19 mai 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Tierno Monénembo – Les Républiques héréditaires

CHRONIQUE. L’installation du fils Déby à la tête du Conseil militaire de transition s’inscrit dans la triste histoire de pouvoirs africains antidémocratiques.

EAfrique, parler de tribalisme est un abus de langage. Ç’aurait été merveilleux si nos dirigeants pratiquaient un véritable tribalisme : ils auraient au moins réglé les problèmes d’une partie de la population. En vérité, la politique chez nous n’est pas une affaire de tribu, c’est une affaire de famille. La mort du maréchal Idriss Déby, et son remplacement quasi automatique par son fils, en est un indéniable révélateur. Idriss Déby n’est pas un cas isolé, même si on a appris avec stupeur que son clan détenait à lui seul tous les leviers économiques et politiques du pays.

Après-Déby : quelle transition politique pour le Tchad ?

TRIBUNE. La question mérite d’être posée alors que le Tchad est sécuritairement, politiquement, économiquement et socialement au milieu du gué.

La mort d’Idriss Déby peut être l’occasion d’un renouveau politique pour le Tchad, à condition que la période de transition soit une rupture avec le système de gouvernance qui a favorisé trente ans de dictature. Cela signifie que l’armée, les acteurs politiques et les représentants de la société civile s’accordent à mettre en place un dispositif transitionnel favorable à l’émancipation d’une sphère politique avec des normes discutées et acceptées par tous.

Affranchir le champ politique du pouvoir militaire…

Il s’agit avant tout d’affranchir le champ politique de la tutelle du pouvoir militaire en rendant effectif un ordre constitutionnel démocratique, celui qui répondra aux intérêts des Tchadiens et prendra en compte le caractère multiethnique du pays. Pour que l’après-Déby ouvre la voie à l’avènement d’une société libre, juste et égalitaire, la transition annoncée et les appels au dialogue inclusif devront pouvoir se cristalliser dans une réorganisation politique et institutionnelle de la vie commune. Une telle perspective exige la dissolution du Comité militaire de transition (CMT) et la mise en place d’une équipe consensuelle qui travaillera à jeter les bases politiques et institutionnelles d’une société démocratique.

Le Point

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