27 juillet 2024
Paris - France
AFRIQUE

Ali Bongo Ondimba « en résidence surveillée », son fils arrêté… Ce que l’on sait du coup d’État en cours au Gabon 

Des militaires ont annoncé dans la nuit du mardi 29 au mercredi 30 août avoir pris le pouvoir au Gabon, au nom d’un Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Plusieurs proches d’Ali Bongo Ondimba ont été interpellés. Lui- même serait en résidence surveillée 

Dans la nuit de mardi à mercredi, onze militaires en treillis ainsi qu’un douzième homme en civil sont apparus sur les écrans de la télévision nationale, Gabon 24. Peu après la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle (le Centre gabonais des élections ayant donné Ali Bongo Ondimba vainqueur avec 64,27 % des suffrages), ils ont annoncé mettre << fin au régime en place ». « À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés. Les frontières sont fermées jusqu’à nouvel ordre », a déclaré le colonel Ulrich Manfoumbi, du Régiment de commandement d’appui et de soutien de l’armée de terre

 Au Gabon, qui sont les putschistes ayant annoncé prendre le pouvoir

Des paras dans Libreville 

Le colonel Manfoumbi était notamment accompagné d’AiméVivian Oyinichef d’étatmajor de la garde républicaine. Celleci est commandée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, lequel ne s’est pas encore exprimé

L’annonce a été faite depuis les studios de Gabon 24, lesquels sont situés au soussol du Palais du bord de mer, siège de la présidence gabonaise. Des  éléments de l’armée, notamment des unités parachutistes, reconnaissables à leurs bérets rouges, ont été déployés dans Libreville, des rassemblements spontanés avaient lieu ce mercredi matin, en soutien à la tentative de coup d’État

Des éléments de la garde républicaine, coiffés de leurs bérets vertscélébraient quant à eux les événements au sein même du palais présidentiel. Aux abords des locaux de leur régiment, ils scandaient << Oligui, président ! », laissant entendre que Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait être en lien avec le coup de force du CTRI. Selon plusieurs sources, une prise de parole est attendue prochainement sur les ondes de la radio et à la télévision nationale. Les réseaux sociaux et internet ont été partiellement rétablis.

Sur cette vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, on peut entendre des militaires en treillis scander 

<<Oligui, président », devant le bâtiment de la  garde républicaine, dans l’enceinte du palais présidentiel de Libreville. #Gabon Vote241 #Gabon23 

Sur son compte X (anciennement Twitter), le CTRI a annoncé avoir nommé à sa tête le général Brice Clotaire Oligui Nguema, commandant en chef de la garde républicaine

Ali Bongo Ondimba en résidence surveillée

Peu de temps avant, le colonel Manfoumbi a repris la parole à la télévision nationale peu avant onze heures, heure de Libreville. Dans un court communiqué, il a affirmé que le président Ali Bongo Ondimba, dont certains disaient qu’il avait quitté le pays, se trouvait en résidence surveillée, entouré de ses médecins et de sa famille. Toutefois, plusieurs arrestations ont été effectuées parmi ses proches

Son fils, Noureddin BongoValentin, a ainsi été interpellé, selon la déclaration du colonel Manfoumbi, tout comme plusieurs personnalités qui lui sont liées : le porteparole et conseiller spécial du président, Jessye Ella Ekogha, mais aussi lan Ghislain Ngoulou, Mohamed Ali Saliou, Abdoul Oceni Ossa et Cyriaque Mvourandjiami (ce dernier était le directeur de cabinet du chef de l’État). Ils sont accusés de trahison envers les institutions de l’État, malversations financières internationales en bande organisée, falsification de signature ou encore trafic de stupéfiants. Le CTRI a déclaré qu’une enquête allait être menée par << les services compétents >>Selon nos informations, d’autres personnalités de la République, à la tête 

d’institutions, auraient été placées en résidence surveillée, comme Marie- Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle. ou Faustin Boukoubi, président de l’Assemblée nationale. Michel Stéphane Bonda, le patron du Centre gabonais des élections (CGE, qui venait d’annoncer la victoire d’Ali Bongo Ondimba quelques heures plus tôt), et ses adjoints 

feraient eux aussi partie des personnes placées sous bonne garde. Toujours selon nos sources, la sœur du chef de l’État, Pascaline Bongo Ondimba, a quant à elle quitté le pays dans la nuit de mardi à mercredi

 Au Gabon, Ali et Pascaline Bongo Ondimba étaientils condamnés à se déchirer

Enfin, l’opposition gabonaise n’a pour l’instant pas commenté les événements en cours à Libreville. Contacté par Jeune Afrique, Albert Ondo Ossa, le principal adversaire d’Ali Bongo Ondimba à la présidentielle, n’a pas souhaité s’exprimer, mais dit suivre avec attention la situation depuis sa résidence

La plateforme d’opposition Alternance 2023 dément par ailleurs toute implication dans le putsch en cours. «< Notre candidat a été élu, d’après les résultats que nous avons compilés. Nous considérons donc que le pouvoir devra lui revenir, affirme un proche d’Ondo Ossa. S’il reste dans les mains des militaires, ce ne sera pas démocratique. >> 

JM source: JA

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