Des Mérinides jusqu’à Mohammed VI, les Juifs ont toujours joué un rôle important auprès des sultans marocains. Au point qu’une expression a été consacrée à cette tradition séculaire : « Juif de cour ». Le roi Mohammed V s’était ainsi choisi un ministre juif aux PTT : Léon Benzaquen, qui était aussi son médecin. La tradition s’est perpétuée durant le règne de Hassan II, avec la nomination de Serge Berdugo à la tête du ministère du Tourisme notamment, et le choix d’André Azoulay – ex-banquier de BNP Paribas – comme un de ses principaux conseillers.
Si, aujourd’hui encore,
André Azoulay compte parmi les conseillers du roi Mohammed VI , on ne trouve plus de ministres, de figures de la vie politique ou de grands commis de l’État issus de la communauté juive. « On compte tout au plus 3 000 Juifs marocains qui vivent au royaume. Cela restreint les profils et les possibilités de recrutement, d’autant que les jeunes qui ont grandi au Maroc partent étudier en Europe ou en Amérique du Nord et le plus souvent y poursuivent leur carrière et leur vie », explique Serge Berdugo, ambassadeur itinérant du roi et secrétaire général au Conseil des communautés juives du Maroc (CCJM).
Avec le nouveau règne, la tradition des « Juifs de cour » a changé de visage. « On assiste depuis quelques années à une internationalisation des intercesseurs, avec des personnalités aux parcours très différents et éparpillées aux quatre coins de la planète, sur lesquelles le Palais sait qu’il peut s’appuyer au besoin en toute discrétion, comme on l’a vu dans le processus de la reprise des relations avec Israël ou encore dans
la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis
», explique un analyste politique.
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