Un revers sérieux pour AQMI, qui révèle une nouvelle fois la lente agonie du groupe dans le nord de l’Algérie, une région où l’organisation est née. Parmi les trois djihadistes abattus mardi figurent deux de ses commandants et vétérans du djihad algériens. Montés au maquis en 1994 et 1995 : Leslous Madani, dit « Abou Hayane », responsable de la région Est, membre du « comité des notables » et responsable du « comité de la charia » du groupe, et Herida Abdelmadjid, dit « Abou Moussa Al-Hassan », chargé de la propagande et de l’aide « médias ».

« Ils n’ont plus de zone de repli. Si les monts qui entourent Jijel, difficiles d’accès, ont longtemps servi de refuge aux groupes armés, ce n’est plus le cas depuis un certain temps. L’armée s’y est installée et les oblige à se déplacer en permanence et en petits groupes. Ce sont eux qui tombent dans des embuscades », décrit une source qui a accès aux informations sécuritaires. Parfois, c’est la chute des températures et les neiges hivernales qui compliqueraient leur tâche.

Une année difficile

« C’est une région où s’abritent encore quelques groupes, et il arrive qu’ils croisent des unités de l’armée. Je pense qu’ils ont dû se déplacer à cause du mauvais temps », estime Akram Kharief, journaliste spécialiste des questions de sécurité et créateur du site Menadefense.net.

Ces nouvelles pertes marquent une année difficile pour l’ancienne garde algérienne d’Al-Qaida, toujours aux commandes du groupe à plusieurs milliers de kilomètres au sud. Le 3 juin, le dernier émir d’AQMI, Abdelmalek Droukdel, 50 ans, a été tué par les forces spéciales françaises dans le nord du Mali.

  Les forces spéciales françaises ont tué et enterré le chef d’AQMI dans le désert du nord du Mali

Agé de 50 ans, Abou Obeida Al-Annabi, qui lui succède, est lui aussi un Algérien de cette génération. Membre du Groupe islamique armé (GIA) en 1993, il rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le Jihad (GSPC) : une scission du GIA qui donnera naissance à AQMI. C’est d’ailleurs lui qui annonça le ralliement du GSPC à Al-Qaida. Il a dirigé dix ans durant son « comité des sages ». Instance collégiale, ce comité est un legs du GSPC, censé notamment prémunir le groupe des « dérives » individuelles attribuées aux émirs d’un GIA alors engagé dans une spirale de massacres de populations civiles et de règlements de comptes.