3 mai 2024
Paris - France
SANTE

France / Covid-19 : quatre questions sur la possible réduction de la durée de la quarantaine

Covid-19 : quatre questions sur la possible réduction de la durée de la quarantaine évoquée par Olivier Véran
Le gouvernement prendra prochainement une décision sur la réduction de la durée de mise à l’abri, qui est actuellement de 14 jours pour les malades et les cas contacts.

Face à l’augmentation des cas de Covid-19 en France, faut-il réduire la durée de la quarantaine ? Interrogé sur France Inter mardi 8 septembre, le ministre a confirmé que le gouvernement envisageait cette possibilité et qu’une décision serait prise vendredi, après le conseil de défense et de sécurité nationale. Le ministre a précisé que le Conseil scientifique était favorable à « ce qu’on puisse réduire la période de mise à l’abri dans un certain nombre de situations ».

Qu’a déclaré le ministre de la Santé ?

« J’ai demandé aux autorités scientifiques de donner un avis pour savoir si on ne peut pas réduire cette fameuse quatorzaine qui est sans doute trop longue », avait déjà déclaré Olivier Véran sur BFMTV, samedi. Actuellement, le gouvernement préconise d’observer une période d’isolement de quatorze jours pour les personnes contaminées et celles qui ont été en contact avec elles, appelées « cas contacts ». L’Assurance-maladie rappelle que, même si ces cas contacts réalisent un test qui se révèle négatif, ils doivent poursuivre des mesures d’isolement « allégées » « jusqu’au 14e jour après leur dernier contact avec la personne malade, par sécurité ».

Au micro de Léa Salamé, mardi 8 septembre, le ministre de la Santé a expliqué que le Conseil scientifique était « favorable à ce qu’on puisse réduire la période de mise à l’abri dans un certain nombre de situations ». L’objectif, explique Olivier Véran, est de créer « une meilleure adhésion des Français » à ce dispositif en réduisant le temps de « mise à l’abri »« On constate qu’un grand nombre de Français ne respectent pas la quatorzaine », a déploré le ministre, qui a également indiqué qu’une décision serait prise « lors du conseil de défense et de sécurité nationale » qui se tiendra vendredi.

A combien de jours la quarantaine pourrait-elle être réduite ?

« On sait qu’on est contagieux 48 heures avant la survenue des symptômes et jusqu’à dix jours après », expliquait au micro de franceinfo l’infectiologue Anne-Claude Crémieux, lundi. Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré, a ajouté sur France 2 que « le plus gros des contaminations se fait dans les cinq premiers jours » après l’apparition des symptômes. Il y aurait donc moins de risque de contamination au bout d’une semaine.

Une analyse partagée par Olivier Véran, qui a soutenu mardi sur France Inter qu’on est « davantage contagieux dans les 5 premiers jours qui suivent les symptômes ou la positivité d’un test. Ensuite cette contagiosité diminue de façon très importante. Au-delà d’une semaine elle demeure mais elle est très faible ». Raison pour laquelle le gouvernement envisage de faire passer la durée de quarantaine « de 14 à 7 jours », a-t-il indiqué.

 

 

Qu’en pensent les scientifiques ?

Avec l’avancée des connaissances sur le Sars-CoV-2, notamment sur la phase d’incubation, beaucoup de scientifiques s’accordent eux aussi à dire qu’un isolement de 14 jours paraît trop long. D’autant qu’une réduction de la durée de la quarantaine permettrait d’inciter les contaminés et les cas contacts à l’appliquer. « Plus c’est court, plus c’est facile à observer, plus c’est efficace », déclare Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé globale de Genève, au JDD. Selon l’hebdomadaire, si aucun indicateur ne permet de mesurer les entorses à la quatorzaine, « les remontées des équipes de traçage de l’Assurance maladie comme celles des agences régionales de santé montrent qu’un nombre croissant de personnes s’en affranchit ». Les raisons sont multiples, et peuvent être autant d’ordre psychologique qu’économique (peur de perdre son travail, par exemple). « On ne peut pas prétendre au risque zéro, mais la mesure serait mieux acceptée socialement », ajoute Antoine Flahaut.

« Sept jours, ce ne serait pas prudent », estime à l’inverse William Dab, ancien directeur général de la santé, toujours dans le JDD. Il craint que la réduction du temps d’isolement fasse baisser « la garde au moment où la circulation virale redevient très active ». Dimanche 6 septembre, de nouveaux départements ont été placés en zone rouge, portant à 28 le nombre de départements où le virus circule activement. Au nom du principe de précaution, certains spécialistes sont donc réticents à la réduction de la quarantaine. Jean-Paul Hamon, médecin généraliste interrogé par France 2, souligne en outre que « les capacités de test ne sont actuellement pas adaptées à ce délai de sept jours », les résultats n’étant parfois disponibles qu’après « trois, quatre, voire cinq jours ».

Pour l’épidémiologiste Martin Blachier, la question est davantage d’éviter les quarantaines inutiles que de réduire leur durée. « Il faut imaginer qu’aujourd’hui, on a un million de tests. Deux tiers sont des gens qui pensent être des cas contacts et là-dedans, il y a 3% de positifs, explique-t-il à RMCDonc si, à chaque fois qu’on pense qu’on a été en contact, on se met en quatorzaine, on se retrouve avec 90% des quatorzaines qui sont inutiles. »

Qu’en est-il dans les autres pays ?

En Allemagne, plusieurs partis politiques se sont prononcés en faveur d’une réduction de l’isolement de 14 à cinq jours. Un audit sur le sujet a été demandé par le ministère fédéral de la Santé et les Länder. « Si nous limitions la quarantaine à cinq jours, l’acceptation sociale de la mesure serait nettement plus élevée », a estimé Karl Lauterbach, député du Parti social-démocrate (SPD) et épidémiologiste, au quotidien Die Welt. La Pologne a, quant à elle, déjà réduit fin août la période de quarantaine à dix jours.

L’Union européenne a cependant mis en garde les pays d’Europe qui voudraient eux aussi réduire leur quarantaine. « Nous cherchons des preuves sur le type de risques que prendraient les décideurs si la quarantaine était plus courte », a déclaré le 2 septembre Andrea Ammon, la directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, rapporte Reuters. Elle a aussi rappelé que dans 3 à 4% des cas, les symptômes du Covid-19 n’apparaissent qu’après 14 jours.

Source : France info

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