29 avril 2024
Paris - France
ECONOMIE

La hausse des prix de l’électricité et du gaz limitée à 15% en 2023

L’évolution des coûts de commercialisation d’EDF, notamment liée à la crise sanitaire et la reprise des activités qui s’en est suivie à travers le monde ; La hausse des impayés ; Le rattrapage de l’écart entre les coûts et les tarifs de l’électricité.

La Première ministre Élisabeth Borne a tenu une conférence de presse, ce mercredi 14 septembre, sur la situation énergétique. Retour sur les principales annonces.

« Seules la sobriété et la solidarité européenne nous permettront d’éviter des coupures » de gaz en cas d’hiver très froid.
La Première ministre Élisabeth Borne, entourée des ministres de l’Économie des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, et de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a tenu, ce mercredi 14 septembre, une conférence de presse sur la situation énergétique.
La Première ministre Élisabeth Borne, entourée des ministres de l’Économie des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, et de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a tenu, ce mercredi 14 septembre, une conférence de presse sur la situation énergétique.
Élisabeth Borne a annoncé la prolongation en 2023 du bouclier tarifaire qui comprendra une hausse limitée des tarifs du gaz et de l’électricité de 15% pour les ménages, les petites entreprises et les petites communes.
Ces augmentations, a ajouté la Première ministre, vont conduire à :
  • une hausse moyenne des factures de l’ordre de 25 euros par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz, au lieu d’environ 200 euros par mois sans bouclier tarifaire ;
  • une augmentation moyenne de l’ordre de 20 euros par mois pour les ménages qui se chauffent à l’électricité, au lieu de 180 euros par mois, sans bouclier tarifaire.
Chèques énergie exceptionnels
Pour aider les plus modestes, un accompagnement spécifique sera mis en place, avec des chèques énergie exceptionnels de 100 ou 200 euros qui seront versés d’ici la fin de l’année à destination de 12 millions de foyers.
Campagne de sensibilisation
Agnès Pannier-Runnacher a donné des précisions sur le plan de sobriété énergétique français, qui vise à réduire de 10% notre consommation énergétique.
Sobriété énergétique : un plan pour réduire notre consommation
« Début octobre, nous ferons le point avec les [neuf] groupes de travail » qui réfléchissent à ce plan de sobriété.
 
Le détail du plan sera alors dévoilé et des engagements seront signés par les acteurs de chaque secteur.
Le gouvernement va par ailleurs lancer une campagne de sensibilisation à la sobriété énergétique, « Chaque geste compte », le 10 octobre prochain.
Pourquoi une hausse des prix sur le marché de gros de l’électricité ?

On constate que le prix de l’électricité en €/MWh sur le marché de gros européen de l’électricité a bondi en 2021. Pour être plus précis, le prix du Calendar 20222 a même plus que doublé, jusqu’à dépasser en décembre 2021, pour la première fois de son histoire, la barre symbolique de 400 €/MWh. Le Calendar 2023 s’est maintenu en 2022 à un niveau très élevé, atteignant un pic fin août 2022 à plus de 1100 €/MWh. Fin 2022, le Calendar 2023 est redescendu sous les 300 €/MWh, ce qui reste toutefois très élevé quand on sait que jusqu’en septembre 2021, le Calendar pour l’année suivante n’avait jamais dépassé 100 €/MWh.

Cette augmentation historique est liée à la flambée des prix du gaz, du charbon et même du pétrole sur la planète. Mais… électricité, gaz, charbon, pétrole : quel rapport ? Explications.

Les prix des énergies fossiles en forte hausse depuis 2021

Pour bien comprendre l’augmentation des prix de gros de l’électricité, il faut regarder ce qu’il se passe sur les marchés des énergies fossiles.

En 2021, les prix de gros du gaz ont connu des hausses spectaculaires. La très forte reprise économique mondiale, après la crise sanitaire, est l’explication numéro un.

Les besoins en énergie ont augmenté alors que les stocks étaient faibles du fait d’un hiver 2020-2021 froid et long en Europe et en Asie… et les prix ont grimpé. C’est quasi mécanique. L’Europe a également été en concurrence avec l’Asie pour l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL).

La guerre en Ukraine, les sanctions économiques associées, la mise hors service des gazoducs Nordstream 1 et 2, ont accentué cette situation, menant l’Europe à des niveaux de prix des énergies fossiles historiquement hauts.

Quant au CO2, son prix a plus que triplé depuis 2020, ce qui a eu un impact sur le prix de l’électricité produite à partir d’énergies fossiles.

Compte tenu des prix du gaz, le charbon, bien que plus émetteur de CO2 pour la production d’électricité, a pu redevenir compétitif face au gaz, et son prix a, à son tour, augmenté.
Reste à voir maintenant pourquoi et comment le prix de l’électricité grimpe quand ceux du gaz et du pétrole augmentent.

Gaz, charbon, pétrole… Pourquoi le prix du kWh d’électricité en dépend aussi ?

C’est LA question. Pour comprendre, il faut revenir au fameux marché de gros européen de l’électricité. Sur ce marché où les transactions se font au jour le jour, le prix de l’électricité fixé dépend du type de combustible utilisé dans la dernière centrale électrique que l’on a dû activer (« appeler ») pour produire la quantité d’électricité suffisante pour combler la demande à cet instant.

Alors, quand les besoins dépassent la production déjà couverte avec les énergies renouvelables (éoliennes, centrales solaires photovoltaïques, centrales hydrauliques…) ou avec les centrales nucléaires, ce sont logiquement les centrales thermiques, à gaz voire au charbon, que l’on doit démarrer.

Sauf que le gaz ou le charbon (et le CO2 que leur combustion émet) coûtent bien plus cher que l’énergie nucléaire et encore plus que le vent, la force des rivières ou les rayons du soleil ! Mécaniquement, le prix de l’électricité augmente.

Par ailleurs, en France, la crise du covid 19 a perturbé les programmes de maintenance des centrales nucléaires, induisant une réduction de la disponibilité du parc. La découverte, fin 2021, du phénomène de corrosion sous contrainte sur des portions de tuyauterie de circuits auxiliaires d’une partie des réacteurs a mené à des arrêts supplémentaires, affectant encore un peu plus la disponibilité du parc. Cette disponibilité dégradée s’est traduite par une augmentation supplémentaire du prix de marché constaté en France.

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