« Nous sommes dans une situation inédite, mais il n’y a pas de stress, pas de fébrilité. Les agents de conduite s’entraînent. » Olivier Loriot, directeur régional, pour le Centre-Val de Loire, d’Enedis (filiale d’EDF) – le gestionnaire du réseau de distribution électrique –, se veut rassurant : « Nous sommes prêts », insiste-t-il, alors que le gouvernement a évoqué, mercredi 30 novembre, de potentielles coupures d’électricité cet hiver, dans le sillage des pénuries engendrées par la guerre en Ukraine.

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Derrière lui, plusieurs techniciens, les yeux rivés sur leurs six écrans, scrutent, dans une ambiance studieuse, les 80 000 kilomètres de réseau électrique de la zone. Au mur, d’autres écrans diffusent en direct la météo grise du dehors, selon une série de critères sophistiqués. De temps à autre, une alarme retentit pour signaler un incident.

Rompus à la gestion quotidienne des pannes, ces opérateurs savent qu’en cas de problème d’approvisionnement national ils seront aux premières loges. « Notre préparation s’est intensifiée, assure M. Loriot, et ce, depuis les toutes premières alertes de RTE [Réseau de transport d’électricité] en juin », ajoute-t-il.

Sébastien Sarrazin, chef de l’ACR Centre Val de Loire, devant la maquette d’un réseau ENEDIS, le 30 novembre 2022.

Le 18 novembre, le gestionnaire du réseau a invité à redoubler de vigilance face à un risque de tensions accru sur le réseau national en janvier 2023, en raison notamment d’un manque d’électricité nucléaire. A cette fin, plusieurs exercices de simulation de coupure (des « délestages programmés », dans le jargon interne) censés éviter la panne généralisée (ou « black-out ») ont d’ores et déjà été effectués, tant au niveau local que national. Le prochain doit avoir lieu début décembre.

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« Principe de solidarité »

Véritable tour de contrôle, cette agence de conduite régionale d’Enedis, sise près d’Orléans et dont l’adresse est tenue secrète, est l’une des 28 disséminées sur le territoire ayant la charge (vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept) de la surveillance et de la sécurité du réseau. En cas de déséquilibre entre l’offre et la demande, si la production et les importations ne couvraient plus la demande, c’est à RTE qu’il reviendrait de donner l’alerte.

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Cependant, c’est Enedis qui aurait la main sur les coupures. Dans un tel scénario, « RTE nous enverrait une première alerte trois jours à l’avance », explique Sébastien Sarrazin, chef de l’agence de conduite régionale Centre-Val de Loire. « A J − 2, nous recevrions les estimations sur le nombre de tranches de 100 mégawatts qu’il est nécessaire de couper [un bloc équivaut à 100 000 clients] et à J − 1, nous serions en mesure de définir un plan de délestage ciblé que nous serions prêts à activer le lendemain », détaille-t-il, alors que toutes ces données seront moulinées par un algorithme.

Le Monde