Cette affaire a fait peu de bruit. Pourtant, c’est une véritable tragédie qui s’est produite le vendredi 16 juin, sur le chantier du bassin d’Austerlitz, à Paris. Amara Dioumassy, un maçon de 51 ans, est mort percuté par un véhicule qui circulait en marche arrière, a annoncé la Ville dans un communiqué, relayé par l’AFP, le jour de son décès. Dans un article publié ce jeudi 6 juillet 2023, « Mediapart » en révèle davantage sur cet homme, qui laisse une famille de cinq enfants âgés de neuf mois à neuf ans, derrière lui.

Cet ouvrier occupait le poste de chef d’équipe, sur ce chantier situé près de la Seine, dans le 12e arrondissement de la capitale. Il avait été embauché il y a plusieurs années en CDI, par une filiale de la société Urbaine de Travaux, et résidait à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.

Amara Dioumassy a été percuté par un véhicule qui circulait en marche arrière. « Il est mort juste en dessous de l’institut médico-légal », déplore Lyes Chouai, délégué syndical central CGT de la Sade, filiale de Veolia et entreprise du chauffeur de la camionnette, dans les colonnes du site d’information en ligne. « Il marchait sur la voie de circulation la plus à gauche, neutralisée pour les travaux. Il était dos à la camionnette. Elle l’a écrasé… » Selon le syndicaliste, l’aspect de « l’emprise de chantier », était « très exigu », empêchant alors le véhicule de faire demi-tour.

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Les travaux, débutés en 2021 près de la gare d’Austerlitz, visent à construire un immense bassin de stockage des eaux usées, d’une capacité d’environ 50 000 m3, afin d’éviter leur déversement dans la Seine. L’objectif de la mairie est de dépolluer le fleuve avant 2024, pour y organiser des épreuves des Jeux olympiques, et y installer des espaces de baignade. Trois sociétés ont été missionnées sur ce chantier.

Trois jours avant la mort d’Amara Dioumassy, la maire de Paris Anne Hidalgo avait visité ce chantier, saluant les avancées des travaux sur Twitter : « La promesse d’une Seine baignable, ça se prépare et ça avance ! » Pourtant, Lyes Chouai signale « de nombreux manquements à la sécurité », auprès de « Mediapart ». Le membre de la CGT indique que la camionnette ne disposait pas de bip de recul, et qu’aucun homme trafic n’était présent sur place. « Avec la circulation des voitures à côté du chantier, le pauvre Amara… Il n’a rien entendu. »

Jean Moliere