L’ancienne capitale ivoirienne, qui a subi récemment d’importantes érosions côtières et des inondations, sera le théâtre d’un duel entre le maire sortant, Jean–Louis Moulot, candidat de la formation présidentielle, et Linda Diplo, candidate du parti de feu Henri Konan Bédié, qui bénéficiera de l’appui du PPA–CI de Laurent Gbagbo.
Jean–Louis Moulot, maire de Grand–Bassam depuis 2018, et Linda Diplo, candidate à sa succession.
Avec ses plages, ses hôtels et ses anciennes bâtisses coloniales, Grand–Bassam est une des villes prisées par la bourgeoisie
abidjanaise et les touristes. Mais ces derniers mois, l’ancienne capitale ivoirienne (1893-1900) a subi d’importantes inondations dues à la forte saison des pluies et, plus récemment, une montée des eaux qui a endommagé plusieurs espaces hôteliers en bordure du littoral. Des dégâts qui ont entraîné un gros manque à gagner pour la cité balnéaire, dont l’économie repose
essentiellement sur le tourisme et les loisirs.
Dans ce contexte de défi économique et environnemental, les élections locales – municipales et régionales – du 2 septembre seront cruciales. Deux des principaux partis du pays vont se disputer la mairie de la ville centenaire : le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), d’Alassane Ouattara, et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de feu Henri Konan Bédié.
Sans Henri Konan Bédié, le PDCI joue sa survie
La formation présidentielle a choisi de reconduire Jean–Louis
Moulot, le maire sortant, tandis que le PDCI mise sur Linda Diplo pour ramener la commune dans son giron. La formation de feu Henri Konan Bédié sera épaulée dans cette mission par le Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA–CI) de Laurent Gbagbo, avec qui il présente une liste commune.
Moulot << très confiant >>
Âgé de 50 ans, Jean–Louis Moulot est à la tête de la commune de Grand–Bassam depuis 2019, après avoir remporté les élections face à Georges–Philippe Ezaley, alors maire PDCI sortant, à l’issue d’un scrutin agité. Après de violents affrontements entre les partisans des deux adversaires, la Cour constitutionnelle avait en effet annulé les résultats et fait reprendre le scrutin dans la localité.
Jean–Louis Moulot avait finalement été déclaré vainqueur et officiellement installé en février 2019. Il avait, dans la foulée, été
nommé directeur de la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (Sodexam), en remplacement de son concurrent direct à Grand- Bassam. Avant de devenir maire, Moulot avait été élu député
suppléant de la circonscription de Grand–Bassam, en 2012, et vice–président du conseil régional du Sud–Comoé, en 2013, mandats qu’il assuma respectivement jusqu’en 2017 et 2018.
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<< Mon bilan est positif, 80 % de nos engagements de campagne ont été tenus. Ma plus grande fierté, c’est le raffermissement de la cohésion sociale et du vivre–ensemble ces dernières années»,
lance le maire sortant, en référence aux troubles lors de l’élection
de 2018. Face à l’alliance PDCI – PPA–CI, le candidat RHDP se dit
<< très confiant >> et convaincu qu’une dynamique de rassemblement jouera en sa faveur. « Nous allons confirmer le leadership du RHDP à Grand–Bassam », affirme–t–il.
Quid de la montées des eaux et des inondations, dont la menace persiste?«< Nous avons trouvé une solution définitive en
mobilisant des fonds pour les travaux de l’ouverture de l’embouchure. Cela protégera la ville des inondations et dégâts
collatéraux dus à la crue de la Comoé », assure Jean–Louis Moulot.
Diplo mise sur son alliance avec le PPA–CI
Face au maire sortant, son adversaire Linda Diplo croit pleinement en ses chances. << Une élection est toujours une affaire de terrain. J’ai assuré une présence qui est loin d’être négligeable et qui sera la clé de notre succès », garantit la candidate du PDCI–Rassemblement démocratique africain (RDA).
Cette notaire de profession a été choisie par le parti de feu Henri Konan Bédié au détriment du dernier maire PDCI de la
commune, Georges–Philippe Ezaley, qui avait perdu l’élection de 2018 face à Jean–Louis Moulot. En Côte d’Ivoire, seulement seize femmes sont maires pour 201 communes, et une seule préside un conseil régional.
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Grâce à son alliance avec le PPA–CI, la candidate entend rassembler au–delà des rangs de son parti. << La liste que je dirige
est une liste d’ouverture. Tous ceux qui veulent travailler avec
nous y sont les bienvenus, quelle que soit leur formation politique, souligne Linda Diplo. Les candidats qui sont portés par des alliances ont de meilleures chances d’être élus et, ensuite, d’être de bons maires. >>
Dans ce duel annoncé entre le RHDP et l’alliance PDCI – PPA–CI à Grand–Bassam, plusieurs listes d’indépendants tenteront par
ailleurs de jouer les trouble–fête.
JM avec JA