MERCATO – Cristiano Ronaldo est un joueur d’Al-Nassr. Cette phrase longtemps imprononçable – sans ricaner – est devenue réalité vendredi. La star de 37 ans rejoint l’Arabie Saoudite, pour deux saisons et demie et un salaire mirobolant. Une trajectoire de carrière qui tranche avec des propos que « CR7 » avait tenus en 2015. A condition qu’il entame là sa dernière danse, ce qui est hautement probable.
Le contraste est saisissant. On a passé des années à les comparer, les opposer, les lier, à lire ou écrire des leçons de morale sur la façon dont leur rivalité historique devait être perçue, racontée, respectée sans être montée en épingle. Lionel Messi d’un côté. Cristiano Ronaldo de l’autre. Le premier a vécu la consécration ultime de sa carrière légendaire, remportant la Coupe du monde en ce mois de décembre 2022. Le second a signé vendredi à Al-Nassr.
- Ronaldo, plus qu’un « transfert »
Un quintuple Ballon d’Or débarque ainsi en Arabie Saoudite, avec la noble intention affichée de « découvrir un nouveau championnat (…) dans un pays différent. » Ses revenus devraient y tutoyer les 200 millions d’euros par an, contrat de publicité compris. Il est probable qu’un tel argument ait pesé dans la balance, même si Cristiano Ronaldo ne doit pas manquer de ressources financières. Mais au fond, bien que l’intérêt sportif de son choix puisse être remis en question : pourquoi pas ?
« FINIR DIGNEMENT »
Parce que, justement, « CR7 » avait évoqué son crépuscule, dès 2015. Dans « The Jonathan Ross Show », il avait déclaré : « Je veux finir au plus haut niveau, finir dignement, dans un bon club. Cela ne veut pas dire qu’aller aux Etats-Unis, au Qatar ou à Dubaï n’est pas bien, juste que je ne m’y vois pas. » Il avait pris soin de ne pas citer l’Arabie Saoudite. Un hasard, sans doute, qui ajoute encore une pointe d’ironie à la situation.
Cette signature est un désaveu de sa prise de position de l’époque. Elle sonne comme un aveu d’impuissance, aussi. Ronaldo a un record de buts en Ligue des champions (européenne) à préserver, à titre individuel. Il avait des objectifs élevés à titre collectif, il y a quelques mois encore. Il n’aura plus rien de tout cela pendant deux saisons et demie, à l’aune de la place occupée par son nouveau club sur l’échiquier mondial.
Longtemps vu comme l’archétype du professionnel ambitieux, qui se donne toujours les moyens d’être performant, Ronaldo change de reflet à 37 ans. Si l’ancien joueur du Real Madrid et de Manchester United en est là, c’est probablement parce qu’aucune grosse écurie du Vieux Continent ne veut plus de lui. Reste le fantasme d’une fin de carrière en apothéose, parce qu’il n’a pas officialisé sa retraite à l’horizon 2025. N’insultons pas l’avenir. Les dires et les écrits restent.