Le Front citoyen Togo Debout (FCTD) n’apprécie pas la manière dont la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a traité la crise politique au Mali et surtout les sanctions prises contre ce pays suite au coup d’Etat du 18 août 2020. Ce regroupement d’organisations de la société civile togolaise l’a dit tout haut, dans une lettre ouverte datée du 25 août 2020 adressée aux Chefs d’Etat de l’espace communautaire.
« Décider de soumettre à un blocus économique un peuple qui a décidé tout simplement de mettre fin à son malheur, pour le punir d’avoir osé dire non à un membre de la corporation est incompréhensible et au demeurant inacceptable », relève Togo Debout qui ne comprend pas les sanctions et en râle presque, surtout que « les racines de la crise sont dans l’inexistence d’institutions justes et crédibles, la mauvaise gouvernance, la corruption, l’accaparement des biens et la mauvaise répartition des richesses du pays, la pauvreté et surtout la confiscation du pouvoir par une minorité qui ne travaille que pour ses intérêts et qui instrumentalise les élections pour légaliser son maintien aux affaires » et la CEDEAO n’a rien fait malgré les signaux de détresse émis par les Maliens.
« La CEDEAO des peuples semble redevenue une chimère », relève ce regroupement dirigé par le Prof David Dosseh qui trouve des similitudes entres les traitements de la CEDEAO devant les crises malienne et togolaise, regrettant que la proposition de limitation à deux des mandats présidentiels dans l’espace soumise en mai 2015 à Accra à la suite du renversement du pouvoir au Burkina Faso fin 2014 et l’intervention de l’instance communautaire dans la crise gambienne en 2017 pour dégager Yahya Jammeh n’aient pas été capitalisées et désolé qu’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et Alpha Condé soient candidats à un troisième mandat au pouvoir, ramenant ainsi la CEDEAO à des décennies en arrière.
« Certains parmi vous ont contracté le virus du mandat perpétuel qui détruit l’espérance des peuples », écrit le FCTD aux Chefs d’Etat de la CEDEAO, les appelant à ne pas être otages des mauvaises graines et oublier leur mission au service de leurs peuples respectifs. Pour cette organisation de la société civile togolaise, « La révolte citoyenne au Mali est un nouveau signal du ras-le-bol des peuples d’Afrique qui se demandent au service de qui leurs dirigeants sont (…) La crise malienne semble confirmer que la CEDEAO, qui a voulu maintenir le président Keita au pouvoir puis le rétablir au forceps, n’est pas au service des peuples et se comporte comme un syndicat qui défend les intérêts d’une corporation » et « L’heure de « Lève-toi et marche » est arrivée en cette année 2020 pour le Mali et par ricochet pour tous les pays africains en lutte pour la liberté et leur épanouissement ».
La CEDEAO, pour retrouver la confiance des peuples doit, croit dur comme fer le FCTD, «être elle-même crédible pour exiger des institutions justes et crédibles dans les pays de la sous-région », « dire non à la confiscation du pouvoir par les changements constitutionnels avant de dire non au coup d’Etat expression de la révolte populaire », « obtenir l’arrêt des mandats perpétuels avant d’exiger le retour à l’ordre constitutionnel » et enfin « ne doit pas prendre les peuples en otage en imposant des blocus ou des embargos ».
Tino Kossi