30 avril 2024
Paris - France
POLITIQUE

Avant le génocide des Tutsi au Rwanda, la France a reçu des alertes claires et régulières

De documents déposés par François Mitterrand aux Archives nationales confirment le soutien militaire et politique apporté par la France au régime rwandais hutu, de 1990 jusqu’au début du génocide en 1994

Des réfugiés rwandais fuient vers la Tanzanie, le 30 mai 1994.

Un génocide n’est pas une tempête inattendue. Il se dessine, se prépare. Il réclame une idéologie de haine, des propagateurs et une logistique, y compris des armes. Dès octobre 1990, à la suite d’une attaque du Front patriotique rwandais (FPR), formé par des exilés tutsi en Ouganda, plusieurs centaines de militaires français sont déployés au Rwanda dans le cadre de l’opération « Noroît ». A l’époque, le gouvernement français suit attentivement la situation, qui se dégrade au fil des mois. Il n’ignore rien des massacres et des arrestations massives de civils tutsi qui se multiplient, comme le confirment les nouvelles archives de l’Elysée, auxquelles François Graner, physicien et directeur de recherches au CNRS, a eu accès.

Un document daté du 6 février 1991 le prouve. Jacques Pelletier, ministre français de la coopération, ne cache pas son angoisse. « Monsieur le Président, la situation du Rwanda m’inquiète de plus en plus, écrit-il à François Mitterrand, qui paraphe le document. Le président Habyarimana ne donne pas les gages d’ouverture qui lui ont été conseillés à plusieurs reprises… Les modifications gouvernementales semblent privilégier les éléments durs hostiles à la discussion avec les rebelles [du FPR]. Mme Habyarimana et son clan [autour de la première dame s’est constitué un cercle politique et financier composé d’extrémistes hutu appelé l’Akazu] ont repris les choses en main… Si cette évolution se poursuit, je crains que le régime ne puisse pas tenir très longtemps. »

 Reuters

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