8 mai 2024
Paris - France
HIGH-TECH

Les affaires très confidentielles d’Ashish Thakkar, l’homme derrière les premiers smartphones « made in Africa »

L’homme d’affaire, l’un des plus célèbres d’Afrique, a inauguré en 2019 au Rwanda la première usine de Maraphones, dont le succès est difficile à estimer.

Côte à côte, Paul Kagamé et Ashish Thakkar coupent un ruban rouge sous les flashes des journalistes. En ce 7 octobre 2019, en plein cœur de la zone économique spéciale de Kigali, le président rwandais et le fondateur du Groupe Mara inaugurent en grande pompe ce qu’ils présentent comme la première usine « high-tech » de fabrication de smartphones en Afrique.

La nouvelle est largement relayée par les médias internationaux. Car, selon Ashish Thakkar, son concepteur, le Maraphone est le premier smartphone africain. Pas à 100 %, le système d’exploitation, l’écran et les batteries provenant toujours de l’étranger, mais plus africain que les autres, puisque les quelque six cents composants de la carte mère seraient assemblés à Kigali. « Un rêve devenu réalité » clame alors Ashish Thakkar, tandis que Paul Kagamé y voit « une nouvelle étape dans le développement d’une industrie de haute technologie au Rwanda ».

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Un an et demi plus tard, il est cependant difficile d’estimer le succès des Maraphones. En plus de cette première usine et de deux magasins dans la capitale rwandaise, l’entreprise a ouvert, en Afrique du Sud, une unité de production à Durban (est) et une enseigne dans un centre commercial de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg. Les Maraphones sont désormais distribués au Burkina Faso et en Angleterre à travers différents partenaires.

Mais Ashish Thakkar est réticent à communiquer les chiffres de ses ventes. Il se contente d’indiquer que ses téléphones ont été exportés dans 67 pays, tout en affichant un optimisme à toute épreuve. « Cette année, nous devrions dépasser les 100 millions de dollars de chiffre d’affaires, assure-t-il. Il y a un sentiment anti-Asie qui se développe dans de nombreux pays, ce qui met certaines marques asiatiques en difficulté. Le fait d’être une marque africaine est quelque chose de très positif. »

Ventes modestes

Pourtant, une source proche de l’entreprise évoque des ventes modestes au Rwanda, oscillant entre 75 et 90 téléphones par mois. Tandis qu’en Afrique du Sud, « la marque est assez discrète », note Tecla Mbongue, analyste du cabinet de recherches Omdia et spécialiste du secteur des télécommunications sur le continent.

« Les géants chinois dominent largement dans le secteur entrée de gamme. Tandis que sur les trois modèles que Mara propose, un seul est classé en entrée de gamme avec un prix de vente d’environ 60 dollars », explique-t-elle. Ainsi, le « smartphone africain pour les Africains est plutôt devenu un smartphone pour l’Afrique et le reste du monde », reconnaît Ashish Thakkar : c’est en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-Unis que l’entreprise aurait enregistré ses meilleures ventes via son site Internet.

 Le Monde Afrique

 

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