Dans un long texte publié mardi, la Chine exprime son programme visant à transformer la gouvernance de la planète au profit des pays émergents –
Les faits Interrogé par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée
nationale sur le rôle de la France et de l’Europe face à la multiplication des crises internationales, Thomas
Gomart, directeur de l’Ifri, a déclaré, mercredi, que «< nous sommes face à une accélération de la
fracturation de l’ordre mondial qui nous est défavorable, car la France est une puissance de statu quo.
Nous devons nous préparer à des ajustements brutaux. >>
Depuis son arrivée à la tête du Parti communiste chinois (PCC), en novembre 2012, Xi Jinping n’a eu de
cesse de défendre une nouvelle vision des relations internationales à travers diverses initiatives. L’idée de
refonder l’ordre mondial n’est pas propre à l’actuel dirigeant chinois. Son prédécesseur Hu Jintao avait
déjà évoqué la nécessité de modifier le fonctionnement du Fonds monétaire international au lendemain de
la crise financière de 2008.
Ce qui a changé, c’est l’insistance du secrétaire général du PCC et président de la République populaire
de Chine pour changer l’ordre établi. Au cours des premiers mois de son premier mandat, il avait lancé
divers projets comme les nouvelles Routes de la soie et la Communauté mondiale d’avenir partagé. Dans
les deux cas, Xi avait choisi de les annoncer hors de son territoire, respectivement au Kazakhstan, en
Indonésie et en Russie, afin de leur donner, dès le départ, une dimension internationale.
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Dix ans après, à quelques semaines du troisième Forum de l’Initiative une ceinture une route qui se
déroulera en octobre à Pékin, le Conseil des affaires d’Etat, la plus haute instance dirigeante chinoise, al
publié, le 26 septembre, son livre blanc intitulé « Une communauté mondiale d’avenir partagé : les
propositions et les actions de la Chine ».
<< Vrai multilatéralisme ». Outre la concordance de temps avec l’anniversaire du vaste programme
d’investissements dans les infrastructures imaginé pour créer de nouveaux flux d’échanges, la publication
de ce texte fleuve intervient au moment où se déroule l’Assemblée générale des Nations unies, à New
York. La plupart des pays reconnaissent les dysfonctionnements de l’institution internationale et surtout
le blocage du Conseil de sécurité, qui contribue à paralyser nombre de décisions alors que la coopération
est indispensable pour affronter les grands défis du moment.
» Derrière une vision angélique, le discours est bien plus musclé et vise implicitement les Occidentaux, au premier rang desquels les Etats–Unis, et la mentalité de « guerre froide » qui les habite »
« Le déficit de paix se creuse. Bien que la société humaine ait largement maintenu la paix depuis la fin de
la Seconde Guerre mondiale, les menaces à la paix mondiale continuent de s’accumuler. (…) L’ombre de la
course aux armements persiste et la menace d’une guerre nucléaire–l’épée de Damoclès qui pèse sur
l’humanité–demeure. Notre monde risque de basculer dans la confrontation, voire la guerre », peut–on
lire dans le long préambule qui ouvre une série de propositions destinées à «< construire un monde ouvert,
inclusif, propre et beau, jouissant d’une paix durable, d’une sécurité universelle et d’une prospérité
commune, transformant en réalité l’aspiration des gens à une vie meilleure. >>
Derrière cette vision angélique, qui donnera inévitablement lieu à des railleries, le discours est bien plus
musclé et vise implicitement les Occidentaux, au premier rang desquels les Etats–Unis, et la mentalité de
<< guerre froide » qui les habite aujourd’hui. Aux yeux des responsables chinois, cette tendance, si elle
perdure, ne peut que conduire au chaos. D’où la nécessité d’une nouvelle approche des relations
internationales avec un changement dans la gouvernance mondiale, incarné par la montée en puissance
des pays émergents. Cela passe également par une acceptation des différences et la mise en œuvre d’un
<< vrai multilatéralisme >>.
Blocages. La plupart des propositions rassemblées dans ce texte ne sont pas nouvelles. Elles ont été
évoquées dans différentes enceintes, comme l’Organisation de coopération de Shanghai, et traduisent
bien l’ambition de Pékin d’être au cœur de la transformation de l’ordre mondial. Devant les blocages des
organisations internationales–auxquels la Chine n’est pas non plus toujours étrangère, une telle vision
peut séduire, en particulier les pays du Sud global qui, au cours de récents rassemblements
internationaux, ont exprimé une certaine lassitude face à l’absence de résultats concrets.
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Mais, désormais, la Chine n’est pas la seule à revendiquer ce rôle. Mardi, alors que Pékin publiait son
texte, l’Inde estimait qu’elle était la mieux adaptée pour devenir la principale voix du monde en
développement dans un «< ordre multipolaire émergent ». Devant l’ONU, son ministre des Affaires
étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a affirmé que son pays ciblait << les préoccupations essentielles
du plus grand nombre, et pas seulement les intérêts étroits de quelques–uns », répondant ainsi aux
ambitions chinoises de façonner le monde à son image.
relations internationales Xi Jinping Nations Unies Inde .
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JM. source :Frédéric Charillon L’air du large WSJ