Au cœur de l’Afrique centrale, si les présidents des pays voisins du Gabon ne se sont guère exprimés officiellement sur le coup d’État, ils regardent de près la situation. D’autant plus qu’eux aussi cumulent quelques décennies au pouvoir.
On les décrivait souvent comme un club fermé, liés par de longues années passées au pouvoir, de part et d’autre de leurs frontières respectives. Au Congo–Brazzaville, au Cameroun, en Guinée équatoriale et au Gabon, longévité au plus haut sommet de l’État est en effet la norme.
Coup d’État au Gabon: la chute des Bongo, de la réélection à la détention
Fort logiquement, c’est donc avec une attention particulière que les présidents de ces pays d’Afrique centrale ont suivi les déboires de leur désormais ex–pair, Ali Bongo Ondimba, << mis à la retraite » ce 30 août par celui qui dirigeait jusqu’ici sa garde républicaine, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Biya, via son <<< dircab >>
Au palais d’Etoudi, à Yaoundé, Paul Biya se tient informé. Il n’a jamais montré de proximité particulière avec son cadet gabonais, et la diplomatie. camerounaise n’est pas particulièrement connue pour sa tonitruance sous- régionale. Mais le président camerounais n’en reste pas moins attentif, vial son directeur du cabinet civil.
Samuel Mvondo Ayolo, connu pour avoir été ambassadeur du Cameroun en France, a aussi représenté son pays à Libreville. De 2008 à 2016, il y a tissé des liens forts, assistant notamment à la période de prise de pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, après le décès d’Omar Bongo Ondimba en 2009. I| y a aussi beaucoup fréquenté feu André Mba Obame, ancien ministre, passé à l’opposition.
Sassou Nguesso, grâce à son petit–fils
Du côté du Congo–Brazzaville, Denis Sassou Nguesso est lui aussi tenul régulièrement informé des événements à Libreville. Indirectement apparenté à Ali Bongo Ondimba (sa fille, Édith Lucie Bongo Ondimba, décédée en 2009, a été mariée à Omar Bongo Ondimba), le Congolais. entretient depuis des années une relation difficile avec son voisin, dont il a appris la chute dans sa résidence d’Oyo.
Coup d’État au Gabon: la communauté internationale prise de court
Denis Sassou Nguesso suit la situation grâce à son petit–fils – qui est en même temps le fils d’Omar Bongo Ondimba et le demi–frère d’Ali Bongo Ondimba, Omar Denis Bongo Junior. Celui–ci est en effet resté proche d’une partie de sa famille au Haut–Ogooué, berceau des Bongo au Gabon. Le chef de l’État n’a pas réagi officiellement et souhaite rester aligné sur la position de l’Union africaine.
Il devrait toutefois s’entretenir de la situation ce 31 août avec João
Lourenço, son homologue angolais. Celui–ci doit en effet effectuer un court séjour à Oyo, lequel était programmé avant le coup d’État de Libreville. Denis Sassou Nguesso a ensuite prévu de s’envoler pour Nairobi, au Kenya, où se déroulera le 4 septembre un sommet sur le climat.
Obiang et le prisme fang
Enfin, un dernier président de la région regarde de (très) près les événements gabonais: Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. L’Équato- Guinéen entretenait – lui aussi – des relations assez fraîches avec son
homologue gabonais. De source proche de la présidence, il suit plus qu’il ne déplore la situation à Libreville, observant en particulier celui qui a été désigné président de la transition.
Guinée équatoriale: Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, et de six !
Brice Clotaire Oligui Nguema a l’avantage, aux yeux du patriarche Obiang, d’être fang par son père (originaire du Woleu–Ntem), tout en étant téké (comme Ali Bongo Ondimba) par sa mère, qui l’a élevé et qui était apparenté à Omar Bongo Ondimba. Le nouveau pouvoir à Libreville pourrait dès lors, si l’on considère ces arguments ethniques, représenter une opportunité de raffermir les liens entre Malabo et Libreville.
JM source :JA