir d’une impunité injuste. En réalité, sur les neuf affaires pénales impliquant des pays africains, cinq étaient la conséquence de demandes émanant de gouvernements africains qui voulaient voir leurs ennemis punis. Seules deux affaires ont été renvoyées à la Cour par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Les dirigeants du Soudan et du Kenya en particulier ont fait campagne contre la Cour après être devenus personnellement la cible d’enquêtes. Les avocats et les militants africains des droits de l’homme rétorquent souvent que seuls les puissants se plaignent, tandis que les nombreuses victimes de violence en Afrique sont négligées.

Deux pays, le Burundi et les Philippines, ont quitté la Cour, quand les procureurs ont fait savoir qu’ils prévoyaient d’enquêter sur leurs dirigeants pour atrocités présumées. La Gambie a également démissionné brièvement, mais elle a rejoint la Cour après que le dirigeant autoritaire du pays a perdu sa tentative de réélection.

Ce n’est pas la première fois que l’Afrique du Sud menace de se retirer de l’I.C.C.

À la suite d’un différend sur l’opportunité d’arrêter l’ancien président du Soudan, Omar el-Béchir, lorsqu’il est venu en Afrique du Sud alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI en 2015, les législateurs ont présenté un projet de loi au Parlement pour se retirer de la Cour. Le projet de loi a finalement été révoqué lorsqu’un tribunal sud-africain l’a déclaré inconstitutionnel.

JM

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