Alors que l’immigration préoccupe près de 80 % des Français et que Mayotte illustre dramatiquement le sort d’un département français submergé par une vague migratoire, l’exécutif reporte son projet de loi sur l’immigration à l’automne. Il ne figure plus dans la feuille de route des « cent jours d’apaisement » et « d’action » décrétés par Emmanuel Macron, telle que l’a présentée Élisabeth Borne le 26 avril. « Faute de majorité », argue la Première ministre. Mais elle ne cherche cette majorité qu’à l’intérieur des partis composant ce qu’elle appelle « l’arc républicain », lequel n’inclut que des parlementaires consentant ou se résignant à l’immigration massive, légale comme illégale. Son propre parti, Renaissance, est loin d’être unanime sur ce projet de loi. Le paradoxe est saisissant : sept à huit Français sur dix sont hostiles à la réforme des retraites, sept à huit Français sur dix appellent de leurs vœux une réforme de notre législation sur l’immigration, et le gouvernement passe outre dans un cas comme dans l’autre… Et il voudrait néanmoins recouvrer une popularité ?
À vrai dire, le projet de loi jeté aux oubliettes mérite d’y rester. Il consistait en réalité à régulariser les émigrés en situation irrégulière en créant un titre de séjour supposé correspondre à des emplois non pourvus dans le pays. Le projet a été « saucissonné » avant d’être promis aux débats d’une nouvelle « convention citoyenne » dont on sait d’expérience qu’elle aurait pour mission de soustraire le sujet aux parlementaires pour le confier à des citoyens tirés au sort mais dûment encadrés par des « experts » acquis à la cause immigrationniste comme étaient favorables à l’euthanasie ceux qui ont orienté les débats dans le sens souhaité par Emmanuel Macron. Favorable au « modèle belge » de l’euthanasie (cf.LSDJ n°1556 ), le président est aussi un adepte de l’immigrationnisme, doctrine selon laquelle les peuples seraient appelés à se fondre dans une masse interchangeable supposée libérer l’individu de ses racines familiales, culturelles et spirituelles, mais en réalité le livrant au pouvoir de l’État, lui-même destiné à devenir supranational sous la houlette d’une oligarchie d’experts et de juges, gardiens d’un « droit » hors-sol.
Pour rendre au peuple sa souveraineté, il faut un référendum, plaide François-Xavier Bellamy. L’eurodéputé LR a défendu dimanche 23 avril sur Radio J l’idée d’un référendum sur le « sujet majeur » de l’immigration, et a rejeté l’hypothèse de convoquer une « convention citoyenne » comme celle qui a été réunie sur la fin de vie. « Les conventions citoyennes sont une manière de dévitaliser nos institutions », a estimé le vice-président de LR. « Si le président de la République a le sentiment que le Parlement n’a pas assez de force pour trancher lui-même cette question de l’immigration, qu’il recoure au référendum », a-t-il insisté, affirmant que sa « famille politique » soutiendrait « sans problème » une telle initiative. « Aujourd’hui le gouvernement français est plus à gauche que des gouvernements socialistes dans le débat européen », a-t-il ajouté, faisant allusion aux spectaculaires revirements sur l’immigration du Danemark, de la Norvège, de la Suède et de la Finlande, pays où des coalitions parlementaires ont su répondre aux vœux populaires. En France, selon un sondage du CSA, 82 % des Français sont favorables aux expulsions d’étrangers délinquants, clandestins ou illégaux. Ce n’est donc pas « un sujet clivant » entre les Français comme l’affirme Élisabeth Borne, a souligné François-Xavier Bellamy sur France Inter le 27 avril (émission en lien ci-dessous). En conséquence, a-t-il annoncé, « nous allons déposer notre propre texte [sur l’immigration], et nous verrons bien qui nous suit. »
Philippe Oswald