Le président sénégalais se rend pour la première fois dans un pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). IL pourrait jouer le rôle de médiateur entre celle–ci et l’organisation ouest–africaine.
Pour son premier voyage au sein de la jeune Alliance des États du Sahel (AES), le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye arrive–t–il avec la casquette de démineur des tensions entre les juntes militaires et les institutions
ouest–africaines, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao)? Plusieurs sources interrogées par Jeune Afrique confirment.
Le président du Sénégal et son homologue du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, «évoqueront à coup sûr la question de la monnaie et les difficultés de la Cedeao», souligne Abdoulaye Fall, ancien vice–président de la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), bras financier de l’intégration régionale. Et d’appeler à dresser un «<bilan sans complaisance des organismes régionaux, y compris le franc CFA».
Désaccords entre Assimi Goïta et Ibrahim Traoré
Ce voyage s’effectue alors que l’AES songe depuis février, à la faveur de l’annonce de son retrait de la Cedeao à créer
une zone monétaire et quitter in fine la zone CFA, que ces régimes militaires considèrent comme une monnaie
coloniale.
Mais les réticences de Bamako, nourries par l’amère expérience de sa précédente sortie du CFA entre 1962 et 1984, semblent reléguer le projet aux calendes grecques. D’après nos informations, des désaccords sont apparus
notamment entre Assimi Goïta et Ibrahim Traoré.
Retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger : quelles conséquences pour la Cedeao?
<<< Dans l’urgence, le franc CFA doit être réformé pour refléter les aspirations des peuples avec les précautions
qui s’imposent pour ne pas se retrouver dans les difficultés rencontrées par certains pays du fait de leur monnaie», plaide l’économiste sénégalais.
Médiateur crédible auprès de l’AES ?
En tentant de contribuer à préserver l’intégration économique régionale, Bassirou Diomaye Faye pourrait également profiter de ce déplacement à Ouagadougou pour assumer un nouveau leadership régional. «< Le
président Faye est un interlocuteur crédible pour les deux parties d’autant plus qu’il est arrivé au pouvoir par les urnes et est perçu comme n’appartenant à aucun lobby de chefs d’État, ni de la Françafrique », avance Abdoulaye Fall.
Entre Cedeao et AES, peut–on éviter une guerre des << blocs » en Afrique de l’Ouest ?
Bien que le président sénégalais ait la ferme intention de faire << revenir >> les trois juntes au sein de la Cedeao, rien ne garantit la volonté de Ouagadougou, ni de Bamako ou de Niamey de saisir l’opportunité. Lors d’une précédente visite de Bassirou Diomaye Faye à Accra, son homologue ghanéen, Nana Akufo–Addo, avait demandé au chef de l’État sénégalais de jouer un rôle dans la résolution de la crise entre l’AES et l’organisation régionale. Reste à savoir
si l’AES l’entendra de cette oreille.
Jean Moliere Source JA