9 décembre 2024
Paris - France
POLITIQUE

Côte d’Ivoire : Ouattara, Gbagbo, Bédié… La valse des mastodontes 

Patrick Achi, au coeur du système Ouattara 

Tout irait pour le mieux dans la meilleure des Côte dIvoire pour paraphraser Pangloss, le personnage de Voltaire , si lon en croît les conclusions de la cinquième phase du dialogue politique ivoiroivoirien. Et voici les responsables de la « réconciliation et de la cohésion nationale » qui peaufinent lapaisement en réunissant des ambassadeurs ou en dépêchant des émissaires de pointure jusquà La Haye. Le tout avec une normalisation de la structure institutionnelle, à travers la désignation du vice président de la République, la reconduction du Premier ministre et le discours du président sur létat de la nation

Citer Pangloss ne suffit pas à adopter loptimisme de Candide. Alors qu’Alassane Ouattara achève le premier tiers de son troisième mandat, de discrètes stratégies sont déjà marmonnées, en vue des scrutins de 2023 et, surtout, de 2025, lélection à la magistrature suprême suscitant toujours la personnalisation  à outrance.

Les voeux de renouvellement générationnel prononcés, il serait logique que les trois superstars de la politique ivoirienne se retirent de la course à la présidence de 2025. Et pourtant...

Côte dIvoire : Ouattara, Bédié, Gbagbo... Rendezvous en 2025 ! Par Marwane Ben Yahmed 

Les peuples ne pansent leurs plaies que si les ambitions politiciennes égoïstes ne les rouvrent pas. Certes, la réconciliation nexclut pas la compétition. Mais la question du casting interroge, trois acteurs un septuagénaire et deux octogénaires continuant doccuper lespace, tous trois oints d‘une expérience présidentielle

 

Coalitions multiples 

Alassane Ouattara (80 ans), Laurent Gbagbo (77 ans) et Henri Konan Bédié (88 ans) ont été les métronomes politiques des trente dernières années, offrant le spectacle de valses aux coalitions multiples : « ADO et Gbagbo » en 1994, « Gbagbo et HKB » en 2000 et « ADO et HKB » en 2005. Les combinaisons étant aujourdhui épuisées et les voeux de renouvellement générationnel prononcés, il serait logique que les trois mastodontes se retirent de la course à la présidence. Pourtant..

 Ouattara : son troisième mandat, ses relations avec Gbagbo et Bédié, le RHDP, le cas Soro... Entretien exclusif 

Si Ouattara avait promis de ne pas briguer le troisième mandat quil effectue quand même il sétait finalement porté candidat après le décès de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020, et s’il affirme ne pas être « à la recherche dun job à 80 ans », il ne ferme ni ne verrouille la porte à une nouvelle campagne. En mars dernier, un porteparole du Parti démocratique de Côte dIvoire Rassemblement démocratique africain (PDCI RDA) indiquait que Bédié (91 ans en 2025) ne renoncerait à une candidature que si le parti trouvait « un candidat capable de gagner ». Quant à Gbagbo, en avril, il déclarait penser « aux municipales demain, aux législatives, à la présidentielle »..

Superstars et « vieux jeunes » 

Le serpent de mer de la réinstauration dune limite dâge pour la présidentielle referatil surface pour clore le débat ? Au début d‘avril, le député indépendant Antoine Assalé Tiemoko déposait un projet de loi suggérant de la limiter à 75 ans, dans ce pays lespérance de vie natteint pas 60 ans (57 ans, selon le Programme des Nations unies pour le développement). Peutêtre les trois superstars de la politique nentretiennent-elles le flou que pour ne pas savouer horsjeu, en particulier le président en exercice, qui ne doit pas démonétiser la fin son mandat.

Côte dIvoire : « Il ny a pas que Ouattara, Gbagbo et Bédié qui auront plus de 75 ans en 2025 » 

Sans doute les « jeunes vieux » ou « vieux jeunes » de la politique ivoirienne, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, actuellement « empêchés », pensentils avec une certaine nostalgie à la fin des nineties qui leur promettait un avenir fulgurant. En abordant la cinquantaine, les voici dans la position dun prince de Galles qui voit le trône promis toujours occupé par une reine de 96 ans. Or il y avait quelque chose de monarchique dans la posture de celui que peu se permettent de critiquer aujourdhui. Décédé au pouvoir, Félix HouphouëtBoigny avait la réputation de priser la pensée populaire qui enseigne que lon ne désigne pas quelquun du doigt en disant : « Cest un ancien chef. » 

JA